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mardi 5 janvier 2021

Biden contre Xi Jiping : écartèlement européen N°5067 15e année

 L’équipe de Joe Biden affute ses armes face à la Chine devenue l’empire du milieu à abattre. Pour ce faire, l’Union européenne est indispensable.

Aux dernières heures de la présidence allemande, Bruxelles a signé un accord sino-européen sur les investissements qui assure surtout à Berlin la sauvegarde de sa grande sous-traitance en Chine. Elle est également la seule puissance européenne à répondre financièrement favorablement à Xi Jiping en quête d’investissement financier importé. La chancelière Merkel prend un risque et l’Union européenne avec.

De leur côté le futur gouvernement Biden a prévenu que dans ce grand défi, il utiliserait toutes les lois commerciales, un propos qui annonce des lendemains, sans doute, agités ici en Europe où faute de souveraineté ou plus exactement à cause des délégations de souveraineté, les Etats de l’Union ne savent pas comment se positionner. Bruxelles a promis de nettoyer juridiquement l’accord à peine signé et qui doit être ratifié par tout le monde. S’avance donc une bataille dont la Chine et les Etats-Unis risquent bien de faire leur miel.

L’intérêt de l’Union européenne est-il d’épouser un camp plutôt qu’un autre ? Evidemment non. L’idéal serait, justement de demeurer entre les deux molosses, être en mesure de les équilibrer, de les amener à une plus juste puissance. Or, tant à Pékin qu’à Washington, la mélodie en cours est plutôt agressive.

A Pékin on ne veut pas louper l’indépendance Internet, avoir la haute main sur leur monnaie qui serait reconnue par l’ensemble de l’Asie et complétement séparée du dollar : le nationalisme bat son plein au fur et à mesure que les étrangers quittent le pays, à l’exception de Hong Kong. Le pouvoir en punissant le fondateur d’Ali Baba rappelle que l’économie relève de  la politique  qui reste pour un chinois, même milliardaire, une cité interdite.

A Washington, le trumpisme a redonné un coup de vigueur au retour au pays de centres de production. Les démocrates, pourtant globalistes, comprennent que dans la lutte contre l’autonomie chinoise et à la lumière de la pandémie débutée au Wuhan, il était stratégique, malgré tout, d’avoir les rampes de lancement industrielles à domicile. Là-aussi le nationalisme a des chances de perdurer heurtant le cas échéant les puissants avocats des « gender » et « no border ».

Ce qui apparait, à travers le duel sino-américain, c’est que seule une puissance devrait faire convenir à tout le monde que sa loi est La Loi. Mais que penser alors de ces deux forces qui revendiquent un isolationnisme s’étendant à mesure de leur prospérité et qui placeraient les autres nations dans une vassalisation ?

Dans cet immense théâtre, l’Union européenne aurait un rôle de choix et c’est pour cela que Pékin et Washington rivalisent pour l’emmêler car au fond d’eux-mêmes, ni l’une, ni l’autre, ne veulent son existence libre.

L’Union européenne aurait-elle les moyens sur ce ring de boxe ? N’étant  pas souveraine et ses membres lui ayant déléguée les souverainetés, placées dans une remise, il est assez illusoire de la voir monter à cheval. Nous assisterons aux négociations âpres avec l’équipe Biden laquelle n’aura de cesse de marteler que c’est de l’avenir démocratique qu’il s’agira. Un sommet des démocraties aurait piètre figure. Demain, nous n’aurons-nous plus le « choix » qu’entre la reconnaissance faciale made in america ou la reconnaissance faciale made in china ! De quelle liberté parle Washington quand il exige la livraison de Julian Assenge ? Où sont les actes européens pour le sauver et l’accueillir : ce sera le Mexique qui le fera !

L’Union européenne « hanséatisée » risque de connaître le destin de ces républiques marchandes désarçonnées par des rivaux étatiques et incapables d’inaugurer des nouvelles routes économiques et/ou bien de les garder.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

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