«Le modèle marche
toujours », constatait Emmanuel Todd lors d’une matinale sur France
Culture le 2 décembre. « Cette capacité des masses à s’organiser toutes
seules est toujours là, à la surprise de tous. Je suis moi-même un peu surpris
de la persistance de cette culture française dont je ne savais plus trop (…) si
elle était toujours présente. Et là, pour moi qui suis anthropologue et
historien, c’est comme si j’en avais la démonstration : ces valeurs
libérales et égalitaires, qui mènent une population (…) à se révolter devant ce
qu’elle considère comme l’injustice marchent toujours » (1).
Et devant ce mouvement qui bloque la France depuis trois semaines – la
France et non pas Paris -, mouvement largement soutenu par les trois quarts de
la population quand le président Emmanuel Macron reste étrangement mutique,
l’anthropologue d’ajouter : « cette sympathie générale de la
population pour le mouvement, cet espèce d’hommage à la culture libérale
égalitaire française traditionnelle (peut céder) devant la peur du désordre. Et
moi je pense que le gouvernement cherche consciemment le chaos pour provoquer
cette rupture ». Néanmoins, les résultats d’un sondage effectué après un
second rassemblement violent à Paris, le 1er décembre, démentent cette
hypothèse : 72% des Français continuaient d’être en sympathie avec le
mouvement, 90% d’entre eux estimant que « le gouvernement n’a pas été à la
hauteur des événements », si 85% des sondés désapprouvent les violences
(2). Le constat est sévère. D’autant que, au fil des jours, on voit des lycées
bloqués ou des tracteurs apparaître – la Fédération nationale des syndicats
d’exploitants agricoles (FNSEA) menace de mettre les agriculteurs dans la rue
dès la semaine prochaine (3). FO et la CGT appellent les routiers à la grève
illimitée à partir de dimanche soir (4) ; et qu’après les annonces du
premier ministre le 4 décembre, les gilets jaunes maintiennent leur appel à
manifester samedi 8 décembre à Paris. Annonces d’un moratoire de six mois pour
les taxes sur les carburants, assorti de quelques mesures destinées à se
rallier au moins une partie de l’opinion, parce que sans son assentiment, il
n’y a pas d’issue.
Quelle est cette France qui se révolte devant l’injustice ? »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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