Gouvernement d’unité nationale, Etat stratège,
souverainisme : tous ces mots nouveaux dans les couloirs de l’Elysée :
préface d’un tournant ou continuité sous d’autres habits ?
La France n’est plus souveraine. Sur le papier, le
Chef de l’Etat dispose de pouvoirs importants, il ne peut en user qu’avec l’aval
de Bruxelles, de Francfort (euro), de l’OTAN. En résumé, le Président de la République
règne mais ne gouverne plus, c’est une Reine de Grande-Bretagne.
A partir de ce constat, si Emmanuel Macron entendait véritablement
re-être souverain en sa République, il commencerait une bataille très longue,
très violente. Le veut-il ? Le peut-il ? Cette bataille engagerait nécessairement
les partis politiques et bien sur les Français.
De ces perspectives bien aériennes, un brutal retour
sur terre s’impose : le gouvernement est dans une nasse face aux « impatiences »
des français, des entreprises. D’un côté, s’assurer que le déconfinement n’enclencherait
pas une seconde vague virale, de l’autre rouvrir les entreprises tout en
mettant les français sur les plages, un endroit idéal pour reléguer les
questions qui fâchent et prier pour que la récession annoncée ne débarque pas d’un
coup.
A ces voies étroites, s’ajoute la question politique
et démocratique de l’élection municipale de 2020 avec un premier
tour faussé, en grande partie par le
discours d’Emmanuel Macron le 12 mars et un second tour aux dates errantes :
fin juin, mi-septembre, mars 2021.
Questions sociales, économiques, politiques sont
autant de fronts que la France n’est pas la seule à affronter : l’Italie,
l’Espagne sont également dans des sorties compliquées mais sans avoir à rendre
compte d’une impéritie et d’une incurie similaires aux nôtres. L’Autriche et l’Allemagne
évoluent dans leur aire au terme d’une période bien gérée en amont comme en
aval.
La France est au pied d’un volcan qui fume mais n’explose
pas bien que des tas de commentateurs et experts nous annoncent quotidiennement
des éruptions pompéiennes. Dans ce climat lourd, anxiogène où le gouvernement
navigue à vue mais drone bien la population assuré de l’obéissance des forces
de l’ordre (160 000 hommes) et de magistrats sévères, arrivent les mots d’unité
nationale, d’Etat stratège, de souveraineté un peu comme des cheveux sur la
soupe. Cependant, Emmanuel Macron a, une fois encore, un boulevard politique
devant lui faute d’avoir des adversaires fédérateurs aux programmes
alternatifs.
Les Républicains, les socialistes ne montrent aucune
disposition fondamentalement hostile et les Verts sont sécables. Le RN est
asséché financièrement et le Front de gauche en perte d’audibilité : deux
partis clivants à la bouche libre mais aux
ailes et serres ficelés. Reste l’immense
majorité française très mécontente, très divisée, très engagée dans de
multiples chapelles, renâclant au vote,
laissant une minorité agir.
Ainsi se dirigerait-on paradoxalement à la fois vers
un confinement, politique, démocratique, sous couvert d’unité nationale compatible
avec Bruxelles/Francfort (des fondamentaux budgétaires aux flux migratoires) et
vers un déconfinement social « droné », séquencé qui nous enserrerait
socialement, idéologiquement, politiquement bien plus qu’avant la pandémie. En
fait une chape de plomb ou confinement total sur fond de combats de titans géopolitiques,
géofinanciers, géoénergétiques….et leurs inattendus
A suivre.....
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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