Lancement d’un
nouveau média
Maxime Chaix : Tout d’abord,
permettez-moi de me présenter brièvement. Auteur du livre La guerre de l’ombre en Syrie, paru en mars 2019 aux
éditions Erick Bonnier, je suis essayiste, traducteur et journaliste.
Spécialisé dans les domaines du renseignement, des opérations clandestines, du
djihadisme et de la politique étrangère américaine, j’ai notamment écrit pour MiddleEastEye.net,
Paris Match, GlobalGeoNews.com,
Le Devoir et le Club de Mediapart. Depuis mes débuts dans le journalisme,
en janvier 2015, je me suis heurté à d’innombrables refus de publication de mes
articles par différentes rédactions francophones. Le problème est que, dans la
grande majorité des cas, les rédacteurs en chef des médias en question me
faisaient des retours élogieux sur mes analyses, mais ils invoquaient
différentes raisons plus ou moins recevables pour refuser de les publier.
Heureusement, une poignée d’entre eux ont eu la franchise de m’expliquer que
mes articles exposaient des réalités si dérangeantes qu’ils ne pouvaient se
permettre de les diffuser. Au fond, je les comprends, puisque les médias
français sont majoritairement subventionnés par l’État, et possédés par des
firmes multinationales qui n’ont pas comme intérêt prioritaire d’exposer des
vérités compromettantes. Parmi celles-ci, l’on peut citer l’implication désormais
avérée
de la DGSE dans une vaste opération clandestine de changement de régime en
Syrie. Chapeautée par la CIA, cette campagne avait pour objectif
de renverser Bachar el-Assad en soutenant une nébuleuse de groupes armés loin
d’être aussi « modérés » que nos médias ne nous les ont décrits jusqu’à
présent.
EV : Vous nous expliquez donc que vous-vous êtes
heurté, pendant cinq ans, à une certaine forme de censure médiatique, les
rédactions saluant la qualité de votre travail tout en refusant de publier vos
articles ?
MC :
Exactement. Puisque je mène des enquêtes sur des sujets particulièrement
sensibles, tels que les guerres de changement de régime, l’instrumentalisation
du djihad par les puissances occidentales ou les attaques de certains « alliés
» contre nos intérêts fondamentaux, je ne parviens pas à imposer la plupart de
mes écrits aux rédactions francophones. Or, mes analyses suscitent l’intérêt
d’un nombre sans cesse croissant d’experts et de journalistes, et certaines d’entre elles sont
partagées massivement sur les réseaux sociaux. Inspiré par Glenn
Greenwald, James Bamford ou Claude Angeli, je défends un journalisme d’enquête
exigeant, audacieux et résolument engagé contre les dérives de la raison
d’État. Hélas, mon diagnostic est que les médias francophones ne traitent pas
suffisamment des questions sur lesquelles je travaille – bien qu’elles soient
d’intérêt public. À titre d’exemple, à l’occasion des huit ans de la guerre en
Syrie, aucun média francophone ne parla du programme Timber
Sycamore. Coordonnée par la CIA entre l’automne
2011 et l’été 2017, cette opération clandestine avait pourtant
mobilisé des milliards de dollars,
des dizaines de milliers
de tonnes d’armes et de munitions et au moins 45 000 mercenaires pour
tenter de renverser le gouvernement syrien. Et comme je l’ai démontré
dans mon livre, cette campagne a massivement soutenu
la montée en puissance de la nébuleuse djihadiste anti-Assad – mes conclusions
ayant été validées par un certain nombre de spécialistes de premier plan,
y compris dans Marianne, Le Monde diplomatique
ou la prestigieuse Revue
Défense Nationale.
Refusant que
des sujets aussi importants soient refoulés de notre débat public, j’ai donc
décidé de lancer Deep-News.media,
le site d’information qui se focalisera sur la partie immergée de cet « iceberg
» qu’est la géopolitique mondiale. »
La suite
ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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