Paris-Cancale-Perros-Guirec-Batz-sur-Mer-Mussidan-Cerdon du Loiret-Paris :
J’ai parcouru 1500 kilomètres à vélo une bonne partie de la France sur sa
partie ouest, sud, centre durant le mois d’août. Sans éviter les poncifs,
j’écrirai que je vis des paysages, des villages et des cités de caractère à
foison. Au-delà d’un dilettantisme de fait, apparaissait bien des fois le
désert rural comme tout le long des 60 kilomètres de la D220 entre
Bessines-sur-Gartempe et Argenton-sur-Creuse : tout est à vendre ou
presque. On traverse des villages plus vides ou silencieux les uns que les
autres alors que l’on longe l’autoroute. D’un côté la France profonde délaissée
et livrée à elle-même, de l’autre la voie rapide sans que les deux voies
communiquent. Je vis des ronds-points occupés par les Gilets jaunes. Il n’y a
pas que les campagnes désertées, des villes comme Pontivy, La Roche-sur-Yon,
préfecture de la Vendée, sont dans un état de d’affaissement où sont des
populations très très colorées. Les décors de bien des villes trompent celui
qui passe s’attardant seulement sur, le château, l’église mais dès que vous
parcourez les rues, que vous regardez les habitants alors surgit un mélange de
lassitude, d’aigreur, de colère. Des villes, des villages dont le sort ne tient
qu’à la présence d’entreprises, de régiments pour être dans la vie active et
confiante, sont la preuve évidente des déséquilibres profonds. Le tourisme de
masse fournit l’illusion d’une aisance alors qu’il achève la phase de désindustrialisation :
ce sont des musées, zoos et autres parcs aux attractions trompeuses. C’est tout
un peuple conduit, élection après élection vers la débilité et la quémande.
Pendant ce temps les peuples d’Italie et du Royaume-Uni assistaient et
assistent encore à des poussées éruptives politiques instructives. En Italie Matteo
Salvini a tenté de précipiter des élections anticipées jugeant sa popularité
suffisamment forte pour espérer gouverner sans coalition. Un front composé du
Président du Conseil et de M5S s’est formé pour contrer la manœuvre sous les
regards plus qu’approbateurs de Bruxelles. Depuis quelques temps, le M5S, au
fur et à mesure qu’il voyait monter la Ligua et après avoir fait voter ses 14
députés européens pour Ursula von der Leyen, sans lesquels elle n’aurait pas
obtenu le vote suffisant, une crise gouvernementale menaçait d’éclater. Les
politiques italiens ne s’embarrassant pas de mœurs, ils ont trouvé naturel de
placer ensemble le M5S qui cesse d’être vu comme populiste, et le parti démocrate
de Matteo Renzi lesquels s’échangeaient insultes et injures deux années plus
tôt. L’essentiel étant d’avoir à nouveau un gouvernement pro-Bruxelles. Combien
de temps cet équipage tiendra-t-il ? Nul ne le sait, ce second
gouvernement Conte est à la merci du moindre scandale. On notera la trouille des
opposants à Matteo Salvini de devoir retourner devant les électeurs. Dans l’urgence
on colmate….
Au Royaume-Uni, le choix par Boris Johnson de prendre à bras le corps l’exécution
du Brexit au 31 octobre l’a conduit à subir de sérieuses dans l’enceinte des
Communes tout en proposant une nouvelle élection. La suspension du Parlement, approuvée
par la Reine, a mis le feu aux poudres sans accepter de revenir devant les
électeurs, sachant que le Brexit Party de Nigel Farrage allié ici et là aux
conservateurs produirait une assemblée radicalement différente de l’actuelle.
Là aussi on se vautre dans la démocratie quand bien même les députés censés
représenter le peuple se refusent à approuver le référendum de 2016. Bruxelles
active comme jamais toutes les prises sur les députés pour empêcher le Brexit.
C’est bien cela dont il s’agit.
Pour l’heure, Bruxelles est parvenu à stopper des événements que l’on
dit populistes faisant mine de ne pas voir la montée en puissance considérable
de l’AFD en Brandebourg et en Saxe, désormais seconde force politique dans les
deux lands. Quand Angela Merkel quittera la chancellerie, elle laissera les
allemands appauvris, une économie qui a mis toute sa puissance vers l’exportation
et les secteurs, automobile et bancaire, deux poumons prétendument sains.
En France, Emmanuel Macron a cabotiné de Brégançon à Biarritz, un
mélange d’Offenbach et de Luis Mariano sans oublier l’apparition/disparition du
ministre iranien des Affaires Etrangères lors du G7, l’instant Pinder du sommet
dont il ne sortit rien. J’oubliais les passes verbales entre le Président
français et son homologue brésilien au sujet de la forêt amazonienne qui brûle
depuis des décennies dans l’indifférence générale, s’ajoutèrent les tweets de
ministres brésiliens sur la virilité de Macron et « la mocheté » de
son épouse. Sans commentaire.
Ces peuples maintenus dans des situations différentes hors du champ électoral,
peut-être est-ce l’Espagne qui démentira le propos si le Premier ministre
actuel n’obtient pas l’accord de Podemos le 23 septembre, un royaume aux plaies
toujours pas cicatrisées depuis les trois guerres carlistes jusqu’à la guerre
civile en passant par le franquisme et les violences sociales entre forces de
gauche et anarchiste sans omettre les revendications, basque et catalane. L’Espagne,
c’est du lourd passé !
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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