Jadis quand un fléau s’abattait sur une ville, une
région et au-delà, les hommes devant une médecine longtemps dépendante de la
magie et des sorcières s’en remettaient, selon les époques, aux dieux, à Dieu,
lançaient de grandes processions parfois sacrificielles, assuraient les cultes dans
les temples puis églises : les hommes et les servants imploraient le Ciel
où est « Dieu ».
Aujourd’hui, le confinement efface de notre champ
toute manifestation religieuse : églises, synagogues, mosquées, temples
sont vides, les rues ne retentissent pas du chant, les hommes ne peuvent,
s’incliner, chanter, prier tout le long du parcours.
Pour la première fois au monde les autorités
interdisent la démonstration spirituelle cadencée par des incantations, des
implorations.
Au-delà d’un virus qui tue peu mais qui par sa
volatilité, sa contagiosité et peut-être sa prédisposition à muter et parce qu’il
a débuté en Chine à Wuhan capitale d’une province industrielle importante
autour de 60 millions d’âmes (comme l’Italie) a d’un coup d’arrêté autant les
hommes que les chaines de production à flux tendu y compris les cultes, nous
sommes devant l’exceptionnel et le remarquablement tragique.
C’est une chute abyssale que je ne vis pas du tout
quand débutait le coronavirus. Dans son examen froid, le virus n’est qu’un
grain de sable et toujours dans l’absolu qu’une perturbation mais voilà, à la
surprise de beaucoup dont moi, ce grain de sable a muté, a grandi, s’est disséminé
tel un nouveau Léviathan. Sans sombrer dans les récits bibliques, il s’affiche
sur l’ensemble du monde une vue étrange sauf quand nous prenons la peine de
regarder sous nos pieds, un monde poursuit lui sa route sans manquer aucune
occasion de prospérer.
Depuis la maîtrise du feu, les hommes s’adonnent en groupe à raconter, à narrer, à réciter
mêlant le vrai comme son inverse mais rapportant une histoire que ses
semblables écoutent. De ce point de vue, la globalisation a augmenté ce fait
avec cette différence qu’autrefois les hommes eurent longtemps une
prédisposition à la fatalité, à la soumission à l’événement. Or notre
époque qui diffuse et s’étend en masse, en flots continus, propage des scenarii
à l’infini, s’éloigne considérablement des récits anciens pour laisser la place
aux hystéries, aux machinations et diableries aux surenchères à terme
dangereuses. Evidemment dans l’histoire à la merci d’un événement, il y eut
bien ici et là des démences, individuelles, collectives mais toutes bornées. Dans
le cas du coronavirus naviguant dans le monde bien connu des hommes mais incapables
de conquérir physiquement les inconnus exoplanétaires tournent tels des
poissons rouges dans un bocal, nous risquons de nous abîmer tous.
Très fréquemment, historiquement les
virus naquirent à l’est de l’Inde pour se diriger, ensuite vers l’extrémité
européenne de l’Asie. Pourquoi ? Parce qu’un terreau favorable aux virus
y était ? Citons par exemple, la densité
de population, une hygiène faible, une alimentation majoritairement
porcine, de nombreuses espères de chauves-souris, espace géographique singulier…etc.
Les virus suivaient les caravanes (route de la soie) puis embarquaient en mer
Noire comme Caffa. Ces lignes n’accusent pas la Chine d’être la matrice
volontaire des malheurs épidémiques mais là où elle est, là où elle forgea son
histoire prestigieuse, des facteurs favorables aux virus sont apparemment
réunis « ancestralement ».
Cela pour dire qu’il serait
logique d’abandonner, par exemple, les histoires d’hommes masqués dérobant un
virus dans un laboratoire P4 même si dans l’absolu un tel procédé pourrait être :
James Bond à la vie dure, ou bien encore d’imaginer de diaboliques chinois créant
de toute pièce le virus qui détruirait les Etats-Unis…..
Par contre, que la Chine mette à
profit sa sortie pandémique pour avancer ses pions est-ce anormal ?, que
des hommes, des organisations, des cercles, à partir d’un événement, ici le
coronavirus, veuillent renforcer leur degré d’influence, de puissance est tout
à fait possible sans sombrer dans je ne sais quel complotisme. L’adage selon lequel
« le malheur des uns fait le bonheur des autres ne serait pas incongru. Qu’est-ce
qui nous interdirait de souligner qu’au moment où a débuté la pandémie, les
marchés boursiers entrèrent en tempête avec deux krachs, puis que des
impressions fabuleuses de monnaie venues des banques centrales inondèrent les marchés
lesquels rebondirent effaçant grandement les pertes de la veille : est-on
certain qu’à la veille du week-end Pascal, le paysage économico-financier est toujours
le même ?
A Wall Street certains puissants
(milliardaires, propriétaires de fonds…etc.) n’auraient-ils pas mis à profit le
coronavirus pour justifier les heureuses montagnes russes boursières et
aujourd’hui grâce à la FED ne rachèteraient-ils pas avec de la monnaie de singe
des pans entiers de l’économie américaine ?
Les marchés financiers accentuent
leur domination sur l’économie réelle qu’ils conduiront selon des vues que l’on
peut craindre comme catastrophiques sur tous les plans depuis la
démocratie jusqu’aux libertés fondamentales, les avancées sociales en passant
par l’environnement. Pour l’heure, les « élites financières » sont unies,
n’annoncent pas de sécession interne.
Localement, prenons l’exemple de
la France où les gouvernements successifs techno-libéraux (gauche, centre,
droite) déconstruisent les services publics, maintenant l’exécutif use, du 49-3
pour la contre-réforme des retraites, profite de la loi d’urgence sanitaire
pour rendre possible les suspensions sans date des 35 heures, des congés
payés, des RTT et dans la foulée cadre à l’avantage des assureurs les
remboursements liés au coronavirus, dérégule la garde à vue où l’avocat
disparait…cela donne une idée du « monde d’après » glaçant qu’annoncera
Emmanuel Macron le lundi de Pâques sous couvert de santé et de protection.
Le coronavirus est bien moins
nocif que ce qu’il permet à des coalitions d’intérêts, des gouvernements soumis,
des organisations internationales d’agir. Ce n’est pas tant le coronavirus qui
nous tue que l’autre virus que nous voudra nous inoculer pour accentuer nos
dépendances, nos soumissions et de rendre évidentes servitudes et corvées, l’Etat
se résumant, ainsi, à terme au maintien de l’ordre : police, justice
prison.
La Pâques 2020 montrerait-elle
aux hommes devant quel nouveau Golgotha (mont du calvaire) ils sont, d’en
regarder lucidement les épreuves, nouvelles, redoutables, d’espérance aussi ?
A travers le Christ crucifié, les chrétiens, les hommes s’y verront-ils ? Demain
quelle résurrection voudrons-nous ?
Que l’on retienne bien ceci :
devant l’épreuve pandémique, une Autorité a rendu impossible au nom de la santé
et de la distanciation sociale toute affirmation publique de la foi. C’est
important….A suivre.
Jean Vinatier
Seriatim 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire