Ce matin l’article de l’Opinion, Insécurité, Macron pris dans l’engrenage signé par le duo Merchet/Trippenbach, note in fine que seule la gendarmerie garderait son calme. On se souvient, tout de même que lors de l’interpellation du général Piquemal à Calais en 2016, les gendarmes mobiles refusèrent de bouger…..
Corps militaire détaché auprès du ministère de l’Intérieur, la gendarmerie est celle qui du fait de sa double casquette a la synthèse la plus fine : le général Souboulet, trop franc devant les parlementaires en a payé le prix : je doute donc que la gendarmerie soit, aujourd’hui, passive.
D’ailleurs qui l’est aujourd’hui, calme, serein ? Bizarrement le confinement a accru ce sentiment de délitement étatique, les mesures coercitives ne sont-elles pas vécues comme des agressions injustes contre des citoyens non-coupables quand ceux qui ne le sont pas auraient les clémences des magistrats ?
Face aux inédits d’une grande muette qui écrit, le gouvernement ne sait quoi répondre aux militaires sauf à leur reprocher un jour de faire une publication publique, puis le lendemain d’être dans l’anonymat. Reprocher tout et son contraire envenime la société. L’exécutif ne semble n’avoir comme seule arme que de dénicher dans ces tribunes des mots et expressions typiques de « l’extrême droite ». C’est peut-être vrai, mais quelle importance quand les Français approuvent ce qu’écrivent ces militaires et qu’ils voient enfin, écrits noir sur blanc ce qu’ils éprouvent ?
La France n’est pas un état sud-américain qui totaliserait plus de coups d’état que de gouvernements élus. L’armée est depuis 1789 citoyenne. Son exclusion du corps électoral, après Sedan par la IIIe République naissante sous prétexte de son soutien au coup d’État du 2 décembre 1851, s’accompagna, dans les années suivantes, d’une épuration et/ou d’un fichage de tous les officiers, royalistes, bonapartistes, catholiques (lois Boulanger en 1886, puis André en 1902). Ces sévérités qui résultaient de situations particulières ne firent pas de l’armée un foyer complotiste même si plus tard le complot dit de la Gagoule y connut une grande faveur. L’armée par sa solidité dans les épreuves terribles de la Grande guerre conforta la République dans toute la société française. Le militaire, naturellement sensible au sort de la patrie sans laquelle il ne serait pas, à l’intégrité du territoire, il tend vers un ordre, aujourd’hui, que je pense pas factieux. Ce qui agite l’armée, c’est cette observation croissante des désordres, que les réponses politiques et politiciennes loin d’en conjurer les maux les avaliseraient. Ce qui agite l’armée, c’est cette prise de conscience vécue tant par ses interventions, en Afrique, en Orient, en Afghanistan, par leurs bases à l’étranger que par l’impact des opérations « Sentinelle » que face à des périls asymétriques, potentiellement systémiques, la France ne serait plus en mesure de continuer dans son histoire. Ce sont donc les résultantes de deux actions, l’une extérieure, l’autre intérieure, qui, aujourd’hui, affichent l’armée française.
La France, grand corps malade ? L’élection d’Emmanuel Macron eut cette violence de cesser l’hypocrisie des partis classiques (PS, UMP…etc) qui pratiquaient le double langage en maintenant la fiction de la fidélité à des idéologies quand ils les détruisaient au nom d’une idée européenne, d’une monnaie unique, de l’OTAN, du nomadisme bienveillant (migrations) et ainsi de suite. Emmanuel Macron a mis au pied du mur tous ces caciques et, jusqu’à ce jour, a poursuivi ses objectifs sur fond d’une France traversée par de multiples crises, sociales (Gilets jaunes), sociétales . Les phrases présidentielles sur la « non-existence de la culture française », de « déconstruction de notre propre histoire » abondent l’idée d’un Président de la République démolisseur et arasant qui aurait les faveurs des tenants d’un monde global ou mondialiste. Quid de notre identité ? Quid de notre Histoire ? La République elle-même, après un moment d’hésitation révolutionnaire se refusa à l’universalité (Robespierre fit guillotiner Anacharsis Cloots) et rentra dans le lit capétien, de même Napoléon en tentant une Europe française essaya plus l’extension maximale de notre identité avec des principes nouveaux que de nous fondre dans un magma. Pour la petite histoire, l’Allemagne appelle toujours la France : Frankreich et non Frankrepublik !
A l’échelle même européenne, la nation reste la pierre angulaire identitaire. D’ailleurs l’incapacité européenne à aller vers un fédéralisme politique, illustre combien en nous acharnant à vouloir nous cogner la tête contre les murs, nous nous offrons à tous les acteurs malveillants asymétriques.
Le mandat d’Emmanuel Macron est, sans doute, la violence de trop qu’une pratique du « en même temps » renforce et renouvelle aggravant les colères. C’est un engrenage profond dont ne sait les expressions à venir…
Source :
https://www.lopinion.fr/edition/politique/insecurite-macron-pris-dans-l-engrenage-244244
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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