« Abandonnée par ses alliés occidentaux dans l’imbroglio
syrien et rejetée par l’Union européenne, la Turquie cherche sa place dans le
monde. Elle se tourne du côté de la Russie, son ennemie ou faux amie de
toujours. Pour Recep Tayyip Erdoğan, l’eurasisme n’est pas un choix, plutôt un
dernier recours.
En Turquie, les débats sur la place du pays dans le monde se sont longtemps
polarisés sur trois axes : le monde arabo-musulman au sud (panislamisme),
l’Europe à l’ouest (occidentalisme) et le monde turcique à l’est
(panturquisme). Toutefois, depuis la fin de la guerre froide, on assiste à
l’émergence d’un quatrième courant, l’eurasisme — Avrasyacilik en turc —
qui promeut le rapprochement entre la Turquie et la Russie où il rencontre
aussi un écho.
Car, agitée par un sentiment de frustration devant la prééminence de
l’Occident sur la scène internationale, la Russie questionne également sa place
dans le monde. Le débat oppose les slavophiles, qui voient la religion
orthodoxe comme le pivot, les pro-Européens, et enfin les eurasistes, des
nationalistes qui ambitionnent de faire de la Russie le chef de file d’un vaste
espace de résistance à la prééminence de l’Occident.
Cette idée de réaction face à un Occident menaçant est cruciale si l’on
veut comprendre l’eurasisme en Russie et en Turquie. Cette dernière en effet,
bien que membre de l’OTAN, subit de plein fouet le pragmatisme court-termiste
de ses alliés européens et américains dans la crise syrienne et
moyen-orientale. »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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