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jeudi 23 avril 2020

Confinement politique, déconfinement social ? N°4890 14e année



Gouvernement d’unité nationale, Etat stratège, souverainisme : tous ces mots nouveaux dans les couloirs de l’Elysée : préface d’un tournant ou continuité sous d’autres habits ?
La France n’est plus souveraine. Sur le papier, le Chef de l’Etat dispose de pouvoirs importants, il ne peut en user qu’avec l’aval de Bruxelles, de Francfort (euro), de l’OTAN. En résumé, le Président de la République règne mais ne gouverne plus, c’est une Reine de Grande-Bretagne.
A partir de ce constat, si Emmanuel Macron entendait véritablement re-être souverain en sa République, il commencerait une bataille très longue, très violente. Le veut-il ? Le peut-il ? Cette bataille engagerait nécessairement les partis politiques et bien sur les Français.
De ces perspectives bien aériennes, un brutal retour sur terre s’impose : le gouvernement est dans une nasse face aux « impatiences » des français, des entreprises. D’un côté, s’assurer que le déconfinement n’enclencherait pas une seconde vague virale, de l’autre rouvrir les entreprises tout en mettant les français sur les plages, un endroit idéal pour reléguer les questions qui fâchent et prier pour que la récession annoncée ne débarque pas d’un coup.  
A ces voies étroites, s’ajoute la question politique et démocratique de l’élection municipale de 2020  avec un premier tour  faussé, en grande partie par le discours d’Emmanuel Macron le 12 mars et un second tour aux dates errantes : fin juin, mi-septembre, mars 2021.
Questions sociales, économiques, politiques sont autant de fronts que la France n’est pas la seule à affronter : l’Italie, l’Espagne sont également dans des sorties compliquées mais sans avoir à rendre compte d’une impéritie et d’une incurie similaires aux nôtres. L’Autriche et l’Allemagne évoluent dans leur aire au terme d’une période bien gérée en amont comme en aval.
La France est au pied d’un volcan qui fume mais n’explose pas bien que des tas de commentateurs et experts nous annoncent quotidiennement des éruptions pompéiennes. Dans ce climat lourd, anxiogène où le gouvernement navigue à vue mais drone bien la population assuré de l’obéissance des forces de l’ordre (160 000 hommes) et de magistrats sévères, arrivent les mots d’unité nationale, d’Etat stratège, de souveraineté un peu comme des cheveux sur la soupe. Cependant, Emmanuel Macron a, une fois encore, un boulevard politique devant lui faute d’avoir des adversaires fédérateurs aux programmes alternatifs.
Les Républicains, les socialistes ne montrent aucune disposition fondamentalement hostile et les Verts sont sécables. Le RN est asséché financièrement et le Front de gauche en perte d’audibilité : deux partis clivants  à la bouche libre mais aux ailes et serres  ficelés. Reste l’immense majorité française très mécontente, très divisée, très engagée dans de multiples chapelles, renâclant au  vote, laissant une minorité agir.
Ainsi se dirigerait-on paradoxalement à la fois vers un confinement, politique, démocratique, sous couvert d’unité nationale compatible avec Bruxelles/Francfort (des fondamentaux budgétaires aux flux migratoires) et vers un déconfinement social « droné », séquencé qui nous enserrerait socialement, idéologiquement, politiquement bien plus qu’avant la pandémie. En fait une chape de plomb ou confinement total sur fond de combats de titans géopolitiques, géofinanciers, géoénergétiques….et leurs inattendus
A suivre.....

Jean Vinatier
Seriatim 2020

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