Donald Trump a émis des réserves « sur le transfert pacifique» du pouvoir en cas de défaite. Cette possibilité inquiétante a, au moins le mérite, d’éclairer une situation intérieure américaine extrêmement fébrile qui nous ramène à 2016.
La défaite d’Hillary Clinton a tétanisé le camp démocrate et l’on sait que durant la période transitoire jusqu’en janvier 2017, le Président Obama ou son administration s’essaya à quelques embûches, une première dans l’histoire américaine que les historiens de demain narreront et détailleront. Ce propos pour dire que depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, chaque semaine de son mandat a été le théâtre de contestations récurrentes. Jamais depuis Abraham Lincoln l’histoire américaine n’avait connu de telles séquences politiques aussi violentes allant jusqu’à contester la légitimité du Président élu.
L’actuelle campagne présidentielle, exceptionnelle sur fond de COVID, empêche Joe Biden de s’exprimer ce qui l’avantage au vu de ses balbutiements et erreurs, et contraint Donald Trump d’écourter le nombre de manifestations ce qui le défavorise, la tribune étant pour lui une arme de première force. Nous sommes donc dans une campagne électorale complétement faussée ou biaisée comme le furent les élections municipales françaises en mars et juin dernier.
Dans ce climat dur, les deux candidats, en cas de résultats serrés, lutteront pour contester à tous les niveaux les résultats : comme Georges Bush en 2000 ? Non car il n’y avait pas ce niveau de haine entre les deux hommes politiques, les deux camps, les deux réseaux sans oublier l’ombre de Vladimir Poutine qui ferait et déferait le locataire de la Maison Blanche.
Notons sur ce point que l’on montre du doigt une Russie tirant les fils quand ceux manipulés par les Etats-Unis jusqu’à écouter les chefs d’Etat et de gouvernements alliés ne choque personne…. Nouveau délire dans un néo-maccarthysme…. ?
Logiquement le Président Trump accélèrera la nomination d’Amy Coney Barret à la Cour suprême des Etats-Unis au risque de se faire rappeler par l’opposition que Barack Obama avait renoncé à des nominations le terme de son mandat étant trop proche.
S’installe donc des tensions démocratiques que le goût pour les chicanes juridiques des Américains augmentera de plusieurs crans.
Ainsi pour suivre Nicole Bacharan dans le JDD : "Le 3 novembre, il n'est pas impossible que Trump soit annoncé vainqueur. Parce qu'on n'aura que les bulletins sortis des urnes". Ce n'est qu'au soir du même jour que les Etats se mettront à dépouiller les votes par correspondance, ce qui peut durer plus d'une semaine. "Le résultat pourrait être inversé. Et là, Trump hurlera à la fraude." Ce qui s'est déjà vu par le passé, lors des élections présidentielles de 2000.1
Cette échéance électorale provoque des clapotis et vagues de par le monde, les États-Unis sont, pour résumer d’un trait, à la croisée de chemins, l’un sans frontière, le second avec des bornes et dans les deux cas pérenniser leur prépotence.
Est-ce
à dire que le transfert pacifique du pouvoir a fait long feu ?Disons qu'une tentation éclot pour éviter ou décourager qu'un autre camp ne l'emporte sur l'autre.
Franchissons l'Atlantique et rappelons-nous qu'en France en 2017, le dernier Premier ministre de François Hollande Bernard Cazeneuve avait laissé entendre qu’en cas d’une victoire de Marine Le Pen le transfert du pouvoir pourrait être « compliqué ».
La dureté du transfert pacifique illustré aux Etats-Unis et en Europe (voir le Brexit) est, certainement, le portique d'entrée dans le post-démocratique
Seriatim 2020
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