La scénarisation du déconfinement
concernera aussi l’agenda politique. Des dates nombreuses circulent pour
indiquer un second tour des municipales 2020, fin juin, à la mi-septembre…etc.
Dans cette période de confinement, les Français ont d’autres soucis en
tête qu’un scrutin municipal quand l’exécutif, le Parlement, les chefs de
partis n’oublient rien de leurs combinaisons et calculs.
LREM fait porter la responsabilité du maintien du premier tour aux élus
de droite dont le Président du Sénat, Gérard Larcher. Cela ne change rien au
fait que la décision finale revenait au Président de la République.
Le 12 mars 2020 Emmanuel Macron maintenait le premier tour des
élections municipales alors que la France comptait ses premières victimes du
coronavirus et recommandait à la partie fragile du corps électoral de rester à
la maison. Depuis des élus, des citoyens qui tinrent les bureaux de vote sont
décédés.
Le 16 mars, Emmanuel Macron annonçait le report du second tour à une
date ultérieure parce que la France était « en guerre » contre un
virus. Depuis, entre confinement et gabegie et une péroraison quotidienne avec
des versions multiples le « en même temps » atteint des sommets, montre
toute sa nocivité et notamment contre la démocratie.
Les élus de l’opposition prétendent que lors de la réunion d’avant le
premier tour des municipales, le gouvernement ne leur aurait pas demandé
directement s’ils étaient pour ou contre la tenue du scrutin. Dont acte. Mais
qu’ont-ils fait depuis ? Où sont leurs déclarations ? Où sont les
initiatives pour dénoncer ce premier tour faussé ? Rien. Des incantations.
Chacun essaie de se donner bonne conscience tout en comptant ses élus, pour
certains âprement gagnés et qu’ils craignent de perdre en cas d’annulation.
L’élection du conseiller municipal qui devient pour certains un maire,
est à la racine de la démocratie. Nul élu n’est plus voisin, plus proche du
citoyen et vice-versa. Aujourd’hui ce lien ou cette proximité est dénaturé. D’abord
par le maintien du premier tour, ensuite par la distance avec le second tour
qui n’aura plus aucun rapport avec la campagne municipale d’avant le 15 mars.
Le silence de la classe politique est patent. François Baroin à la tête
de l’Association des maires, plaiderait pour un deuxième tour à la
mi-septembre. Une date pas anodine car au retour des « vacances »,
les Français auront d’autres tracas que d’aller placer un bulletin de vote : abstention record ! Ainsi
en deux tours l’un biaisé par le Chef de l’Etat, l’autre par des édiles, la
classe politique réussira-t-elle à démolir le scrutin électoral le plus
important et donc le plus précieux en France.
Le gouvernement, assuré de la bienveillance du Conseil constitutionnel,
a déjà pris des dispositions dans le cadre de la loi d’urgence sanitaire pour
qu’on ne puisse l’attaquer par les votes de l’Assemblée nationale et du Sénat.
Aujourd’hui, l’exécutif essaie de construire un gouvernement d’unité
nationale où déjà pointent les nez d’élus Républicains, socialistes, centristes
et bientôt écologistes. Verra-t-il le jour ? Pour l’heure mystère. Mais
comment des élus peuvent-ils songer à rallier un exécutif qui a tellement
failli lors de cette pandémie et qui réduit le scrutin municipal à une palinodie?
J’appelle cela une collaboration ou complicité dangereuse ?
Que faut-il faire ?
Actuellement pas loin de 3000 recours individuels sont devant les juges
administratifs. Ce nombre considérable a une faiblesse celle du jugement
individuel qui, en toute logique, ne sera pas le même pour tous les recours. Le
gouvernement faisant la comptabilité des décisions rendues en tirera la
conclusion que globalement tout se serait bien déroulé et ainsi arrivera le second
tour plus injuste que le premier.
Au recours individuel doit être substitué le recours collectif (class
action) pour créer un rapport de force. Un juge n’approchera pas avec le même état
d’esprit un recours collectif comptant des centaines ou milliers de signatures
qu’un recours individuel. Sa décision positive ou négative aura un impact sans
commune mesure et impliquera l’opinion publique, la presse étrangère.
Ce sont les citoyens qui doivent par leurs actions peser sur leurs
élus, les partis politiques. Les réseaux sociaux sont une arme à disposition.
Les citoyens ont toute latitude pour exercer un pouvoir démocratique légitime.
Les citoyens doivent aussi impliquer les juristes : avocats,
professeurs de droit constitutionnel. Ils sont des relais de droit importants
et qui par la célébrité de quelques-uns peuvent, aussi, impliquer les opinions
publiques, les médias.
A ce jour il faut :
-demander à tous les élus du premier tour de remettre en jeu leur mandat
-d’entreprendre sans relâche les élus, les partis, les avocats et juristes
-de responsabiliser les têtes de partis qui ou se taisent ou caquètent pour
la posture
-de pétitionner
De créer, ainsi un rapport de force. Quoi de meilleur que le scrutin municipal
pour poser les bases politiques neuves ?
La démocratie vit parce qu’on la nourrit de notre combat citoyen, la
démocratie meurt aussi de notre désintérêt, de nos divisions, de notre décadence.
Une démocratie est
entière ou pas
Qu'est-ce qu'une
République sans la démocratie?
Pour signer la pétition :
https://www.mesopinions.com/petition/politique/municipales-2020-annulation-premier-tour-report/87777
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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