Depuis quelques jours l’exécutif entonne l'air du
déconfinement et pour donner crédit à ses dires annonce un pic pandémique et
une petite baisse des cas graves.
Le peuple aime à entendre une histoire ou un
récit. Nous sommes dans cet instant où, la situation restant pénible, il
est aussi nécessaire de dire aux gens que cette période singulière trouvera son
terme. Il est logique que le gouvernement tout en sachant le confinement
installé, apparemment pour quelques semaines supplémentaires, propose comme une
respiration, la sortie de crise sanitaire. Le confinement, les restrictions et
interdictions d’aller et venir ne sont supportables psychologiquement que si
l’on nous fait voir une aube.
On est dans un film : la vague est arrivée, elle
repend la désolation mais déjà s’annoncent les secours, les survivants, le
redémarrage de la vie.
Pour l’heure, le gouvernement surfe sur « le jour d’après qui ne sera pas le jour d’avant », s’y ajoutent les accents
prophétiques d’Emmanuel Macron, qui a un gout pathologique pour les transes
verbales et agitent les élus de la majorité, « les fonds de cuve » (Régis de Castelnau/Vu du droit) . Les Verts plaident pour une politique
plus écologique, un changement de modèle économique. Depuis trente années ou
plus, a été déconstruit le service public dont celui de la santé : il
faudrait donc un temps presque équivalent pour le rebâtir si telle était l’intention
politique.
Au vu de « cet accident
industriel du siècle » (L’Opinion),
tout concourra dans un premier temps à faire que le redémarrage économique se
réalise le plus vite possible afin de conjurer toute crise, politique, sociale, financière. Ainsi
seront-ce les avocats les plus constants
du monde global, lesquels ont la puissance financière, qui voudront imposer
leur tempo tout à fait soutenus par des Etats comme la Chine et les Etats-Unis,
deux moteurs qui, s’ils trébuchaient, effondreraient tout le monde.
Sans doute aurons-nous des effets d’annonce (Bruno
Le Maire est parfait en ministre cabotin : des longues tirades et rien
derrière) et des promesses, de leçons et d’exigences, mais cela n’ira pas plus
loin, l’urgence étant que le modèle économique reparte avec de l’huile dans les
rouages. Dans un second temps, une fois la pandémie disparue ou complétement
maîtrisée, les hommes débarrassés des peurs, remis à leurs tâches, des discours
et des projets, novateurs, dénonciateurs seront à nouveau audibles. C’est cette
seconde période qui pourrait s’avérer pour bien des gouvernements un passage de
Charybde en Sylla. Mais est-ce si certain ? Bien des scenarii prophétisent
des crises à répétition, des récessions abyssales et ainsi de suite.
Il est important de rappeler que ce n’est pas la
létalité du virus qui entre en ligne de compte mais l’impact de sa volatilité dont
la mise à l’arrêt temporaire des rampes de lancements industriels depuis la
Chine. Les entreprises quand elles reprendront une activité normale le feront
avec le même nombre de salariés qu’avant le coronavirus : la population
mondiale n’est pas impactée à moins d’un retour de bâton soudain et violent.
Oui, cette pandémie éclaire sur notre fragilité humaine
et pour la France met à vif l’état déplorable du service de santé et les
colères et les abnégations des soignants mais, pour l’heure, c’est, sans s’illusionner
trop, le lendemain meilleur et le savoir raison garder qui sont nécessaires.
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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