Pendant l’instant turc en Syrie
kurde et avant son déplacement dans l’Empire du Milieu, le successeur de
François Hollande a réservé à The Economist, encore en tenue Obama (chemise
blanche, manches retroussées) ses opinions urbi et orbi dans un contexte
intérieur et extérieur au-delà du négatif.
A l’intérieur, quelques temps
après son désastreux déplacement à
Mayotte, aux îles Eparses, à la Réunion où Emmanuel Macron entouré par les
colères des foules, les grèves, les violentes répressions policières, ses
maladresses tactiles vit ses ailes
rognées : ni sa jactance, ni son arrogance, ni sa suffisance n’y purent
rien. Pendant ce temps, le Premier ministre mirait à la Guadeloupe les algues
sargasses. De l’Océan indien à la mer des Caraïbes, l’exécutif était aux
antipodes, loin du centre politique, en quête de vent favorable, de gouvernail
aussi. Le Président de la République et le Premier ministre, ne serait-ce que
par la livraison quotidienne de la liasse des notes blanches et désormais par
une lecture plus attentive que d’ordinaire, ne peuvent plus éviter du regard la
tournure béante du quinquennat.
Les contestations sociales s’étendent
du plus bas de la société aux étages élevées mais sans quelles se rejoignent,
l’islam est associé à un communautarisme
d’où surgirait un idéal tribal. C’est une nation française lardée de coups,
d’agressions, de violences, notamment policières (gilets jaunes, pompiers),
auxquelles participent des lois progressistes qui effacent, aujourd’hui, le
père avant la mère, demain. Toute notre Histoire prend un aspect trouble et
fangeux, brouillant et désarticulant notre identité nationale. Le peuple, au
fil des siècles, habitué à la souveraineté et à la patrie qui en est le juste
et indispensable corollaire, s’insupporte de ces discours victimaires des
minorités sans cesse exaltées, parées des plumages les plus heureux et devant
lesquelles, le Français cesserait d’être le premier pour celui d’un second
serviable repentant.
A l’extérieur, l’influence
française rappelle le maréchal de Soubise cherchant à la lanterne son armée
après le désastre de Rossbach : humiliée en Syrie, moquée, en Union européenne,
en Turquie, en Iran, aux Etats-Unis, en Chine où le Président Xi Ping a mesuré
l’exactitude de notre état quand la Russie fait mine de croire au tournant
moscovite de l’Elysée et sourit sous cape de l’éventuel transfert du corps du
général Gudin. Quant à nos soldats attaqués avec une violence accrue au Sahel, ils
réussissent encore avec des moyens dérisoires à tenir un front anti-Boko-Aram
et consorts : pour combien de temps ?
C’est peu dire que les remarques
d’Emmanuel Macron livrées à The Economist, si parfois elles sont justes,
notamment, sur l’OTAN et l’Union européenne, n’ont, in fine, que la puissance d’un
taureau aux cornes d’escargot s’énervant dans une arène au public nullement
approbateur.
Emmanuel Macron ne comprend
toujours pas qu’une Politique n’est pas qu’une communication permanente, qu’une
bonne politique s’établit avec les réalités, patriotiques, économiques,
démographiques, l’appui de la nation, la pleine maitrise de sa souveraineté et
la foi. Il ne sert à rien d’évoquer à tout bout de champ, par exemple, la
défense européenne quand l’Europe n’existe pas. L’Union européenne n’ayant pas vocation
à se définir comme une souveraineté, elle n’est qu’une aire géographique,
mercantile et humaine. L’Allemagne qui célèbre simplement la chute du Mur de
Berlin a plus en vue la manière de recouvrer tous les attributs de sa puissance
que de s’abandonner à une rhétorique utopique chère au successeur de François
Hollande. Il faut bien mesurer la popularité des séries historiques de qualité
en Allemagne sur Guillaume II et l’héroïsme de l’armée pendant la seconde
guerre mondiale sans référence directe au régime d’alors.
Emmanuel Macron, quand il dénonce
l’OTAN « en mort cérébrale » n’entend ni la quitter, ni la refonder,
il croit être écouté en anglais. Il est convaincu que les réflexions en langue
anglo-américaine sont les seules légitimes, biffant d’un trait tout ce que l’Europe
continentale a produit pendant des siècles. Il vit et se pense en anglais, il n’a
envers la France qu’une condescendance historique et linguistique.
Emmanuel Macron affirme que l’Union
européenne est « au bord du précipice » : sa vue n’est pas
mauvaise. Quels actes propose-t-il ? Rien. Quel poids peut-il avoir auprès
des membres de cette Union alors qu’il est, chez lui, le Président le plus
impopulaire et haï depuis un siècle au moins ? L’Union européenne est, c’est
vrai, totalement désarmée politiquement face à la montée de la religion
musulmane, de géants nationaux qui raisonnent impérialement: Etats-Unis,
Russie, Chine, Iran, Inde, Royaume-Uni (une fois le Brexit acté). Et l’Union
européenne ne peut rien faire étant sans but souverain, sans Politique
stratégique sans pensées identitaires, se berçant avec son « doux commerce »
qui rendrait le loup agneau. Même sur les flux migratoires, elle ne dispose pas
de ce qui la force d’un Etat, trop d’intérêts contradictoires s’activent.
Aujourd’hui, l’Union européenne est perçue par les migrants comme un garde-manger d’où surgit une fontaine
monétaire abondante, permanente.
L’entretien accordé à The
Economist par Emmanuel Macron par ses remarques et formules ont beaucoup de l’aveu,
et impriment davantage la dimension tragique du Président Macron à l’image
voilée au terme de sa première partie du quinquennat.
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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