La politique étrangère de la Turquie depuis la tentative de coup d’Etat de 2016, ou la militarisation de l’outil diplomatique turc
« Si les journalistes réutilisent à l’envi l’adage stipulant que « les Kurdes n’ont pour seules amis que les montagnes » quand il s’agit d’évoquer la diplomatie du Kurdistan, Ankara dispose aussi maintenant de sa formule journalistique : « la Turquie, du ‘zéro-problème’ au ‘zéro-ami’ » [1]. Cette formule, qui déforme l’énoncé de la doctrine de « Zéro problème avec les voisins » (« Komşularla Sıfır Sorun Politikası ») conçue par l’ancien ministre turc des Affaires étrangères et Premier ministre Ahmet Davutoğlu en 2001, privilégie le sens de la formule plutôt que celui de la pertinence académique. Pour autant, elle traduit une tendance -ou plutôt une conséquence - de la politique étrangère turque de ces dernières années : la confrontation récurrente et croissante de la Turquie avec ses voisins et les grandes puissances internationales, distendant par la même occasion des relations pourtant autrefois très qualitatives, à l’instar de celles tissées avec l’Union européenne ou les Etats-Unis. Si la Turquie dispose d’amis, à l’instar de l’Azerbaïdjan du Président Aliev ou encore du Gouvernement d’entente nationale (GAN) en Libye, force est de constater, malgré tout, l’éloignement de la Turquie avec certains de ses anciens alliés.
Cet article entend ainsi présenter de manière synthétique l’évolution diplomatique de la Turquie au cours de la décennie passée (I) et les différents théâtres diplomatico-militaires - les deux allant souvent de pair - dans lesquels elle est aujourd’hui fortement engagée (II). Les raisons et motivations de cette politique étrangère serviront, enfin, de conclusion à cet article (III). »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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