L’interpellation d’Eric Drouet hier soir place de la Concorde sous le
motif qu’il manifestait hors autorisation avertit celles et ceux qui n’auraient
pas compris que l’intervention enregistrée d’Emmanuel Macron le soir du 31
décembre débutait une opération de guerre contre les Gilets jaunes qu’il
s’abstint de nommer tout en les qualifiant de « porte-voix haineuse »
ou d’ochlocratie. S’appuyant sur une police particulièrement répressive (sauf
en banlieue) et qui le sera d’autant plus que leurs syndicats ont obtenu tout
l’argent voulu, le pouvoir se convainc que
les « Gilets jaunes » ne pouvaient que finir en deux temps :
d’abord par le déroulé très contrôlé de la grande concertation nationale,
ensuite par le projet de referendum qui viendrait relégitimer Emmanuel Macron.
La ficelle est grosse : les Français seront-ils dupes ? L’Elysée
lance une opération désespérée pour conjurer les augures et emporter les
élections européennes fin mai 2019.
Comptant sur l’Allemagne pour réussir, il se doit d’envoyer des signaux
de sévérité quitte même à « ouvrir le feu » comme le craignent
certains. Depuis Berlin, Angela Merkel s’exprimait sur ce que serait la
campagne européenne le 21 novembre à la fondation Konrad Adenauer :« les
Etats de l’Union doivent être prêts à renoncer à leur souveraineté ». Le député Aurelien Taché, ex-socialiste devenu macronolâtre,
ne disait pas autre chose au même moment sans qu’un démenti n’arrive de l’Elysée
ou du Quai d’Orsay. L’Union européenne, quasiment entre les mains allemandes, Berlin
perdrait peu si sa souveraineté passait « en Europe » puisqu’elle
est quasiment l’Europe!
L’Elysée aimerait contrebalancer l’Allemagne via la Défense. La France
puissance nucléaire tiendrait donc son ultime arme face à une chancelière, bien
que fragilisée, s’estime de plus en plus
fondée à s’affirmer dans le domaine de la Défense en s’abritant comme le font
les Japonais depuis quarante ans, derrière les Etats-Unis, ici, l’OTAN. Ses
relations avec Donald Trump ont beau être exécrables, Washington n’a aucune
intention d’affaiblir sa présence armée en Europe : la Bosnie-Herzégovine
et la Macédoine du Nord seront les deux prochains états à accueillir des bases
otaniennes ! Cette montée en puissance militaire de l’Allemagne qui
l’obligera à recruter à l’extérieur pour étoffer ses régiments ne peut être
regardée comme une chose positive. L’Allemagne est habile, elle rassure les
ex-pays de l’Est, elle utilise à sa façon l’idée du successeur de François
Hollande sur la défense européenne tout en donnant des gages à l’OTAN et qui
sait à la Russie. La France a la bombe comme les Israéliens disposent d’un
arsenal nucléaire impressionnant, cela ne réduit en rien la fragilité. Il ne
suffit pas disposer d’un canon si puissant fut-il, il faut avoir tout ce qui
constitue la souveraineté ce que la France a de moins en moins et que
l’Allemagne reconquiert de plus en plus. Berlin a l’Euro, demain elle aura la Défense.
C’est un tournant puissant qu’Emmanuel Macron plus impopulaire que jamais ne
peut contredire et d’ailleurs avec quel allié de revers ?
Dans ce climat très anxiogène, la défiance des Français envers Emmanuel
Macron jouera un rôle dont on ne connait ni la force, ni la durée. Un
peuple et son Macron pour prendre le titre d’un film très moyen « Un
peuple et son Roi » pour souligner que la rencontre a une possible
dimension tragique. Pour l’heure joue la symbolique très forte du rond-point,
c’est un réseau social à ciel ouvert qui contrôle les routes et qui tient
la route tient le roi.
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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