Un jour ce sont des députés LREM qui partent vers la
gauche, un autre jour, d’autres rejoignent Agir ensemble à droite (avec
l’accord d’Edouard Philippe) ôtant au parti présidentiel la majorité absolue à
la Chambre. Silence radio élyséen.
Le second tour des municipales le 28 juin n’assurera
aucune ville métropolitaine à LREM, désastre complet, à Lyon le lâchage de
Gérard Collomb au profit des
Républicains, à Paris surtout où le retour hors sol d’Agnès Buzyn et le
ralliement probable de Villani à la maire sortante s’achèveront en fiasco
unique dans les annales politiques françaises. Silence radio élyséen.
On se souvient de cette remarque militaire que je
reproduis de mémoire, ma gauche défaille, ma droite est enfoncée, j’attaque. Et
bien la présidence d’Emmanuel Macron est dans ce cas de figure. Outre ses ailes
rognées, une impopularité immense, il passe à l’offensive. Il a raison, tant
qu’on n’est pas entre quatre planches, il faut rester en selle. Son salut,
c’est l’Europe et plus particulièrement Angela Merkel. Il sait bien que la
présidence allemande renforcera ce pays au sein de l’Union européenne qui en en
deviendra la force impériale, couronnement de tant d’années d’un travail berlinois
patient presque laborieux. Son atout intérieur tient dans la stabilité de son
corps électoral non pas tant fasciné par Bruxelles et l’euro que par l’absence
d’un projet européen alternatif qu’aucun des adversaires politiques
n’entreprend : Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, silence radio.
Ce corps électoral de soutien à Emmanuel Macron est
minoritaire mais suffisant pour emporter une présidentielle. Les divisions au
sein des opposants et le retrait des malcontents français sur l’Aventin font
qu’avec 22% des suffrages exprimés, le palais est à vous. A la différence de la
Rome antique où le Sénat s’inquiétait (pas toujours) de l’indifférence de la plèbe et fit, par
intermittence, pour son retour, il s’agit, aujourd’hui, de ne pas faire revenir
le peuple. La démocratie sans le peuple !
Les élites (LREM a regroupé gauche/droite/centre) ont
très bien saisi qu’en accentuant sans difficulté majeure les lois de contrôle
des citoyens après des attentats, une pandémie, en assommant les Gilets jaunes
la veille d’une manifestation tout en laissant quelques-uns aller sur le pavé
pour recevoir la torniole (cela fait des images répressives décourageantes)
tout en divisant les opposants (soutien à Philippe de Villiers, appel à
Jean-Marie Bigard via Patrick Sébastien) et les écrasant financièrement comme
le Rassemblement National (RN) qui jouit d’une diabolisation utile, le chemin
élyséen était assuré.
Les divisions et l’absence de programme alternatif
plombent toute espérance de défaire le camp aux affaires. Et la tempête
sociale ? Les récessions historiques ? Que la France et l’Union
européenne accusent le coup suite au ralentissement économique de ce printemps
est une chose mais la pandémie a, heureusement, peu tué. D’autre part, les
Etats-Unis et la Chine, les deux moteurs du monde, ont la volonté de
redémarrer. A partir du moment où les acteurs majeurs sont unis, de même que
ceux qui tiennent les manettes financières, on ne voit pas pourquoi, on
sombrerait dans les profondeurs océanes. Que croyez-vous que fera le
gouvernement ? Envoyer les Français à la plage, fournir un maximum de
chèques vacances, un excellent moyen de distraction et d’affaiblissement. Quant
à la rentrée chaude promise chaque année, elle est devenue quasiment une
arlésienne.
Dans l’absolu, Emmanuel Macron et son gouvernement qui
ont failli comme jamais et ont des morts sur la conscience devraient, si les
Français avaient encore une virilité, être « en place de Grève »
(image) mais point du tout, ils préparent leur péplum le 14 juillet sur les
Champs-Elysées avec, peut-être une équipe ministérielle nouvelle.
Le monde d’avant ri bien de nous, c’est le dîner de
cons tous les jours !
A suivre….
Jean Vinatier
Seriatim 2020