Virus ou pas, une campagne présidentielle américaine
est source de tensions internes très fortes. A bien des égards, le pays, se ferme
sur lui-même : s’y livrent des combats de coq comme surent le faire,
d’abord les politiques britanniques avant qu’ils ne passent, si l’on peut
dire, le virus oratoire aux futurs Etats-Unis dès les prodromes de la guerre d’Indépendance.
Dès lors, il n’est guère étonnant que cette campagne
présidentielle devienne un carrefour pour virulences diverses d’autant plus que
cette fois-ci outre la personnalité singulière de Donald Trump, s’agrège un virus
que nul ne voit mais qui répand une angoisse d’autant plus grande que la saison
des typhons et cyclones s’annonce. De plus, les Américains ont en mémoire les
catastrophiques inondations à la Nouvelle-Orléans en 2005 et, surtout, de la
gestion calamiteuse, quasiment ségrégationniste qui en suivit (mandature de Georges
Bush junior).
Il y a donc un climat psychologique particulier que
les gouverneurs démocrates sauront utiliser sur un vieux antagonisme, lui bien
réel, entre les Etats et la capitale fédérale. Il n’est donc pas étonnant,
comme le note Philippe Grasset que :
« la décision de ralentir
ou de cesser le confinement pour la reprise de l’activité économique,
c’est-à-dire le désaccord entre Trump qui veux ordonner la coordination de tous
les États pour cette décision, et des États voisins tendant à se regrouper et à
prendre en commun cette décision selon leurs situations spécifiques sans tenir
compte de la volonté de Washington D.C.
On a même trouvé des noms pour
caractériser deux grands blocs en train de se former, hors de la tutelle de
Washington, et bientôt, éventuellement selon certaines circonstances précises
et pressantes, et d’une façon générale selon la querelle opposant les
démocrates en Trump :
• “Cascadia”, regroupant des États de la côte Ouest (Californie, Oregon, État de Washington), tous trois avec des gouverneurs démocrates ;
• le “territoire d’Alcedia” (nom temporaire du mouvement), avec les États de New York, du New Jersey, du Connecticut, de Pennsylvanie, du Delaware et du Rhode Island, et ajouté 24 heures plus tard, du Massachusetts, – soit six États avec des gouverneurs démocrates, et le Massachusetts, venu ensuite, avec un gouverneur républicain. »
Cela étant dit, de la mise en place de politiques autonomes pour
conjurer la pandémie à une sécession, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Les 50 Etats ont des pouvoirs puissants : chacun a son
gouvernement, sa cour suprême, son service de santé, sa police…etc.
Les mouvements indépendantistes existent mais sans aura particulière et,
aujourd’hui, ils ne semblent pas que les différents gouverneurs démocrates s’y
référent. Certes, la Californie se qualifie « d’Etat-nation » et
essaie de se doter d’une représentation diplomatique1 avec d’autres
mots : bientôt GAFA’s state ?
La sécession de 1861 répondait à la volonté du Nord d’imposer au Sud
une société et un modèle économique sur fond d’abolition de l’esclavage chaque
Etat y participant . Pour l’histoire, ce conflit intérieur avait été bien vu
par les Anglais et les Français au moment de la guerre d’Indépendance. Le comte
de Vergennes, ministre des Affaires Etrangères de Louis XVI, dans une longue
lettre affirmait qu’il ne se passerait pas cinquante ans avant que le Nord et
le Sud entrassent en conflit.
En 2020, les Etats-Unis sont-ils dans une telle situation ? A
priori pas. Mais les pays qui ont connu des fractures profondes et longues
comme l’Espagne (entre 1833 et 1936 : trois guerres carlistes et la guerre
civile) gardent des braises qui peuvent, dans l’absolu se rallumer.
Le danger serait-il pour les Etats-Unis que le coronavirus y installe
son épicentre, contraignant à des confinements dans des parties d’Etats et
fasse exploser les inscriptions au chômage: en deux semaines, il y en eut dix
millions et qui dit chômage dit absence d’assurance santé ?
Pendant les années qui suivent la crise de 1929 où il y eut des misères
terribles jusqu’à la mise en place par Roosevelt d’une politique de grands
travaux publics, on ne vit ni sécession, ni incendie des propriétés des riches…
Imagine-t-on un Joe Biden, corrompu, qui présente d’inquiétantes
absences et commet bourde sur bourde se saisir de l’étendard de la « new
secession » tandis que Donald Trump voudrait rejouer les « 55
jours de Pékin »? Pense-t-on
sérieusement qu’un candidat à la Maison Blanche se fixerait comme objectif de
désunir, d’entrer en guerre ?
Les convergences de plusieurs éléments (politique, économique,
financier, historique, pandémique…etc.) font que les Etats-Unis sont dans un
état psychologique particulier, l’hyperpuissance est hyper énervée…..
Note :
1-Au départ indépendant le
Texas (Fort Alamo puis défaite de Santa Anna) eut à Paris, au début de la
monarchie de juillet, un consulat.
Ce sont des colons américains
qui installés au Texas alors territoire mexicain se déclarèrent indépendants :
battus à Alamo, ils se rattrapèrent l’année suivante.
Source :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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