Napoléon Bonaparte passa, en
quelques années, de « l’Europe c’est moi » aux combats aux barrières
de Paris en 1814. Emmanuel Macron se situe dans cette accélération du
rétrécissement du champ de bataille : des grands projets et autres tracés,
il ne reste que des poussières. Même le plus fervent de ses soutiens ne
trouverait pas un élément solide en 2019 hormis des postures, des communications,
des discours longs et sinueux. Échouant à fédérer des partis
« progressistes » contre la « lèpre », il n’hésite plus aujourd’hui à
serrer la main de Matteo Salvini au Clos-Lucé dans un manoir transformé en
Disnay Vinci (Léonardo de) et éclipse, son propre choix, Nathalie Loiseau sur
les affiches de campagne.
Le successeur de François
Hollande, Emmanuel Macron, s’engagerait donc dans la campagne électorale pour
les européennes quittant la fonction présidentielle, celle d’être au
service de tous les Français pour n’épouser qu’un parti ? Est-ce
logique ? De la part d’un homme qui ne se meut que porté par une
communication incessante et touffue, follement capable de pérorer pendant des
heures et des heures comme il le fit lors des « Grands débats » de
comédie pour contrer l’impact des Gilets jaunes, son choix ne surprend pas mais
il apparait comme un aveu d’échec.
Les déclarations du Premier
ministre, Édouard Philippe, qui assure que le gouvernement ne changera pas de
cap après le 26 mai indiqueraient que l’exécutif entérinerait sa
défaite. C’était pourtant la grande bataille d’Emmanuel Macron, celle qui ne
pouvait pas être perdue ! En deux années de mandat, le Président aura
épuisé les bonnes volontés, son comportement, ses propos assassins, sa morgue
le plaçant dans une impopularité jamais atteinte par un Chef de l’État. Les
opulents conjurés qui financèrent sa mise sur orbite pour contrer le double
effet Brexit/Trump doivent bien constater que le vent n’est plus favorable au
mondialisme et que la mondialisation ne se passera pas de sitôt des frontières.
Pour eux dans la formidable reconfiguration géopolitique mondiale en cours,
Emmanuel Macron n’est plus un atout mais un handicap.
Le mauvais climat social
illustré par le samedi des Gilets jaunes, piqûre hebdomadaire de
rappel, même si leur nombre se réduit, handicape l’exécutif et pourrait
favoriser un vote sanction pour des raisons parfois opposées : des pans
entiers de l’électorat de François Fillon mais aussi les voix en provenance de
la France insoumise, le laissent à penser.
Sur le plan européen Emmanuel
Macron bute contre la montée en puissance populiste/souverainiste et la
dégradation de ses relations avec la chancelière allemande. On ne compte plus
les sujets qui fâchent : Brexit, parlement à Strasbourg, ventes d’armes à
l’Arabie Saoudite, porte-avion supposé commun, au moment même où la
France se flatte de partager son siège au Conseil de Sécurité à l’ONU avec
Berlin : quelle lisibilité politique présidentielle ? Aucune. Quelle
marge de manœuvre vis-à-vis de l’Allemagne ? Plus grand-chose depuis que
le Chef de l’Etat s’est fait gloire de devancer par les discours les désirs
germaniques….
A quelques jours du vote pour les
élections européennes (23 et 26 mai), Emmanuel Macron campe dans un réduit où
sa seule arme serait de reproduire le choix du second tour de la
présidentielle. On est aux antipodes des débuts du quinquennat et de
ses tracés ambitieux. A bien des égards, Jupiter est aujourd’hui Gribouille.
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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