Jean-Marc Dupuis anime le site Santé Nature Innovation
“Le risque
d’une seconde vague, qui viendrait frapper un tissu hospitalier fragilisé,
qui imposerait un re-confinement, qui ruinerait les efforts et les sacrifices
consentis […], est un risque sérieux”, a-t-il déclaré lors de la présentation du plan de
déconfinement à partir du 11 mai. [1]
Au même
moment, le Pr Didier Raoult, spécialiste en épidémies, disait exactement le
contraire : “La deuxième vague, c’est de la science-fiction”. [2]
Lorsque, en
tant que citoyen “de base”, vous vous faites ainsi ballotter par des
informations contradictoires, sans aucun moyen de savoir qui dit
vrai, c’est le signe que vous êtes en danger, selon la philosophe Hannah
Arendt, rescapée du nazisme et spécialiste des systèmes totalitaires.
Comment la vérité est sacrifiée
Selon Hannah
Arendt, les régimes totalitaires prennent un pouvoir “total” sur les individus
en les arrosant d’informations contradictoires, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus
aucun moyen de savoir où se trouve la vérité.
Sous Hitler,
sous Staline, explique-t-elle, le citoyen ne savait jamais à quelle sauce il
allait être mangé. La propagande gouvernementale ne consistait pas à simplement
“mentir” aux citoyens, en présentant une version “officielle” des faits dans
les journaux, version qui aurait alors pu aisément être critiquée.
Non, c’était
beaucoup plus subtil et efficace que cela.
Pour
empêcher véritablement tout débat, toute initiative, pour obtenir des citoyens
qu’ils se découragent totalement, qu’ils cessent d’essayer de comprendre, et
qu’ils perdent donc tout moyen d’agir, les médias d’Etat les plaçaient
sous un déluge continu d’informations incohérentes, mêlant le vrai et le
faux jusqu’à ce que plus aucune personne ne puisse savoir de bonne foi ce qu’il
fallait penser :
- “Nous gagnons la guerre !”,
- “Nous perdons la guerre !”
- “Les rations vont être augmentées !”
- “Les rations vont être diminuées !”
- “L’économie est en croissance !”
- “Il va falloir travailler plus !”
- “Vous pouvez sortir sans autorisation !”
- “Les contrôles vont être renforcés !”
Pour ajouter
à la confusion, les Autorités ne parlaient plus d’une seule voix, mais au
contraire via une foule de porte-paroles, dont il était impossible de
savoir lequel portait la “véritable” parole de l’Etat.
C’est
exactement ce que nous vivons aujourd’hui, et c’est pourquoi une telle tension
s’installe dans les esprits.
C’est
normal. Ce n’est pas de votre faute si vous ne comprenez rien, si vous êtes
ballotté entre des amis, des voisins, des journalistes, des blogueurs ou encore
des “youtubeurs” qui, chacun ont leur opinion qui paraît valable, tout en étant
incompatibles les unes avec les autres.
C’est le
résultat logique de la communication gouvernementale qui introduit
confusion et contradictions partout.
Car, si vous
êtes de bonne foi, cela fait déjà plusieurs semaines, que vous n’avez plus
aucun moyen de savoir ce qu’il faut raisonnablement penser de la
situation.
Depuis
plusieurs semaines, il n’y a plus aucun moyen de savoir ce qu’il faut
“raisonnablement” penser de la situation
Lorsque le
Président Macron annonce le déconfinement à partir du 11 mai, il est aussitôt
suivi d’une déclaration de son Premier ministre qui explique que le
déconfinement ne touchera que certaines personnes, dans certaines zones.
Au même
moment, le Pr Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique
Covid-19, et donc principal conseiller de l’Elysée, affirme que les personnes
âgées resteront confinées jusqu’à la fin de l’année, ce qui est rapidement
démenti par le Ministre de l’Intérieur Castaner.
La
porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye explique alors que, bien que
le déconfinement commence le 11 mai, mieux vaut prévoir ne pas partir en
vacances en août. Aussitôt, une virologue experte (Anne Goffard) annonce
alors sur France-Inter que plusieurs études de modélisation dans différents
pays concluent à “une deuxième vague épidémique très probable au plus tôt
fin août”, à moins que ce ne soit ”en octobre ou en novembre”. [3]
De son côté,
le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer annonce la réouverture de
“toutes les écoles dans toutes les zones”, en précisant aussitôt que les
enfants sont probablement de gros vecteurs du virus et qu’il faudra sans
doute laisser fermés les collèges, les lycées et l’enseignement supérieur.
La ministre du travail Muriel Pénicaud estime alors sur France-Info
“raisonnable de dire” qu’un télétravail massif aura lieu au moins jusqu’à
l’été”, ce qui achève de rendre caduque l’annonce d’un déconfinement le 11 mai.
Je passe sur
la publication d’une carte des départements rouges, oranges et verts dont on
nous explique qu’ils pourront servir, ou non, à définir des dates différentes
d’ouverture des différents secteurs de l’économie ; sur les annonces
contradictoires des bienfaits du confinement, des masques, des tests de
dépistage ; sur l’affaire de la chloroquine atteignant le summum de la foire d’empoigne,
avec des experts tout aussi incontestables les uns que les autres qui se
prononcent en faveur ou en opposition totale au traitement ; sur le fait que
les enfants et les jeunes sont successivement présentés comme potentiellement
victimes de la maladie ou au contraire parfaitement protégés.
Si, à la fin
de ce message, vous avez mal à la tête, et envie de sortir vous promener pour
penser à autre chose, dites-vous que c’est exactement l’effet recherché
par les Autorités des pays totalitaires lorsqu’ils assomment leurs
citoyens sous un déluge d’informations, contre-informations, ré-informations :
obtenir que les réseaux de résistance se divisent. Que les citoyens se
découragent. Que la critique devienne impossible. Que l’action, la réaction, la
révolte, perdent leur sens.
Comme il n’y
a plus de vérité, il n’y a plus de réalité. Vous avez l’impression de vous
battre contre des moulins qui tournent dans tous les sens. Vous comprenez que
lire, parler, réfléchir, n’a plus aucun sens car on peut penser tout et
son contraire, selon les sources que l’on choisit, et qui évoluent
elles-mêmes en permanence.
C’était la
triste situation de nombreux pays au XXème siècle, dont on espérait pourtant ne
pas reproduire les erreurs au XXIème :
“Quand tout
le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces
mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus
rien croire ne peut pas se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa
capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et, avec un
tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez”, disait Hannah Arendt.
A méditer. »
Source :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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