« Soulevé depuis
des mois à travers tout le Soudan, le peuple réclame la fin du pouvoir
militaire et la transition vers un pouvoir civil. À Khartoum même, au cœur de
la capitale, des milliers de personnes s’organisent, discutent, se mobilisent
pour atteindre cet objectif. Mais les forces de la contre-révolution
s’organisent.
Leurs pieds battent l’asphalte encore chaud et la poussière. Leur menton
embrasse le ciel. C’est une bien belle parade militaire. Sauf que les pieds
sont chaussés de tongs et les bouches rieuses. Qu’ils ne tiennent pas des
fusils, mais des balais. Tous les soirs, des brigades de gamins jouent la même
scène, ravis de leur blague. On les retrouve plus loin, affairés à balayer avec
force gestes une des grandes avenues, piétonne et encombrée.
La scène n’est pas si anecdotique qu’elle le semble. Elle dit beaucoup sur
le sit-in de Khartoum, cet immense espace de plusieurs kilomètres carrés occupé
par les protestataires soudanais depuis le 6 avril.
Ils l’appellent « Qiyadah », (commandement), car ils l’ont établi le long du quartier général des
forces armées soudanaises (SAF), ou « midan al-itisam », la « place
de l’attente », car ils ont décidé de n’en pas bouger avant
que leurs revendications ne soient satisfaites : la mise à bas complète du
régime d’Omar Al-Bachir et le pouvoir aux civils.
« Nous
nous réapproprions notre pays »
Suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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