La nation sans la souveraineté,
l’économie biffant la Politique, le capitalisme redéfinissant la démocratie le
tout dans une Union européenne aux frontières floues : vaste programme !
Je n’ai pas lu l’ouvrage, je m’en
tiens à la lecture qu’en a faite Nicolas Leron. Tout me parait bien compliqué
et emmêlé dans un monde où régnerait la seule totalité économique.
Quand je vois ou je lis un
ouvrage au titre et texte lourd, ici, en franglais, où les mots se bousculent,
je revois, bizarrement, tous les projets architecturaux de la seconde moitié du
XVIIIe siècle, en France surtout, qui aggloméraient tous les styles ou bien
alors dessinaient des bâtiments si épurés que le frisson vous saisissait.
« À propos de David Djaïz, Slow
Démocratie. Comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en
main, Allary Éditions. »
« Le nouveau grand
compromis à inventer entre capitalisme, démocratie et système-Terre passera,
selon David Djaïz, par une réhabilitation de la nation démocratique, vecteur
premier des solidarités sociales et territoriales et seule à même de décélérer
la mondialisation.
Après une exploration de la notion de guerre civile dans La Guerre
civile n’aura pas lieu, un premier essai publié aux éditions du Cerf en
2017, David Djaïz engage avec Slow Démocratie une réflexion d’ensemble
sur la crise du capitalisme démocratique qu’il articule de manière originale
avec une acception positive de la nation. Loin du commerce des jeunes
conservateurs choyés par des médias en mal de polémiques faciles, les éditions
Allary offrent à D. Djaïz l’espace d’une plongée dans les matérialités
historiques de notre époque et ses conséquences politiques, sociales et
territoriales. Mais loin de se satisfaire du constat alarmant d’une montée
inexorable des populismes, D. Djaïz formule la possibilité collective d’une
voie de dégagement : celle du recentrement – et non pas du repli – autour
de la nation démocratique comme lieu premier des solidarités sociales et
territoriales.
L’originalité de l’argument de D. Djaïz tient dans sa capacité à démontrer,
le temps d’un essai politique informé, que la nation démocratique n’est pas
frappée d’obsolescence politique. Elle demeure, au contraire, le levier le plus
immédiat et le plus puissant à portée de main des peuples pour canaliser la
mondialisation, la faire rentrer dans son lit, et stopper l’érosion avancée des
berges de la cohésion sociale et territoriale. Mais la nation démocratique ne
saurait être pour autant le foyer de la fièvre obsidionale qui s’empare des
thuriféraires du peuple-ethnos. Refusant l’alternative mortifère de la
rétractation souverainiste face à la dilution fédéraliste, la nation
démocratique se situe, dans la vision de D. Djaïz, au centre d’une
constellation plus vaste qui s’étend des bassins de vie locaux à l’Union
européenne.
En arrière-plan du tableau qui se compose au fil des chapitres affleure une
conception renouvelée de la République. Gageons que cet effort peu banal venant
d’un jeune haut fonctionnaire abreuvé de philosophie politique contribuera à la
refondation doctrinale d’une gauche de gouvernement, républicaine et
européenne, sociale et écologique [1].
La suite ci-dessous :
David Djaïz, Slow Démocratie. Comment maîtriser la
mondialisation et reprendre notre destin en main, Paris, Allary Éditions,
2019. 313 p., 20, 90 €.
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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