L’affrontement plus que le débat entre Donald Trump et Joe Biden n’étonna que peu de gens tellement le climat politique s’est durci, assombri depuis la campagne électorale de 2016.
Les bons résultats économiques de Donald Trump s’effacent devant les dégâts provoqués par le coronavirus et les mouvements Black Lives matter. La brusquerie du président n’arrangeant rien, le camp adverse espère renverser la vapeur en dépit de leur candidat qui n’a, jusqu’au débat d’hier soir, brillé surtout que par ses absences, ses confusions et ses bégaiements.
Les démocrates misent sur une mobilisation massive des villes métropolitaines américaines aux populations plus « ouvertes » au large, aux causes des minorités que les campagnes. La montée en puissance des minorités pendant les mandats de Barack Obama font que ces dernières via des lobbies et des réseaux qui remontent pour certaines aux années 1960, ont maillé sinon le territoire du moins les espaces intellectuels, artistiques et médiatiques et n’hésitent plus par le « cancel culture » à exercer une censure qui rencontre peu de résistance et de critique.
En Europe et plus particulièrement en France où les médias sont d’une paresse intellectuelle crasse, se contentant d’ânonner ce que New York lui transmet, toute l’espérance est dans l’arrivée de Joe Biden, sorte, ici, d’un néo-Obama. Ainsi, depuis la Lituanie, Emmanuel Macron a « fustigé la dépendance européenne aux équipements militaires américains ». On est assuré que ce coup de menton médiatique disparaitra si le 3 novembre Donald Trump est battu…..
L’Union européenne n’admet pas que le Brexit et le mandat de Donald Trump constituent un tournant dans le monde anglo-américain car il est leur horizon mental depuis le traité de Versailles. Il n’est qu’à voir les titres en France où Boris Johnson prendrait « le risque d’un non deal ». A mon avis c’est plutôt Bruxelles qui devra gérer ce risque et les 50 milliards perdus que le Royaume-Uni bien habitué aux efforts et confiant sur le futur de la City et du grand large américain. Pour les Etats-Unis, on réduit la présidence Trump au seul aspect « populiste » alors même qu’il épouse largement la méfiance historique vis-à-vis de Washington depuis les autres Etats et le côté isolationniste, compris comme la protection assurée du territoire contre toute agression.
A Paris, surtout, l’on se convainc que la ville seule vote et que n’en sort que le dogme thématique ou vérité communiquée. L’Union européenne, qui monte dans le train américain avec un écart de 5 ans, ne démord pas de la fin Obama et fait l’impasse sur le peuple profond étatsunien.
Les doutes sur le déroulement démocratique du scrutin du 3 novembre font dire à certains qu’ « une guerre civile » éclaterait si l’un ou l’autre camp contestait les résultats. Quel est le poids politique des mouvements sécessionnistes dans les 50 Etats : faible ! Même si, par exemple, la Californie essaie de mettre en place un réseau consulaire ou que telle ou telle ville (toujours démocrate) en lance l’idée. Si il y avait sécession, elle viendrait, je pense à d’autres niveaux : des agences, des GAFAM….etc et n’aurait pas pour effet des « batailles rangées », les combats seraient plus invisibles, moins saisissables.
Où que l’on prenne la matière, il est indispensable de regarder le changement anglo-américain dans sa durée dans un monde qui part en vrille, où les grands acteurs profitent de la moindre hésitation de l’autre pour avancer, reculer, surprendre, brusquer.
Quel que soit le résultat le 3 novembre, le pugilat ira crescendo : gardons-nous de la naïveté, les Etats-Unis veilleront, Biden ou Trump, à leur puissance et à leur égoïsme.
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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