La grève générale est annoncée
depuis si longtemps que tout le monde semble en avoir pris son parti et la
raille. C’est un peu comme si on avait averti Louis XVI en juin de l’assaut de
la Bastille le 14 juillet…Pour Emmanuel Macron, il s’agirait du défilé des privilégiés,
pour Richard Ferrand d’une manifestation de la « neurasthénie ».
Il est plaisant d’entendre le
successeur de François Hollande, mis sur orbite par la conjuration des opulents
de France et de l’étranger qualifier la critique de la réforme des régimes
spéciaux, de colère des privilégiés ! Il est beaucoup moins drôle de regarder
fanfaronner un Richard Ferrand aux casseroles judiciaires multiples. Tout se déroule
comme si le pouvoir se repositionnait crânement un an plus tôt à la veille du
surgissement des Gilets jaunes.
La France est une nation
difficile à gouverner car très surprenante dans sa manière de réagir. Le
Français sait rester calme tout en grommelant et puis, boum, le voilà qui lève
des barricades, part chercher le Roi.
Les clercs qui nous fustigent
plus qu’ils nous gouvernent croient leurs murailles invincibles et avancent
sans se soucier le moins du monde des événements périphériques, latéraux,
indifférents au monde réel. Il y a quelque chose de dramatique, de tragique
dans cette façon d’aller le gourdin levé, le regard narquois.
Les Gilets jaunes ont renversé
plus qu’ils ne le pensent et plus que le pouvoir le croit. Ce n’est pas de l’ordre
du nombre chaque samedi, c’est de l’ordre psychologique. Psychologiquement le
Français n’est plus le même et les ardeurs policières n’y changent rien, bien
au contraire. En douze mois, le Gilet jaune s’est aguerri quand la défense du
maintien de l’ordre en tant que tel si cher aux chefs des CRS et gardes mobiles
a perdu de sa légitimité, de sa justification.
Un roi ou un président ne tombe
pas forcément pour sa politique générale, il choit plus pour des comportements,
des détails vus comme des abus dont la succession ininterrompue énerve un
peuple fondamentalement politique.
Bien imprudemment le pouvoir
actuel laisse publier des articles sur les sentiments du couple présidentiel et
de ses états d’âme sans qu’un mot ne soit adressé à ceux d’en bas. Bien pompeusement
l’exécutif présente les élections de 2022 comme un évident affrontement entre
Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Bien inopportunément, le Chef de l’Etat, en
lançant des sujets de tension (voile, communautarisme, migrants, religion, lois« progressistes …etc)
apparait en diviseur, de même sur la scène internationale, il ne mesure pas ses
dires, ne les assume pas et se voit corriger tel un collégien par la
chancelière allemande.
Il est dangereux d’être à la fois
détesté à l’intérieur et moqué à l’extérieur.
La réforme des retraites, un
sujet anxiogène par nature davantage encore pour une population majoritairement
âgée, a tout pour catalyser, rendre son objet abrasif dans le moment où les
Français voient se brouiller tous leurs repères identitaires en tant que patrie
et que nation.
Le 5 décembre est une prise de risque. Il en sera
un feu de paille ou bien une trainée de poudre…..
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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