Depuis que la nouvelle administration américaine a lancé l’idée d’une imposition fédérale à 28% sur toutes les sociétés américaines et de projeter d’imposer les multinationales dont les GAFAM à 21% quel que soit le pays où elles opèrent, nul ne s’interroge sur le pourquoi de cette « révolution fiscale » ?
Que les choses soient bien nettes : le Président américain œuvre à la prospérité de son pays, le reste du monde devant suivre.
Ces annonces sont liées à la situation intérieure américaine. Si nos médias ne donnent plus le moindre écho aux fusillades et aux diverses tensions qui faisaient les « Une » sous Trump, la situation intérieure américaine n’en demeure pas moins en surchauffe. Ainsi face à cela, Joe Biden doit se prémunir de tout débordement, sur sa gauche par des mouvements du type « Black Lives matter », sur sa droite avec une répétition « Capitole » dans un contexte économique marqué, à nouveau, par une reprise du chômage.
L’idée principale est de mettre en place une politique de grands travaux publics à savoir la remise en état des ponts et routes comme le fit le Président Roosevelt, des grands travaux jamais renouvelés depuis. Joe Biden saisit opportunément ce souvenir rooseveltien pour soutenir l’économie et abaisser le nombre de chômeurs.
La seconde idée, toujours liée à des considérations intérieures, est de s’attacher l’aile gauche démocrate regroupant Bernie Sanders et les pro-minorités en mettant sur la table deux mesures fiscales : une imposition fédérale pour toutes les sociétés américaines à 28% au lieu de 21%, une imposition sur les multinationales dont les GAFAM à 21% quel que soit le pays où elles opèrent. Cette seconde proposition relayant un souhait émis par l’OCDE et certains pays européens.
La nouvelle politique fiscale américaine nous sera-t-elle profitable ? Dans un premier temps, ces annonces comblent un Emmanuel Macron qui pourrait à peu de frais regauchir son discours et répondre aux critiques patronales qu’au regard de l’impopularité et des inégalités ces axes américains seraient une aubaine…au moins jusqu’à la présidentielle de 2022, le but étant d’annihiler tout retour « Gilets jaunes ». A cette observation s’ajoute aussi que la France prenant la tête de l’Union européenne en janvier 2022, on en devine tout le battage scénarisé.
La sortie pandémique américaine sous un déluge de milliers de milliards de dollars par ces biais fiscaux rappelle une fois de plus que les Etats-Unis s’estiment le tempo au monde sans trop s’inquiéter « du reste du monde ». Pendant des années ils repoussèrent dédaigneusement de telles mesures1, qu’aujourd’hui ils veulent, car s’inscrivant en prélude à un retour qu’ils voudront le plus puissant possible sur la scène internationale. L’Union européenne déjà sans marge de manœuvre entre les Etats-Unis et la Chine, n’en n’aura pas beaucoup pour contester ou aménager les dires de l’administration Biden, chacun découpant ici et là quelques morceaux de la toge…
L’administration Biden essaie une inflexion aux dépens de l’ultra-libéralisme/libertarien. Pour l’heure, tout n’est que projet car il faudra l’accord du Congrès où les batailles seront fortes. L’Union européenne ne sera pas en reste, en résistance, l’Allemagne et les Pays-Bas notamment.
La machine américaine se lance, Joe Biden ne disait-il pas grosso modo que l’on se souviendrait pendant longtemps des plans de relance ? Il reste à savoir si cette inflexion aux idées ultra-libérales tiendra et si par son effet ou sa conséquence n’ouvrira pas d’autres perspectives.
Note :
1-Rappelons-nous, en exemple indirect, de l’échec de Jacques Chirac à imposer une taxe sur tous les billets d’avion…du fait de l’opposition américaine !
Jean Vinatier
Seriatim 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire