Louis XIV jeune aimait à se produire en public lors de
carrousels somptueux qui ravissaient les parisiens et les étrangers venus
spécialement : splendeur, grâce, éclat du jeune monarque et de sa cour,
puissance française affirmée. Quelques siècles plus tard, la France ne fait
plus le théâtre, ses comédiens et auteurs n’occupent plus la première place, ne
restent donc que des acteurs qui nous ressemblent et les politiciens suivant en
cela la lente mais sure décomposition française dans bien des domaines
s’abaissent avec une facilité déconcertante. Aussi ne fut-il guère étonnant
qu’en 2017, la conjuration des opulents put par ses moyens considérables
fabriquer un acteur, lui écrire une pièce, lui présenter un théâtre français et
croiser les doigts pour une comédie française de cinq ans. Patatras, Emmanuel
Macron, un instant calme devant la pyramide du Louvre le soir de son sacre où
pas un klaxon ne fendit l’air parisien, fit entendre qu’il était le seul auteur
de son ascension. Si les commanditaires lui
rappelaient régulièrement : « qui
t’a fait roi ? », l’instant d’après il partait en vrille. En deux
années et demi, le successeur de François Hollande, réussit l’exploit de faire
descendre dans les rues chaque semaine les Français : à ce jour, on
chercherait en vain quelle catégorie sociale ne rue pas dans les brancards. La
magistrature et une majorité de la police sont les deux corps fidèles au
Président, c’est à qui punira le plus durement, qui frappera et mutilera à
chaque prétexte : un concours de servilité. A regarder les deux corps
régaliens balancer aux orties l’impartialité et oublier qu’ils sont au service
des citoyens, est ahurissant mais, hélas, sans grande surprise.
Dans ce climat délétère, le journaliste Eric Le
Boucher craint que la « haine viscérale envers » le chef de l’Etat ne
fit survenir un « Ravaillac ». Il est, évidemment, très grave que l’on
puisse écrire dans une presse acquise au pouvoir qu’un « présendicide »
n’est pas une vue de l’esprit, c’est peu dire l’état psychologique dans lequel
l’exécutif et leurs courroies médiatiques sont…..
Le chef de l’Etat participe à la déconsidération
générale en transformant l’Elysée soit en bar à p…s lors de la fête de la musique,
soit en annexe de la porte de Villepinte pour le Salon du fabriqué français,
soit encore en faisant de la salle des fêtes du palais un mélange de
chocolaterie de province et de boutique Dior et pousse le bouchon plus loin en utilisant
le château de Versailles en salle de vente pour accueillir « Choose France ».
S’étonnera-t-on que les ministres, les députés de son obédience reçoivent des
pierres, subissent les insultes, que leurs permanences fussent détruites ou
attentées ? S’étonnera-t-on le voir quitter précipitamment les Bouffes du
Nord envahis par des manifestants, un moment qui lui rappela ce jour de
décembre 2018 où il crut fuir l’Elysée…..Dans notre Histoire il y a très peu de
cas où un Roi connut de telles avanies répétées et encore après les révoltes,
le Roi rentrait-t-il triomphant dans Paris (sauf Louis XVI). De Paris
murmurant, Emmanuel Macron se trouva à Jérusalem pour commémorer la Shoah, et qu’y
fit-il, il rejoua le « moment dispute de Jacques Chirac en imitant son anglais
très français ». Cabotiner dans un moment pareil et pour un événement
tragique…. !!.Une fois dans l’avion de retour, loin de se taire, il
entreprit les journalistes, blotti sur un siège devant un plateau repas plein
de frites pour évoquer « le monde, son théâtre selon lui ». Si Boris Johnson
émerveilla son public par sa récitation de l’Iliade, Emmanuel Macron suggéra de
mettre en parallèle la shoah et la colonisation française de l’Algérie,
histoire de diviser, d’attiser davantage avec pour seul écho à son propos celui
du nouveau chef d’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, persuadé qu’il existe chez
nous « un lobby qui a une haine » contre son pays……
A moitié de son mandat, la comédie française d’Emmanuel
Macron, auteur/acteur/metteur en scène/réalisateur a tous les symptômes du
harassement dans une France divisée et incertaine quant à son devenir, sans
éclat à l’extérieur au vu des médiations présidentielles échouées. Et pourtant
si des élections présidentielles se déroulaient aujourd’hui, l’actuel Président
pourrait être reconduit sans que la colère ne descende le lendemain de son piédestal.
C’est peu dire dans quelle nasse politico-psychologique nous sommes……Juste en
face, le 31 janvier le Royaume-Uni larguera les amarres dans la fête….
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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