Si Donald Trump s’employait, parfois dans la confusion, à reconsidérer les relations internationales réduites aux acquêts de la Realpolitik au profit des seuls nouveaux traités commerciaux, Joe Biden ne cache pas l’inverse de son prédécesseur.
Le ton est donné : caresser Téhéran, énerver Moscou, chatouiller Pékin. C’est une offensive générale avec des tonalités différentes car même la première puissance ne peut pas se lancer partout et sur tous les champs de bataille. Pour l’heure il s’agit de tester, de prendre acte. Ainsi Joe Biden qui qualifiait Vladimir Poutine de tueur souhaite le voir en un lieu neutre alors que les tensions autour du Donbass, province ukrainienne pro-russe restent malgré tout sous contrôle, ni la Russie ni l’Ukraine via l’OTAN ne voulant d’une confrontation. Idem en mer de Chine où Pékin envoie escadrille et flotte autour de Taïwan, l’US Navy lui emboitant le pas quant à Téhéran, Washington laisse à Tel-Aviv le soin de rappeler aux ayatollahs que la liberté d’agir n’est pas pour demain ! Ces actions feraient presque effacer le retrait américain d’Afghanistan le 11 septembre prochain, date symbolique à l’adresse des Américains qui ne devront pas y voir un échec mais l’inverse : les Etats-Unis n’ont pas d’autre choix que de quitter les lieux sachant très bien, cependant, que l’actuel pouvoir afghan en tiendra pas longtemps face aux talibans.
La guerre contre la Chine est actée : elle a eu son premier volet pacifique avec Donald Trump, son deuxième volet avec Joe Biden s’il est plus fort en gueule ne devra pas conduire à un affrontement direct. L’action diplomatique américaine vise à défaire la Chine de ses appuis, l’un Iranien, l’autre Russe. C’est le début du containment.
Pour l’heure c’est la Russie qui reçoit le premier choc par Donbass interposé. Cette province pro-russe quasiment dissidente de l’Ukraine est désormais une zone rouge où chacun joue à se faire peur et où l’Ukraine confirme bien n’être qu’un État assez fantoche où seules les corruptions lui donneraient une colonne vertébrale. La demande de Kiev d’adhérer à l’OTAN se heurtant toujours aux oppositions allemande et française, le Président Zelenski gesticule et choisit, in fine d'appeler son homologue russe. Le seul point notable est la position turque sur la Crimée qui a plus de facilité à se dire protectrice des Tatars de Crimée qui vivent en toute liberté qu’épauler des Ouïghours malmenés.
Ensuite, l’Iran qui vient de rappeler avec la Russie la solidité de leurs accords stratégiques et économiques peu de temps après l’a destruction d’une centrale nucléaire, attentat qui portrait la marque « Mossad ». Les États-Unis sont moins brutaux en souvenir des accords signés du temps de Barack Obama. Or l’Iran et la Chine ont paraphé l’été dernier de considérables accords énergétiques qui délivrent largement Téhéran des inconvénients des sanctions prises par Washington.
Enfin la Chine qu’il n’est pas difficile d’exciter tant cette puissance tient à montrer sa place en mer de Chine. Les escadres et les escadrilles, chinoise, taïwanaise, américaine, se suivent. La marine chinoise a occupé un îlot philippin inhabité, Whitsun tandis qu’un navire américain tournait autour d’un îlot des îles Spratleys (Paracels et) riches en pétrole et gaz à la souveraineté disputée par plusieurs États. Ce sont des manifestations assez habituelles qui servent à tenir les opinions publiques, américaine, chinoise, taïwanaise, en haleine. Au-delà, l’administration américaine a commencé à communiquer sur le fait qu’il y aurait, demain, d’un côté les démocraties de l’autre les autocraties (Chine) ce qui effacerait à la fois les mondialistes et les patriotes. Au-delà de ces points, la question fondamentale me semble être la suivante : que préférera la Chine : être la première puissance mondiale ou bien être une Chine unie avec Taïwan ? En signant le Taïwan Act, les États-Unis doivent entrer en guerre contre la Chine en cas d’agression militaire mais d’ici 2049, date symbolique fixée par Xi Jiping, qu’aurons-nous comme rebondissements entre les deux mastodontes ? Après tout les États-Unis pour justifier de leur mainmise sur le monde n’ont-ils pas besoin d’une force correspondante ? Et à par la Chine, je n’en vois pas d’autre….
De ces trois sujets, l’Union européenne est évidemment absente, Ursula Van der Leyen et Charles Michel se disputant le protocole face à un turc amusé.
Jean Vinatier
Seriatim 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire