Le succès de l’hashtag saccage Paris aurait été plus fort encore s’il était advenu au moment des municipales de 2020…mais pendant cet épisode électoral bien singulier cette année-là, nous ne vîmes pas les opposants à la maire de Paris mettre en avant les désolations qui trouvent, aujourd’hui, un écho justifié. Le problème est le contre-temps, à cinq années de la prochaine campagne municipale ! Cependant, les reproches arrivent à point nommé pour contredire l’aura d’Anne Hidalgo tentée par une présidentielle. Il ne faut donc pas chercher bien loin pour trouver les ressorts de cette offensive, du côté de l’Élysée pour dire la chose.
On relèvera aussi que si l’entourage d’Emmanuel Macron, maintenant, est en mesure d’attaquer Anne Hidalgo, il fut complétement incapable d’avancer une candidature crédible contre cette édile…Preuve s’il en est, qu’à l’époque, Anne Hidalgo gênait un peu moins. Ce point de concurrence politique décrit et rappelé a, au moins l’avantage de faire exploser toute la protection de verre qui entourait cette municipalité, que les médias veillaient à ne pas agacer, tout juste à chatouiller entre deux flashs publicitaires.
Cycliste, je vois bien la déconstruction de Paris : faire passer la capitale au rang de ville métropolitaine puis, désormais, de faire de chaque arrondissement un bourg : la maire de Paris ne veut-elle pas que tout soit à quinze minutes ? On me dira que c’est bonne chose que de tout avoir sous la main. Mais cette attention a sa dose politique : habituer les Parisiens à ne plus vivre Paris dans sa totalité. Les constructions de tours tout autour de Paris, certaines combattues par les écologistes, rappellent les fortifications de Thiers, elles s’ajoutent à ce renfermement tout en défigurant le ciel parisien. Fermer la ville à l’extérieur immédiat mais la mettre en correspondance avec Londres et New York, est une contradiction pas notée. Les souhaits de forêts urbaines et autres jungles appelées de ses vœux par Anne Hidalgo : « ensauvager Paris » (2014). Elle commence à y réussir : insécurités, saletés, rats, détritus, graffitis sans oublier les aménagements routiers qui sous couvert d’ouvrir la ville aux « circulations douces » qui ne le sont pas, vident de son sens la rue elle-même. Ainsi en est-il pour la rue de Rivoli véritable absurdité municipale. D’une manière générale, les couloirs cyclistes n’ont de tranquillité que le principe : les gens y circulent comme des fous, s’indiffèrent les uns aux autres quand des bandes ne s’approprient pas tout le couloir se fichant de l’accident, l’ensauvagement s’y déploie. Je préfère être près des voitures, c’est plus apaisant !
Réélue en 2020 avec moins de voix qu’en 2014, sans gagner un seul arrondissement, elle est au pouvoir depuis 2001 (première adjointe jusqu’en 2014), elle ne réunit, à l’instar de nombre d’édiles, qu’un très faible pourcentage de suffrages exprimés. Les élus n’ont d’assise légitime qu’un sol de verre que la légalité du processus électoral et l’abstention des électeurs cachent. Le plus instructif a été la réponse d’Anne Hidalgo et des conseillers de Paris : le complot de « l’extrême droite », une extrême-droite qui ne pèse rien. On échappa (de justesse) aux hackers russes très en vogue et censés intervenir dans tous les événements électoraux de Washington jusqu’en Europe ! La médiocrité réactive de cette municipalité est à l’unisson de tout une coterie qui croit être la vraie voie, celui qui critique étant complotiste….
Ce soudain hashtag est heureux. Et après ? Au-delà de l’humeur critique, qu’est-il prévu ? Les Parisiens se saisiront-ils de cet hashtag à deux ans des Jeux Olympiques lesquels vont abimer Paris, pour redonner, une circulation plus intelligente, une fierté capitale, une histoire, une gestion saine des finances ?
N’oublions que derrière la maire de Paris se tiennent des acteurs puissants : Bernard Arnault, Xavier Niel, Unibail, LGBTQ, le maillage associatif « no border »….etc qui encouragent l’enlaidissement : les douches au Rond-point des Champs-Élysées, le rideau de la rue de Rivoli (Samaritaine), fondation LVMH, la tour Triangle quand la mairie de Paris se charge d’abîmer toutes les places de Paris (République, Bastille, Panthéon…etc) et nombre de trottoirs avec les charpentes de bois censés être des bancs !
Sous couvert de petits oiseaux, de budgets participatifs et autres citoyens tirés au sort dans l’opacité la plus complète, la mairie de Paris a beau jeu de dire qu’elle suit les souhaits des Parisiens. Cela atteint des sommets. Ainsi pour faire approuver le 30 kilomètre-heure dans quasiment tout Paris, David Beillard s’est appuyé sur une consultation réalisée à l’échelle de l’Ile de France où moins de dix mille franciliens s’exprimèrent : dix mille sur douze millions ! On est dans des manipulations les plus grossières.
Les mois à venir diront si ce vent de mécontentement s’évanouira ou bien s’il donnera lieu à nouveaux développements comme dans la France entière dès la fin de la pandémie actée :si Hidalgo saccage Paris, Macron saccage la France : ils sont nos bicéphales !
Voir aussi in Seriatim, Les bicéphales
http://www.seriatim.fr/2021/01/hidalgo-macron-ou-les-bicephales-n5080.html
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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