Lors des grèves et des manifestations,
les yeux se braquent souvent sur la seule Ile-de-France. Tel fut le cas le 5
décembre. Et pourtant à Pau et Bayonne on compta entre 12 et 14 000
manifestants, un chiffre considérable pour chacune de ces deux villes moyennes.
Il est d’autant plus indispensable de bien considérer la mobilisation régionale
que Paris en particulier vota à 90% pour
Emmanuel Macron. On a le cas très singulier d’une capitale complétement séparée,
électoralement et psychologiquement du pays, ne participant plus aux conflits
sociaux sauf à les dénoncer. Paris n’est plus l’épicentre de la colère populaire,
elle l’est pour les défilés progressistes. C’est peu dire que le « quand
Paris tousse, la France éternue » n’a plus cours. Les villes régionales,
les territoires ruraux, parce qu’ils sont les parties provinciales et campagnardes
délaissées ont logiquement tout pour être les viviers des courroux, des obstinations
et des frondes.
Que se trame-t-il dans les
coulisses ? Entre les syndicats et
le gouvernement ? Entre les Français et leurs représentants ? L’exécutif
offre le calme et met en place des réunions comme celle ministérielle à l’Elysée
alors que les directeurs de cabinet avaient déjà tout bouclé : c’est de la
communication…Cela rassurerait et qui sait diviserait. On sait que mardi, les
médias ne feront qu’une chose compter les manifestants pour les comparer à ceux
de la semaine dernière. Le vendredi 13 (cela ne s’invente pas), l’exécutif
organisera un grand raout, si j’ose l’écrire, pour
faire le point. Un point dont tout le monde a saisi l’importance à savoir une
baisse des retraites de 20 à 30%. Les annonces gouvernementales assurant aux
policiers et aux cadres le maintien de leurs régimes spéciaux démoli le discours
officiel sur lesdits régimes présentés
par le président d l’Assemblée nationale comme « privilégiés ».
Pourquoi eux et pourquoi pas nous ? On devine bien la manœuvre, diviser
pour avancer. Le gouvernement, tout entier à des scenarii pour déconsidérer les
manifestants, oublie le degré de sédimentation et l’impopularité d’Emmanuel
Macron servant de ralliement commun.
Emmanuel Macron peut-il reculer ?
Non. Peut-il broder à l’infini ? Non. Comme faire pour que chacun garde sa
face ?
N’oublions pas que les Gilets
jaunes tiennent le pavé puis plus d’une année, une durée exceptionnelle, que
leur constance a, certainement, donné des idées aux Hongkongais, aux Irakiens,
aux Libanais, aux Algériens, aux Chiliens.
La question des retraites catalyse toutes les impatiences et grossissent les inconnu(e)s de demain. D’ailleurs, ne faudrait-il pas parler de contre-réforme des retraites ou lieu de réforme puisque grand monde y perd ?
La question des retraites catalyse toutes les impatiences et grossissent les inconnu(e)s de demain. D’ailleurs, ne faudrait-il pas parler de contre-réforme des retraites ou lieu de réforme puisque grand monde y perd ?
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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