« Indélogeables :
vague d’assaut après vague d’assaut, les Kurdes retranchés dans le relief
escarpé du mont Ararat, en Turquie, déferont les offensives terrestres de
l’armée turque, jusqu’à ce que cette dernière développe ce qui était
jusqu’alors l’embryon de son armée de l’air. Les bombardements aériens
intensifs que subiront consécutivement les combattants kurdes finiront par
avoir raison de leur résistance.
De fait, sans le développement et l’usage de l’arme
aérienne par Ankara, les Kurdes auraient certainement résisté davantage de
temps encore que les trois années durant lesquelles ils auront tenu tête à
l’armée turque, et pendant lesquelles ils auront fondé une nation kurde
éphémère mais qui fera date : la République de l’Ararat.
Eclipsée par les rébellions victorieuses du clan
Barzani au début des années 1990, et par la création d’une entité
administrative autonome kurde pérenne et reconnue par la communauté
internationale en 1991 - la Région autonome du Kurdistan irakien -, la
République de l’Ararat restera le premier véritable territoire kurde
indépendant du XXème siècle, après l’esquisse qu’avait été la révolte de
Koçgiri (1920-1921).
Le présent article s’attachera à montrer que cette
rébellion est avant tout le fruit de l’activisme nationaliste kurde issu
directement du contexte socio-politique de l’après-guerre en Turquie : le
mouvement Xoybûn (I) ; l’ampleur de l’insurrection conduira à la réaction
militaire et politique de la Turquie, réaction qui fera écho à celle employée
sept ans plus tard lors de la rébellion de Dersim (1937-1938), poussant au mutisme
les insurrections nationalistes kurdes jusqu’à la création en 1978 du Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK) d’Abdullah Öcalan (II). »
La suite
ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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