Le 12 décembre prochain, les
algériens iront-ils voter ? Les foules sans cesse nombreuses qui scandent,
Pas de vote, réussiront-elles à tétaniser le pouvoir
algérien, à rendre caduque un scrutin ? Ce serait une première que nous
Français ferions bien de regarder car nous sommes aux premières loges.
Il faut rappeler qu’à Hong-Kong,
en Irak, en Iran, au Liban, en Algérie, au Chili, les vagues ne perdent rien de
leur force respective selon les pays et sont toujours à l’œuvre : ça bout !
L’article ci-dessous décrit très bien
l’importance de l’étymologie et de ce qu’elle enseigne , notamment, dans la
colère.
« Aux origines d’un mot ·
Depuis quelques mois, les mouvements qui s’affirment dans le monde arabe ont
été nommés hirak. Un néologisme qui prouve que la langue arabe, comme le
monde du même nom, vit, manifeste, se transforme. »
« Depuis le 22 février 2019, les Algériennes et les
Algériens manifestent au moins deux fois par semaine dans la rue, le mardi pour
les étudiants et le vendredi pour l’ensemble de la population. Né d’une opposition
quasi unanime à un cinquième mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, ce
mouvement pacifique et national exige désormais un changement profond du
système politique. La contestation, dont l’un des slogans phare est « yetnahaw ga’ » (« qu’ils dégagent tous » ou « ils
dégageront tous »), a un nom que même les officiels
emploient : le Hirak.
Ce mot arabe, tiré de la racine h-r-k, signifie « mouvement ».
C’est une innovation linguistique, même si sa déclinaison n’est pas erronée sur
le plan grammatical. Son emploi est néanmoins récent et remonte à 2007 avec la
naissance, au Yémen, du Hirak Al-Janoubi, le mouvement sudiste (ou du
Sud), une formation politique séparatiste qui s’est dotée en 2009 d’un appareil
militaire. Avant l’Algérie, à partir d’octobre 2016, les Marocains du Rif ont aussi utilisé ce terme
pour désigner leur mouvement de protestation sociale contre le
sous-développement de leur région : al- Hirak al-cha’bi fil Rif, le
mouvement populaire dans le Rif.
Depuis octobre 2019, le mot hirak est employé aussi bien au
Liban qu’en Irak pour désigner les protestations populaires contre les pouvoirs
en place. On retrouve aussi sa trace dans certains comptes-rendus de presse
concernant la manifestation de quelques milliers de Koweïtiens contre la
corruption, le 7 novembre 2019. Ce terme semble donc faire consensus
pour désigner une nouvelle étape dans les soulèvements populaires du monde
arabe. Pourtant, des réserves existent quant à son emploi et à sa
généralisation. Des médias comme Al-Jazira ou Al-Arabiya tentent de lui donner
une sonorité plus littéraire en prononçant « harak », terme qui, lui, existait déjà. C’est aussi
le cas de l’avocat algérien Mostefa Bouchachi, l’une des principales figures
médiatiques de la contestation.
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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