La violence est naturelle à l’homme, la refouler trop la décuple au
risque quand elle surgit de ne pouvoir l’endiguer.
Les violences intervenues dans toute la France dont Paris, qualifiées
par Le Figaro « d’incidents » atterrent nombre de commentateurs mais,
quand on reprend le livre d’images de Paris au lendemain de la semaine
sanglante de mai 1871, ce qui est arrivé, hier dans la capitale, apparait
faible.
Les images, cependant, témoignent de ce surgissement, de la rencontre
des colères légitimes du peuple et des casseurs dont la moitié émargerait à la
préfecture ou dans des officines du ministère de l’Intérieur. Les habitants des
VIIIe, XVIe habitués à ne regarder les manifestations que comme des humeurs
faubouriennes vers la République, la Bastille, se réfugièrent dans leurs caves
tétanisés par le bruit du monde réel. Cette morgue si peu masquée de Paris, qui
a voté Macron/Hidalgo, pour ces « riens », ces « classes
laborieuses » et pourquoi pas dire les « classes dangereuses »
que seraient les gilets jaunes, ne tireront pas la leçon de ce qu’ils vécurent
un moment, ils s’arc-quebouteront. Une leçon de l’automne 2018 est le retour
immédiat, brutal de la haine du bourgeois ou bobo pour celui qui n’est pas son
identique. D’un coup, on est sous Louis-Philippe, l’imposteur de 1830. J’ai
entendu ici et là, dans les commerces, les rues, et différents lieux des
phrases parfois odieuses envers les gilets jaunes, ces Français qui souffrent
et peinent. Ces mêmes gens qui couvrent d’éloges les migrants, abominent leurs
compatriotes. Il ne faudrait évidemment pas que s’opposent migrants et Français
quoiqu’il faille bien remarquer que les Français gilets jaunes sont blancs,
sauf à La Réunion et la Martinique où c’est l’inverse. Nous sommes face à une
révolte de la France non urbaine, très longtemps silencieuse, patiente, votant
pour ceux-là même qui les mettent, aujourd’hui, dans les rues. C’est une France
qui a cru malgré les doutes, les interrogations, que le lendemain meilleur
arriverait. La politique de la transition écologique ou énergétique qui prend
le relai de la politique présidentielle depuis mai 2017 et qui annonce en
rafale des hausses, en janvier, juillet 2019 auxquelles s’ajouteront les chocs
du prélèvement à la source qui abaisseront les revenus, est un coup de Thor sur
les cranes français électrisés.
Sur un plan politique pour reprendre la main, alors même qu’il vient de
répéter qu’il ne changerait pas de cap, Emmanuel Macron dispose de peu
d’outils. Le renvoi d’Edouard Philippe ne résoudrait rien, pas davantage que la
promulgation de l’état d’urgence qui afficherait un état de faiblesse et
reconnaitrait aux gilets jaunes une puissance considérable. Une dissolution de
l’assemblée nationale ne serait pas davantage une solution car elle remettrait
en selle les partis, socialiste, républicain, les mêmes qui firent d’une
certaine façon Emmanuel Macron et aboutirait à une cohabitation où seraient
anciens partis et LREM. Peut-il renoncer aux taxes ? S’il le fait, il se
déjugera. S’il ne le fait pas, il est face à un inconnu, au vide. Quant aux
syndicats, ils sont décrédibilisés : la manifestation gilets jaunes de la
CGT a échoué lamentablement….
Le surgissement du peuple français en gilets jaunes, les bonnets
phrygiens de 2018, ne répugnant ni aux barricades, ni à la violence nécessaire
faute d’être considéré, entendu est un fait politique. Il n’est guère éloigné le moment où
s’avancera la question identitaire. La violence avec laquelle Emmanuel Macron
qui n’épargna aucune insulte aux Français, pense à la fois complaire à
Bruxelles pour les 3%, à Berlin au nom d’un couple abstrait, à l’ONU à
Marrakech le 10 décembre pour mettre au
même migration et droit de l’homme tout cela pour un bonheur vert nous amène à
la situation présente.
Ce n’est pas le peuple français qui est violent mais bien Emmanuel
Macron avec son sourire sardonique qui est le chaos. Que le peuple français
inconsciemment ou pas se mette en état de sécession ne peut surprendre historiquement :
n’est-ce pas la bourgeoisie libérale qui le berna en 1789, lui chipa 1830,
le massacra sous Louis-Philippe, en juin 1848, en mai 1871 ? Une si longue
suite d’abus, d’humiliation, de punition use la patience, le Français ne courbe
plus l’échine, rompt la servitude volontaire et se rebelle : n’est-il pas
souverain ?
Jean Vinatier
Seriatim 2018
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