La semaine avait été
dure : une intervention élyséenne qui n’était qu’effronterie, un attentat
terrible à Strasbourg qui donna le top départ du gouvernement, des médias, des
syndicalistes, des principaux partis pour inciter les gilets jaunes à rester
chez eux.
Quoique consternés par
l’attentat en Alsace, les gilets jaunes ont été partout sur le sol national y
compris à Paris où ils parcoururent la capitale poursuivis par des forces fidèles
à Emmanuel Macron qui veillèrent à empêcher tout rassemblement massif. Point de
casseurs mais la pluie et le froid. Il fallait du courage pour tenir. Ils
tinrent et avec quel résultat plus de 50 stations du métropolitain fermées, un
RER paralysé, des bus presque invisibles, des banques barricadées, plus de huit
mille CRS/gardes mobiles et 14 blindés mobilisés contre eux. Sans s’en rendre
compte, les gilets jaunes entrent par la répétition hebdomadaire de grandes
manifestions dans une sorte de pré-guérilla civile. Le danger pour le gouvernement
serait qu’effectivement une guérilla (urbaine, péri-urbaine et rurale) devînt
une réalité, que les gilets jaunes la vivent et que des tactiques et stratégies
se fissent. Dans la durée, les forces de l’ordre ne pourraient avoir le dessus.
A moins de nouvelles
annonces puissantes de l’exécutif, l’acte VI accréditerait l’idée que la France
serait dans une situation de plus en plus dangereuse. Ce ne sont pas les
réunions de concertation prévues dans les mairies avec leurs kits de
communication sous la férule de la girouette Chantal Jouanno qui changeront d’un
iota les idées très arrêtées des gilets jaunes et des édiles ruraux. Si l’Elysée
avait voulu donner du crédit à ces concertations en mairie, censées évacuer le
référendum d’initiative populaire, le palais n’aurait pas confié à la parisienne
Chantal Jouanno la mission d’être « la figure incarnante » :
elle ne représente rien et ne connait rien de la ruralité. Pourquoi n’est-ce
pas un sénateur de terrain dont la sénatorerie compterait un grand nombre de
petites communes et qui par son nom fédèrerait une confiance ? Paris croit
être la France, dirige depuis le haut, ne comprend pas et n’entend pas le bas,
un bas méprisé. Les kits de communication fournies veillent à sélectionner les
thématiques, celle de l’immigration est biffée. Autant dire que le kit restera
un gadget qui énervera beaucoup.
Les gilets jaunes sont face
à un pouvoir arrogant, hautain, tout en morgue convaincu que la baisse de participation
lors de l’acte V est une décrue réelle. C’est une erreur, à moins d’un
revirement gouvernemental. Ce sont les noyaux durs ou ronds-points qui se
renforcent, acquièrent de plus en plus d’intelligence. D’ailleurs la presse
allemande ne s’y trompe pas quand Die Welt estime qu’Emmanuel Macron ayant cédé
à la « populace jaune », il ne peut plus être une personne de
confiance.
Le hasard fait qu’à la
longue révolte des gilets jaunes, presque deux mois, coïncide des expositions hommages à Louis-Philippe (Fontainebleau,
Versailles) l’imposteur de 1830 dont le règne dur avec les humbles, aimable
avec les puissants atteignit un tel
degré d’affadissement au point qu’il fut lâché par la bourgeoisie financière au
premier coup de fusil boulevard des Capucines en février 1848…..Les
ronds-points sont-ils la « campagne des banquets » de 1847/1848 ?
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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