Charles Gave est un libéral souverainiste.
« Economiste et financier, Charles Gave s’est fait
connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions
menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses
fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faîtes rien”
aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs
chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président
de Gavekal (www.gavekal.com). »
« Je viens de passer une journée dans l’est de
la France, invité par le Maire d’une petite commune de la Meuse, Culey, que je
remercie ici. J’en suis revenu encore plus indigné que je ne l’étais en
partant, tant la situation des habitants y est encore plus désastreuse que tout
ce que je pouvais imaginer. Je me suis précipité en rentrant sur mon ordinateur
pour écrire un compte rendu de ce petit voyage. En l’écrivant, j’ai eu la
sensation que j’avais déjà tout décrit avant même d’y être allé. J’ai vérifié,
et j’ai retrouvé ce texte que j’ai écrit il y a environ un an et que je
reprends in extenso, n’ayant rien à y ajouter.
Que le lecteur
veuille bien m’excuser de cet inhabituel accès de paresse mais parfois, nul
besoin de ré-inventer la roue.
Je vais me livrer à un petit exercice de style : utiliser les écrits
de deux hommes éminents qui m’ont influencé dans mon parcours intellectuel,
Bastiat et Milton Friedman pour porter un diagnostic sur ce qui mine notre
pays. Et qu’est que ces deux grands hommes ont en commun ? Une chose en
particulier : la capacité de me faire rire en parlant d’économie tout en
écrivant dans une langue superbe.
Commençons par Bastiat.
Bastiat disait que n’importe quel individu qui voulait s’approprier quelque
chose avait le choix pour l’obtenir entre « travailler ou voler »,
et qu’il n‘y avait pas de troisième voie. Et qu’il était beaucoup plus fatigant
de travailler que de voler, mais que voler pouvait être dangereux. Et
donc que le plus simple pour voler est de s’organiser pour capturer l’Etat et
autoriser le vol légal, qu’il appelait « spoliation ». Voici la
citation
« On est d’abord porté à penser
que la Spoliation ne se manifeste que sous la forme de
ces vols définis et punis par le Code. S’il en était ainsi, je
donnerais, en effet, une trop grande importance sociale à des faits
exceptionnels, que la conscience publique réprouve et que la loi réprime. Mais,
hélas ! il y a la spoliation qui s’exerce avec le consentement de la loi, par
l’opération de la loi, avec l’assentiment et souvent aux applaudissements de la
société. C’est cette Spoliation seule qui peut prendre des proportions
énormes, suffisantes pour altérer la distribution de la richesse dans le corps
social, paralyser pour longtemps la force de nivellement qui est dans la
Liberté, créer l’inégalité permanente des conditions, ouvrir le gouffre de la
misère, et répandre sur le monde ce déluge de maux que des esprits superficiels
attribuent à la Propriété. Le vol individuel peut être rare, sévèrement
réprimé, mais la spoliation est organisée, légalisée, systématisée. »
Et pourtant à son époque le vol en bande organisée « (communément appelé
socialisme) » commençait à peine à prendre son vol (si j’ose dire).
Nous avons fait beaucoup de progrès depuis !
Venons-en à Milton Friedman, qui disait en riant beaucoup qu’il y avait
quatre façons de dépenser de l’argent.
1- Je peux dépenser pour moi de l’argent que j’ai
gagné moi-même. En général, cet argent est bien utilisé et le montant de
satisfaction très élevé.
2- Je peux dépenser de l’argent que j’ai gagné au
profit de quelqu’un d’autre. J’achète une moto de compétition pour son
anniversaire à mon épouse. L’intention est là, la satisfaction peut-être pas.
3- Je peux dépenser de l’argent que
quelqu’un d’autre a gagné, mettons une subvention étatique et j’en tirerai
une satisfaction certaine, mais il n’est pas certain que cet argent soit mieux
dépensé que par celui qui l’a gagné, ou que je vais continuer à toucher ces
subventions.
4- Et enfin, l’argent peut être transféré de mon
compte au compte de quelqu’un qui ne l’a pas gagné mais qui devra le dépenser
en l’envoyant à une autre personne parce que la Loi lui a donné cette
prérogative, et là c’est toujours du grand n’importe quoi.
Le but de ce petit papier est simplement de montrer qu’en utilisant
l’analyse de Bastiat et la typologie de la dépense de Milton Friedman, je peux
expliquer tout ce qui s’est passé en France depuis quarante ans, tout ce qui se
passe aujourd’hui et prévoir sans grandes difficultés tout ce qui va se passer
demain. Au travail donc.
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire