« À propos de : Gilles Havard, L’Amérique
fantôme. Les aventuriers francophones du Nouveau Monde, Flammarion 2019,
654 p., 26 €.
Pendant
quatre siècles, avant la conquête de l’Ouest, les trappeurs ont sillonné
l’Amérique du Nord. Marginaux, vivant le plus souvent avec les Indiens, leur
figure évoque un monde perdu, qui continue de hanter l’Amérique.
Cet ouvrage de Gilles Havard se situe dans la lignée de son précédent opus,
la remarquable Histoire des coureurs de bois, parue en 2016
, qui explorait l’univers des circulations pelletières dans l’Amérique
septentrionale d’avant la conquête de l’Ouest. Renouvelant largement une
historiographie qui tendait à présenter les coureurs de bois comme des
aventuriers entraînés par le seul goût de la liberté quand ce n’était pas la
quête du profit, Gilles Havard y avait développé une passionnante analyse
sociale et culturelle de ce milieu atypique, tout en interrogeant de manière
originale la question du pouvoir en contexte impérial, à travers la capacité
des autorités à diriger les conduites des franges les plus instables de la
population européenne. Le caractère dense et très réussi de cette somme
impressionnante ne laissait donc pas présager que son auteur reviendrait
labourer un terrain qui semblait avoir déjà donné ses plus beaux fruits.
Traces de vie
Le nouveau livre de Gilles Havard se présente comme un recueil de dix « parcours individuels », ceux de personnages masculins, français ou
francophones, et qui partagent la qualité d’aventuriers, au sens où ils ont
fait le choix, souvent à leurs risques et périls, de passer une partie de leur
existence en territoire amérindien. On retrouve là, ramassées sous la forme du
récit biographique, des figures déjà présentes dans l’Histoire des coureurs
de bois, comme Radisson, Nicolas Perrot, Truteau, Charbonneau, Provost ou
Beauchamp. Si la plupart des voyageurs envisagés ici ont donc un lien avec le
commerce des fourrures, ils peuvent toutefois aussi s’être illustrés pour d’autres
raisons, comme la maîtrise des langues autochtones (les truchements Gambie ou
Brûlé) ou leurs expéditions de « découverte » (à l’image des frères La Vérendrye, premiers
Européens à atteindre les montagnes Rocheuses). »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire