« Emmanuel Macron
s’apprête à signer, le 10 décembre prochain au Maroc un « Global
compact for safe, orderly ans regular migrations » (pas de traduction
officielle en français, est-ce légal ?) élaboré au sien de l’ONU (1). Le
président l’a confirmé lors de sa visite d’Etat en Belgique, lors d’une
conférence de presse avec Charles Michel, le premier ministre belge – mais la
vidéo sinon le texte de sa déclaration sont indisponibles sur le site de
l’Elysée. « ‘‘La France le soutient clairement’’ a indiqué le président »
rapporte néanmoins l’Echo belge (2). « L’Europe n’est qu’une
part très marginale de ce que sont les migrations internationales, y compris
lorsqu’on parle des migrations africaines, dont l’écrasante majorité sont des
migrations intra-africaines qui touchent plus encore le sud de l’Afrique
qu’elles ne touchent l’Europe ». Ajoutant : « La démarche
des Nations Unies est donc louable. Et le texte non engageant et non
contraignant auquel cette négociation a abouti est un bon texte ».
De quoi s’agit-il ? D’un texte en 23 « objectifs » qui
présuppose que nous reconnaissons, à l’aune de notre expérience historique,
que la migration « est une source de prospérité, d’innovation et
de développement durable dans notre monde globalisé et que ces impacts positifs
peuvent être optimisés en améliorant sa gouvernance » (Migration
has been part of human experience throughout history, and we recognise that it
is a source of prosperity, innovation and sustainable development in our
globalized world and that these positive impacts can be optimized by improving
migration governance »). Surprise : qui en Europe – pour ne pas
parler de la France que le président des Français n’évoque pas – est d’accord
avec ce présupposé ? Le fait que le texte n’existe qu’en anglais lui a
permis de passer inaperçu des citoyens et d’échapper à un indispensable débat.
Lequel n’est pas, à notre connaissance, envisagé en France, s’il est vif en
Belgique (2), le N-VA n’y étant pas favorable. Notons que la Suisse, prudente,
après avoir participé à la rédaction du texte, suspend sa décision. Que le
groupe de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Pologne, Slovaquie) ne signera
pas ce « Global compact », pas plus que l’Autriche, la Bulgarie, la
Croatie, l’Estonie, le Danemark ou l’Italie, qui a fait savoir par communiqué
mercredi 28 novembre qu’elle ne participera pas à la réunion de Marrakech. Tous
pays qui rejoignent les Etats-Unis, l’Australie ou Israël qui ne souhaitent pas
signer le texte.
Sans pour autant bloquer son adoption, le quorum fixé étant extrêmement
bas. Selon la résolution de l’ONU du 24 décembre 2017 (3) – qui existe en
français -, il suffit qu’un tiers des participants à la Conférence soient
présents pour lancer les débats, « la présence de la majorité des Etats
participants » étant « requise pour toute prise de
décision », les prises de parole strictement encadrées (autorisation
préalable et limitation à la discrétion du président, articles 19 et 20). Le
texte devrait être simplement entériné, une résolution – espérée par consensus
et sans vote, étant prévue en Assemblée générale.
A partir du présupposé que la migration est inévitable et source de
prospérité, que contient le document ? Référons-nous à un document
préparatoire, Making migration work for all, (Faire des migrations un
succès pour tous), qui n’existe lui aussi qu’en anglais (4) et date du 12
décembre 2017. Il y est très clair que bien que reconnaissant que les
migrations suscitent « des divisions à l’intérieur et entre les
Etats », parce qu’elles sont une « réalité mondiale en
expansion » (258 millions de migrants, en hausse de 49% depuis 2000),
« nous avons un clair corpus de preuves » (?) « montrant
que, en dépit de nombreux problèmes réels, la migration est un bénéfice à la
fois pour les migrants et les communautés d’accueil en termes économique et
social ». Et donc ? En anglais « We must strengthen
the rule of law at all levels ; migrants should respect the need for legal
pathways, and move between countries in an orderly fashion, but to make this
possible, Governments need to open routes for regular migration that respond to
the realities of labour demand and supply – ans we must always maintain our
commitment to international law and human rights ».
La suite
ci-dessous:
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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