A l’Ecole de guerre, ce jour, le Président de la
République a plaidé pour une stratégie de défense et de dissuasion de la France et a appelé les
Européens à un « aggiornamento » dans leur approche d’une sécurité
commune.
Depuis le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, la France est le
seul Etat doté de la force atomique sans que
les accords de Lancaster ne subissent la moindre relecture sur ce point.
Paris dispose à première vue d’une force incomparable au sein de
l’Union européenne.
Dans l’Opinion
Jean-Dominique Merchet notait qu’Emmanuel Macron faisait face à trois handicaps
sur lesquels il n’avait guère de prise :
-la relance générale de l’armement des Etats-Unis à la Chine
-l’absence totale de pensée bruxelloise sur les dossiers stratégiques
-la montée du sentiment anti-nucléaire porté par le Pape, l’ONU et les
partis Verts.
Quand le Chef de l’Etat annonce que les « intérêts vitaux de la France ont une dimension
européenne », il choisit une formule
qui flatte l’oreille tout en masquant la réalité : à savoir le désintérêt
de l’Union européenne pour ce qui est de la pensée et de la projection stratégique.
A-t-on entendu Bruxelles lors du référendum en Nouvelle-Calédonie exprimer son
souhait de voir la France garder sa place maritime considérable, juste derrière
les Etats-Unis, dans l’Océan Pacifique ? Non.
Pourquoi l’Union européenne est-elle absente de toute
géostratégie ? Tout simplement parce qu’elle ne se fixe pas pour but d’arriver
à la souveraineté, ni de construire un Etat. Dès lors, il n’est guère
surprenant que Bruxelles ne s’en remette qu’à l’OTAN avec l’approbation
bruyante de l’Allemagne !
A la vérité, le Chef de l’Etat, comme à l’accoutumée,
joue sur le « en même temps » sans avoir de marge de manœuvre : ainsi,
la France est-elle subordonnée à l’OTAN et au Pentagone en tout comme on le
voit au Sahel.
En résumé, la France est dans une situation paradoxale :
d’un côté elle dispose de la force atomique, de l’autre souverainement elle ne
pourrait l’utiliser du fait même de son adhésion à l’OTAN. Ensuite, la
redondance présidentielle à rappeler que « nos intérêts vitaux»
sont dans une Union européenne totalement hors champ géostratégique et dont
bien des Européens nous jalousent « nucléairement » bien souvent sous
couvert d’écologie, accroit notre immobilité. Dans ce contexte, l’arme atomique est réduite
à peu et « l’aggiornamento »
européen un vœu pieux.
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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