Les élections législatives de mars 2018 avaient vu la victoire de La ligue et du M5S dont l’union au pouvoir explosa à l’été 2019. Depuis, Giuseppe Conte et le M5S gouvernent l’Italie via une coalition fragile, relative. Le choix de Matteo Renzi, fondateur de Italia Viva après son départi du Parti démocratique, de retirer deux ministres a précipité ce ministère.
La démission de Giuseppe Conte en janvier, l’échec de Roberto Fico dans sa mission d’exploration pour une équipe ministérielle conduiraient le Président italien à appeler Mario Draghi, ultime carte avant des élections législatives anticipées.
A première vue, la mission de Draghi a peu de chance d’aboutir mais ce que l’esprit cartésien remarque n’a que peu avoir avec les combinaisons humaines.
Par une ironie du sort, c’est le M5S qui a fait son succès électoral sur la détestation des élites dont Mario Draghi qui se trouve aujourd’hui dans un choix cornélien : ou bien ce parti combine avec l’ancien patron de la BCE et l’on doute que leurs électeurs les applaudissent ou bien, il y renonce au risque de perdre les législatives au profit, notamment, de la Ligue.
Le Président Mattarella qui n’a jamais caché son attachement à l’Union européenne et la BCE et n’a jamais masqué son peu d’attirance pour La Ligue et le M5S, est le seul, sans doute, pas trop mécontent de mettre Mario Draghi face au M5S. Néanmoins, Bruxelles exerce des pressions sur l’Etat italien. En effet, celui-ci devrait recevoir deux cents milliards de l’Europe dans le cadre du plan de relance, la Commission européenne croise donc les doigts pour qu’une combinaison italienne, carpe et lapin, sous l’égide ou de Draghi ou de quelqu’un du même acabit tienne le pays jusqu’en 2022, prochaine échéance électorale.
Matteo Salvini se tient en embuscade espérant réaliser ce qu’il a échoué à l’été 2019 en quittant bruyamment la coalition. Cependant le COVID est passé par là. Comme en France, les gens ont peur. Le gouvernement Conte a accepté de fermer les yeux sur les réouvertures de restaurants, de bars face aux manifestations dans la plupart des villes. Le mélange de crainte, de mécontentement peut favoriser un parti populiste qui ne s’est pas compromis à l’inverse de Giuseppe Conte et de Luigi di Maio. Mais, s’imposent aussi le pragmatisme et la réalité, c’est-à-dire ne pas louper une possibilité de renouer avec la pleine activité économique. Si pour cela, il faut accepter Draghi….
Mais la psychologie des foules a son mystère d’action que même le plus habile politique ne peut prédire. Il y a en Italie une façon d’être sur l’écume politique sans exemple en Europe.
L’Italie a été si longtemps jusqu’en 1748 le centre de l’Europe : un centre non pas géographique mais politico-religieux. Un passé historique qui resurgit au moment du traité à Rome en 1956 avec en prime, à leur demande générale, pour les signataires la bénédiction de Pie XII.
Dans un contexte différent de 1956, l’Italie revient sur le devant de la scène européenne depuis la crise ouverte en 2018 lors de la victoire populiste. Un moment conjuré en 2019, moins de deux années plus tard, l’actuelle situation sonne sans doute le glas du M5S qui se trouve quasiment contraint de baiser la main de celui qu’il honnissait. Canossa ou pas, le M5S a fait la preuve du peu de cas qu’il faisait des vociférations de son fondateur Beppe Grillo et qu’une fois au pouvoir il est aussitôt entré dans les pratiques politiciennes….
Quelle que soit l’orientation italienne, nous resterons sur une via escarpée……
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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