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lundi 15 juin 2020

Macron : je monologue N°4944 14e année



La quatrième allocution présidentielle qui annonce une cinquième à quelques jours d’un 14 juillet sans défilé militaire et peut-être avec une équipe ministérielle renouvelée, a aligné des évidences (police, statues, racisme) puis n’a surpris personne en mettant l’Ile-de-France en zone verte, avant de promettre aucun impôt nouveau quand Bruxelles cherche à en proposer à l’échelle européenne, enjoint aux Français de retrouver le travail (« traverser la rue ») quand un chômage massif s’annonce…. et entonné l’air de la solidarité
Il y avait beaucoup de la méthode Coué parce que seul, son Premier ministre s’échinant à se distancer, mal aidé par un gouvernement aux ministres indécents de Castaner à Balloubet sans oublier une porte-parole dont les maladresses et les arrogances en font un modèle du genre.
Tourner la page, oubliez tout, décourager les plaintes contre les responsables ministériels et les politiques, s’assurer de la docilité du Conseil constitutionnel (affaire des ordonnances), espérer que les Français le cul sur la plage courant après les crèmes glacées effaceraient de leur mémoire individuelle le trauma du confinement.  Bref tout misé sur les têtes de linotte et le consumérisme maladif….alors qu’il recommence à glisser le retour de la contre-réforme des retraites
L’allocution présidentielle n’aura que la portée que l’on voudra bien lui octroyer quand courraient dans les rédactions et les réseaux des scenarii : démission surprise puis représentation, dissolution, référendum…etc et que les contres-coups de l’affaire George Floyd à Minneapolis prenait dans des rues des villes françaises l’aspect Adama Traoré : pour un peu tous les slogans auraient été en anglais.
L’Elysée salue la police et la gendarmerie à la façon du personnel hospitalier qui jette les médailles dans les poubelles, escomptant que les syndicats policiers après deux tours de table calmeront leurs ouailles. Le pouvoir a tellement sollicité le zèle répressif policier/magistrat et obtenu tellement de témoignages d’obéissance que l’exécutif est persuadé, comme le disait Mme Belloubet, que tout n’est qu’ « humeur » !
Cette quatrième allocution intervient quand la France ne subit pas encore les contrecoups, économiques, sociaux de la pandémie qui donne des signes ou de réveil ou de soubresaut en Chine, en Grèce, aux Etats-Unis. Ainsi une France se projette-t-elle sans connaître ce qu’il adviendra d’ici l’automne ! A croire que les impressions à volonté des billets des banques centrales fournissent ce cannabis monétaire qui par son nombre suffirait à aplanir toutes les tensions ….C’est peu dire que nous sommes dans des illusions même si l’on ne croit pas forcément à une récession unique dans toute notre Histoire.
Dans cet incertain,  l’échéance présidentielle américaine s’alourdit de l’intérieur quand le ton européen change également. Ainsi, le ministre allemand des finances affirme que Berlin a « besoin d’une France forte », témoignage supplémentaire des gages d’accalmie que l’Allemagne accorde aux membres de l’Union avant que ne commence sa présidence le 1er juillet qui sera pour elle tout à fait déterminante et par conséquent nous en imposera.
De son côté, Boris Johnson fait dire qu’il place « le nationalisme anglais au-dessus de tout considération économique » sous-entendant, notamment, assumer un Brexit dur.
Dans son coin, Emmanuel Macron  parle de « retrouver une indépendance » : c’est donc que l’on ne l’avions plus contredisant alors, en même temps, ces propos précédents et son apologie de la souveraineté européenne!
Souveraineté, indépendance, nation, des mots grossiers quelques semaines plus tôt, aujourd’hui dits avec évidence. A la différence de l’Allemagne qui reste une puissance avec son industrie sur place et/ou en très grande majorité à moins de 2 heures d’avion, la France pour relocaliser devra obtenir le feu vert de Bruxelles : est-ce l’intérêt de Berlin qui saisit bien toute l’importance géo-économique à avoir la main dominante sur les productions européennes ?
Un monologue présidentiel, une nation abasourdie, un 14 juillet disparu cette année : eau calme pas même un clapotis….eau qui dort bout-elle en dessous ?


Jean Vinatier
Seriatim 2020


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