Le député de La France Insoumise,
Bastien Lachaud n’a pas du tout rompu l’unité nationale lors de son
intervention à l’Assemblée : il a simplement demandé des explications, pourquoi
a-t-il été le seul ?
Dans le vaste espace
sahélo-saharien, au Mali, les treize officiers et sous-officiers décédés lors
du choc de leurs hélicoptères alors qu’ils poursuivaient un ennemi rappellent
tragiquement que la France dans le cadre de l’opération Barkhane est, à la fois
seule1 et sous le regard
attentif de l’armée américaine. Depuis 2014, avec une force de plus de 4000
hommes, la France sécuriserait au Sahel (et aussi un peu au Sahara) une aire de
plus de 3000 kilomètres, affronterait des ennemis djihadistes (Etat islamique,
AQMI, Al-Mourabitoune) qui conduisent des opérations de guérilla à la fois hors
les villes et dans les agglomérations. La France ne dispose pas de beaucoup d’aide
militaire des pays africains concernés dont au premier chef le Mali à la
politique ambiguë notamment vis-à-vis des Touaregs. Rendre hommage ou saluer l’exploit
de nos soldats, de leur parfaite connaissance historique du terrain historique ne suffit
plus d’autant plus qu’un second front tout aussi dangereux se développe celui
où Boko Aram sévit : Tchad, Niger, Nigéria, nord-Cameroun.
Le grand danger serait, à terme,
que la France et les soldats africains surtout tchadiens se retrouvassent pris
en étau entre les djihadistes du nord et ceux de Boko Aram.
Je publie une analyse de Bernard
Lugan, Sahel et
maintenant que faire ? en date du 7
novembre qui met bien tout en perspective :
« Au Sahel, dans la même semaine, un militaire français a été tué, les
armées du Mali et du Burkina Faso ont subi plusieurs graves défaites, perdant
plus d’une centaine de morts, cependant que cinquante travailleurs civils
employés d’une mine canadienne ont été massacrés au Burkina Faso, un pays en
phase de désintégration. Même si la France annonce avoir tué un important chef
jihadiste, la situation échappe donc peu à peu à tout contrôle.
La réalité est que les Etats africains faillis étant incapables d’assurer
leur propre défense, le G5 Sahel étant une coquille vide et les forces
internationales déployées au Mali utilisant l’essentiel de leurs moyens à leur
autoprotection, sur le terrain, tout repose donc sur les 4500 hommes de la
force Barkhane.
Or :
1) Avons-nous des intérêts vitaux dans la région qui justifient notre
implication militaire ? La réponse est non.
2) Comment mener une véritable guerre quand, par idéologie, nous refusons
de nommer l’ennemi ? Comment combattre ce dernier alors-que nous faisons
comme s’il était surgi de nulle part, qu’il n’appartenait pas à des ethnies, à
des tribus et à des clans pourtant parfaitement identifiés par nos
services?
3) Quels sont les buts de notre intervention ? Le moins que l’on
puisse en dire est qu’ils sont « fumeux » : combattre le
terrorisme par le développement, la démocratie et la bonne gouvernance, tout en
nous obstinant, toujours par idéologie, à minorer, ou parfois même, à refuser
de prendre en compte l’histoire régionale et le déterminant ethnique qui en
constituent pourtant les soubassements ?
4) Les Etats africains impliqués ont-ils les mêmes buts que la
France ? Il est permis d’en douter…
L’échec est-il donc inéluctable ? Oui si nous ne changeons pas rapidement
de paradigme. D’autant plus que le but prioritaire de l’ennemi est de nous
causer des pertes qui seront ressenties comme intolérables par l’opinion
française.
Dans ces conditions, comment éviter la catastrophe qui s’annonce ? »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
Note :
1-Il y aurait 50 soldats estoniens
et une force d’appoint britannique : 3 hélicoptères et 90 hommes de la
RAF.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire