L’annonce hier d’une proposition de plan de relance de
750 milliards par la présidente de la commission européenne, Ursula Van der
Leyen est une pierre supplémentaire apportée à la chancelière Angela Merkel qui
abordera donc sa présidence de l’Union en disposant d’un jeu de cartes ou de
leviers très impressionnant que confirmeront le sommet européen des 18/19 juin
puis le 24 juin la stratégie européenne en matière d'hydrogène laquelle satisferait
pleinement les industriels allemands qui l'ont en quelque sorte
"anticipé" avec le projet presque achevé du gazoduc Nordstream 2.
Quand Paris fait le cabri en chantant les louanges du
« couple franco-allemand » et
bénit le saint nom de Mutti,
Berlin ne danse pas, on y fait
les comptes.
De la déclaration franco-allemande au plan de relance
sans omettre la BCE, l’Union européenne met sur la table moins de 2000
milliards d’euros quand les Etats-Unis avec une population presque équivalente
en annonce le double. L’Union européenne aurait parfaitement les moyens d’aller
plus en avant : alors pourquoi pas plus ?
L’Allemagne entre en scène (Paris peut
« réexister » et communiquer) comme un marchand aborde un livre
comptable : pas d’inflation, garantir l’appareil industriel et
stratégique, être l’épicentre entre Washington et Pékin et avec Moscou sur le
plan énergétique.
Angela Merkel est européenne tant que l’Allemagne grandit
que se confirme sa Mitteleuropa ou l’espace hanséatique tout à l’inverse de la France
qui privilégie l’utopique souveraineté européenne quitte à nous y sacrifier. Pour
Emmanuel Macron la France n’est qu’un marche-pied pour son but ultime :
atteindre le sommet Europe ! Sait-on où il se trouve ?
Berlin n’est pas du tout sur la même longueur d’onde.
On a beau flatter Angela Merkel et la parer de toutes les plumes, elle est d’abord
chancelière et par conséquent comptable de chacun de ses gestes. Sur le plan
intérieur, l’adhésion à la déclaration franco-allemande tient au fait que la
capitalisation des retraites tiendrait et ne léserait en rien les retraités majoritaires
sur l’échiquier politique, que nulle dévalorisation monétaire ne viendrait
diminuer le pouvoir d’achat des allemands.
L’Union européenne arrive assurément à un tournant
dont on ignore la longueur, la forme, la largeur et c’est l’Allemagne qui sera
à la manœuvre. Le mot manœuvre n’est en rien péjoratif, il sert à prendre
conscience que dans cet après Covid-19 les réalités et les rapports de force
géopolitiques et géoéconomiques sous couvert de transition écologique bien
interrogative seront dans notre quotidien et que chaque acteur jouera ses
atouts.
Quant à la France qui prendra après le Portugal et la
Slovénie, la présidence européenne le 1er
janvier 2022 (donc à quelques semaines de la campagne présidentielle sauf
événement), elle joue très gros et pourrait très rapidement être présentée, une
fois de plus, comme actrice pour le roi de Prusse….
A ce jour, nul ne sait si l’Union européenne se
perpétuera selon ce modèle ou bien si l’Allemagne placera l’Union sous sa
férule ou que nous serons dans un désordre général….
Pour l’heure, n’oublions pas que ces plans et
déclaration doivent affronter les discussions et négociations, la chancelière se
gardant bien de toute précipitation….. A suivre
In seriatim :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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