Il advient parfois qu’au
soir d’une bataille le vainqueur soit dans un état moindre que le battu. Si le
Rassemblement national a pu garder la première place comme en 2014, c’est en perdant un point quand
Emmanuel Macron qui, certes, a raté le coche à
200 000 voix près, évite tout recul.
A droite, l’effondrement
des Républicains et de Debout la France le sert ; à gauche la nette
défaite de La France insoumise, le sauvetage in extremis du parti socialiste
uni à Place publique et le succès des Verts ne sont pas, a priori, pour lui
déplaire.
La République en marche
s’étoffe en récupérant des pans entiers des Républicains. C’est sur sa gauche
que surgissent des Verts, qui catalysent la lassitude d’un grand
nombre d’électeurs de gauche voire au-delà, et des jeunes préoccupés par le
devenir de la planète. Les Verts, à l’instar de ceux d’Allemagne, sont-ils une
alternative possible à des partis traditionnels dépassés ? Les Verts
manquent d’une ligne écologique claire, d’une certaine correspondance avec les
partis écologistes d’Europe. Jusqu’à présent, le parti des Verts s’est
surtout illustré par des divisions et des mouvements brusques. Le score est bon
mais les troupes fragiles.
Se dessine à traits
épais une représentation politique où La République en Marche serait, à la
fois, le regroupement en son centre de différents courants et d’une catégorie
sociale d’aisée à très riche, le possédant mondialiste et araserait les
antiques partis, gardant de chaque côté des partis épouvantails.
Rassuré sur sa droite
nouvelle, pour le moment sur les Verts, il ne doit pas occulter la
faiblesse de sa base électorale, de la fragilité du pragmatisme qui lui attire
nombre de citoyens-possédants, de la permanence de la crise sociale
« Gilets Jaunes, le bon chiffre du RN le lui rappelle. Pendant deux ans,
il a réussi à faire illusion sur des résultats bien peu visibles. Le magicien
continuera-t-il ou pas
à illusionner ?
En Europe, la tendance
générale demeure favorable aux européens pro-Bruxelles tandis que les
eurosceptiques sont éloignés de toute nuisance au sein du parlement et doivent travailler à se
rapprocher les uns des autres. Quid de la fameuse Renaissance dessinée par le
Président ? Il n’est pas certain que le choix de Michel Barnier pour la
présidence du Parlement soit heureux : n’est-il pas membre d’un parti défait
qui se targuait d’être son opposant…. ?
Cependant, ces élections
ont déjà quelques petites conséquences périphériques : en Grèce, la
défaite de Syrisa (Tsipras) entraînera des élections législatives anticipées qui devraient sonner le glas de leur période gouvernementale. En
Allemagne, la chancelière encaisse le plus mauvais score de la CDU/CSU depuis
1949, de même que le SPD : la grosse coalition tiendra-t-elle jusqu’en
2021 ? Au Royaume-Uni, le triomphe du Brexit Party déplacera le
débat sur le Brexit depuis Londres jusqu’au cœur de l’Union européenne :
Nigel Farrage et le successeur de Theresa May donneront des sueurs froides à
Bruxelles !
Emmanuel Macron est-il dans
un moment d’accalmie de courte durée ou de reprise en main véritable de
l’échéancier politique, économique et social ?
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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