La quatrième allocution présidentielle qui annonce une
cinquième à quelques jours d’un 14 juillet sans défilé militaire et peut-être
avec une équipe ministérielle renouvelée, a aligné des évidences (police,
statues, racisme) puis n’a surpris personne en mettant l’Ile-de-France en zone
verte, avant de promettre aucun impôt nouveau quand Bruxelles cherche à en
proposer à l’échelle européenne, enjoint aux Français de retrouver le travail (« traverser la rue »)
quand un chômage massif s’annonce…. et entonné l’air de la solidarité
Il y avait beaucoup de la méthode Coué parce que seul,
son Premier ministre s’échinant à se distancer, mal aidé par un gouvernement
aux ministres indécents de Castaner à Balloubet sans oublier une porte-parole
dont les maladresses et les arrogances en font un modèle du genre.
Tourner la page, oubliez tout, décourager les plaintes
contre les responsables ministériels et les politiques, s’assurer de la
docilité du Conseil constitutionnel (affaire des ordonnances), espérer que les
Français le cul sur la plage courant après les crèmes glacées effaceraient de
leur mémoire individuelle le trauma du confinement. Bref tout misé sur les têtes de linotte et le
consumérisme maladif….alors qu’il recommence à glisser le retour de la
contre-réforme des retraites
L’allocution présidentielle n’aura que la portée que l’on
voudra bien lui octroyer quand courraient dans les rédactions et les réseaux
des scenarii : démission surprise puis représentation, dissolution,
référendum…etc et que les contres-coups de l’affaire George Floyd à Minneapolis
prenait dans des rues des villes françaises l’aspect Adama Traoré : pour
un peu tous les slogans auraient été en anglais.
L’Elysée salue la police et la gendarmerie à la façon
du personnel hospitalier qui jette les médailles dans les poubelles, escomptant
que les syndicats policiers après deux tours de table calmeront leurs ouailles.
Le pouvoir a tellement sollicité le zèle répressif policier/magistrat et obtenu
tellement de témoignages d’obéissance que l’exécutif est persuadé, comme le
disait Mme Belloubet, que tout n’est qu’ « humeur » !
Cette quatrième allocution intervient quand la France ne
subit pas encore les contrecoups, économiques, sociaux de la pandémie qui donne
des signes ou de réveil ou de soubresaut en Chine, en Grèce, aux Etats-Unis.
Ainsi une France se projette-t-elle sans connaître ce qu’il adviendra d’ici l’automne !
A croire que les impressions à volonté des billets des banques centrales
fournissent ce cannabis monétaire qui par son nombre suffirait à aplanir toutes
les tensions ….C’est peu dire que nous sommes dans des illusions même si l’on
ne croit pas forcément à une récession unique dans toute notre Histoire.
Dans cet incertain, l’échéance présidentielle américaine s’alourdit
de l’intérieur quand le ton européen change également. Ainsi, le ministre
allemand des finances affirme que Berlin a « besoin d’une France forte », témoignage supplémentaire des gages d’accalmie que l’Allemagne accorde
aux membres de l’Union avant que ne commence sa présidence le 1er
juillet qui sera pour elle tout à fait déterminante et par conséquent nous en
imposera.
De son côté, Boris Johnson fait dire qu’il place « le nationalisme anglais au-dessus de tout
considération économique » sous-entendant,
notamment, assumer un Brexit dur.
Dans son coin, Emmanuel Macron parle de « retrouver une indépendance » : c’est donc que l’on ne l’avions plus contredisant alors,
en même temps, ces propos précédents et son apologie de la souveraineté
européenne!
Souveraineté, indépendance, nation, des mots grossiers
quelques semaines plus tôt, aujourd’hui dits avec évidence. A la différence de
l’Allemagne qui reste une puissance avec son industrie sur place et/ou en très grande
majorité à moins de 2 heures d’avion, la France pour relocaliser devra obtenir
le feu vert de Bruxelles : est-ce l’intérêt de Berlin qui saisit bien
toute l’importance géo-économique à avoir la main dominante sur les productions
européennes ?
Un monologue présidentiel, une nation abasourdie, un 14
juillet disparu cette année : eau calme pas même un clapotis….eau qui dort
bout-elle en dessous ?
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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