La suspension par Twitter du compte du parti d’extrême-droite espagnol, Vox, est un acte supplémentaire d’une série de décisions arbitraires que les GAFAM s’estiment en droit d’appliquer.
Apparemment dans un autre domaine, Wall Street où une révolte de petits boursicoteurs via Reddit et regroupés en « WallStreetBets » a contredit le jeu en vase clos de grands fonds spéculatifs contre la société GameStop entrainant une réaction rapide de ces derniers sans que le combat ne dise son dernier mot.
Ce qui s’est passé quand les GAFA firent leur police à l’encontre d’un Chef d’Etat américain et de la chasse aux sorcières qui s’en suit toujours aux Etats-Unis comme ailleurs et le Teaparty de ces derniers jours à Wall Street font apparaitre de nouvelles asymétries entre des plateformes et leurs utilisateurs
La mandature de Joe Biden commence dans un pays où les ébullitions ne sont pas près de diminuer. En signant près de 30 « Executive order » soit plus de ces quatre prédécesseurs réunis, procède comme une Restauration qui ne garderait des nouveautés que celles favorables à ceux qui le mirent à la Maison-Blanche. Autant dire que tout est tout à fait malsain.
Ce climat singulier accru par la pandémie se déroule dans un environnement boursier particulier qui « a quelque peu changé depuis mars 2020, avec l’arrivée massive de particuliers sur les marchés, fortement encouragés à investir par certains gouvernements et banques centrales prêts à tout pour faire remonter les indices. Jusque-là plutôt dociles, certains de ces particuliers ont subitement pris le parti de s’attaquer aux positions vendeuses des fonds spéculatifs, en faisant remonter violemment les cours d’actions comme GameStop via un effet de meute, afin de forcer les fonds à racheter en catastrophe leurs positions.
De manière inédite, les courtiers en ligne sont intervenus (de leur propre gré ou non), limitant les achats sur certaines valeurs, voire liquidant carrément les positions de certains particuliers à leur insu. C’est notamment le cas du plus célèbre d’entre eux, l’américain Robinhood, dont les mesures à l’encontre de ses propres clients ont mis le feu aux poudres. »1
Ce coup de pied dans la fourmilière boursière a le soutien d’Elon Musk et de quelques autres ce qui montrerait, peut-être, un début de division dans le monde d’en-haut où le « pas d’alternative était indiscutée mais aussi rappellerait aux gouvernements et banquiers centraux les limites atteintes comme le rappelle Francky Bee :
« Pour les autorités politiques et monétaires américaines, l’ironie est cruelle, car c’est via ces mêmes fonds spéculatifs que tout a commencé. En effet, la défaillance de LTCM en 1998 fut le premier d’une longue série de plans de sauvetage d’institutions financières en déroute, avec toujours l’impression donnée aux citoyens que l’on distribue gratuitement de l’argent public à ceux qui ont contribué à créer les problèmes, tout en évitant soigneusement de sanctionner les personnes responsables et d’imposer des réformes de fond.
Mais le problème ne s’arrête pas là pour les gouvernements et banquiers centraux. En effet, tout semble avoir été fait depuis des années – et encore plus depuis mars dernier – pour inciter les ménages à investir massivement, au son de la rhétorique du « il n’y a pas d’alternative », corollaire du désormais célèbre « quoi qu’il en coûte ».
« Pas d’alternative » aux actifs risqués comme les actions et l’immobilier. De quoi justifier n’importe quel niveau de prix au motif que de toute façon les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas, et que de toute manière on ne les remontera jamais.
« Pas d’alternative » non plus à l’explosion de l’endettement public et de la planche à billets. Ce qui constitue une victoire par KO de la pensée post-keynésienne, sans véritable débat démocratique, et jetant aux oubliettes le concept de destruction créatrice.
Le problème de cette pensée est qu’elle a conduit les pays occidentaux à agir avec facilité, se satisfaisant de plans de sauvegardes massifs et non-sélectifs à répétition, au détriment de toute réforme sérieuse.
Dans la durée, ce type de politiques annule tout espoir de reprise durable de la croissance, avec pour uniques perspectives l’hyperinflation des actifs et un problème de perte de compétitivité qui ne cesse d’aggraver. Et alors même que la raison aurait dû conduire à utiliser de manière temporaire les facilités d’emprunt à taux bas pour engager une vraie restructuration de fond, tout en assumant la disparition d’agents économiques sans avenir.
Toutefois, l’illusion monétaire n’est pas un gadget sans conséquence. Si certains ont pu se gargariser de la hausse des prix des actifs, qu’ils soient financiers ou immobiliers, le souci est qu’une partie de plus en plus grande de la population se voit contrainte de participer à ce jeu absurde de la spéculation par crainte de tomber dans la pauvreté (en économie, on appelle ça la « peur de manquer »). D’où des comportements extrêmes comme ceux des WallStreetBets.”1
La magie des plateformes aboutit aux illusions que tout est en flux permanent tel un rouleau compresseur ne cessant pas, qu’il n’y a plus de fond mais des réseaux ou horizontalités.
Les GAFA illustrent cette éclosion que Wall Street (et ses semblables) rejoint par l’acceptation de fait de la disparition de la bourse au sens strict (offre/demande) que les algorithmes, les banques centrales devenues Hedge Funds et imprimeurs non-stop de monnaie, illusionnant les gouvernements sur cette magie où tout problème se résoudrait par le bouton impression. S’y ajoute la quête désespérée du rendement, de la nouvelle niche, par exemple par les cryptomonnaies, de même de l’emballement des traders d’en bas qui arrivent en dernière grande vague pour avoir une part du gâteau…ce qui est, en règle générale, un signal de mauvais augure.
Entre la tentation des GAFA d’être la bonne parole démocratique, de peser sur la Maison Blanche et Wall Street où l’entre-nous (fonds, FED…etc) se cabre à la vue d’autres acteurs…nous avons, sous nos yeux des asymétries d’un nouveau genre appuyées par les technologies le plus sophistiquées qui fabriquent les bombes à fragmentation. Et ce d’autant plus qu’une fois la pandémie passée les relances keynésiennes relaisseront la place aux neo-liberaux et à l’austérité
GAFAscisme: GameStop !
Note:
1-https://www.contrepoints.org/2021/02/01/390022-wallstreetbets-game-over-pour-la-finance
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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