Dans cette correspondance de Romuald Sciora pour l’IRIS, l’auteur expose bien la route très escarpée que la démocratie américaine prend en laissant des acteurs privés exercer une censure dans le plus parfait arbitraire. Peu importe, effectivement que l’on n’aime ou pas Donald Trump, c’est le respect pour les 75 millions de ses compatriotes qui sont placés au centre de la place de Grève pour une humiliation.
Donald Trump tient le parti républicain qui ne lui reproche pas une défaite, il a subi une injustice. Dans un précédent Seriatim sur les GAFA, je soulignais le terrible message envoyé par ces derniers : placer sous leur coupe l’État américain lui-même à travers son chef élu.
Dire qu’un combat intense se déroule entre des acteurs privés dotés d’une force de frappe financière unique et l’État, fait de vous un complotiste. Et bien, justement, ne sommes-nous pas en face d’une conjuration ?
Dans quelques jours Joe Biden lancera « l’alliance des démocraties » contre contrer la Chine (pour l’heure, l’Australie essuie les premiers feux) alors même que Julian Assange croupi brisé, dans des geôles britanniques, qu’Edward Snowden vit en Russie. La Chine sourit de tant d’aveuglement dans un pays où la politique n’est pas du tout perçue avec la même évidence que dans l’espace Atlantique. Mais, bien au-delà de cela, apparaît dans l’aire démocratique qu’un le parti de la vérité est naturel. En France, LaREM espère devenir le parti anti-fakenews, aux États-Unis le parti démocrate enfourche le cheval du Bien. On voit bien, à travers, ces manifestations que les démocraties vacillent sur leurs fondements historiques : accepter l’autre, accepter les autres. Rien n’est pire que ces partis du Bien ou de la Vérité qui, en plus, abaisseront nos différences avec la Chine. Je le disais dans un autre Seriatim au sujet de la reconnaissance faciale, le problème ne sera pas que celle-ci soit le fait des États-Unis ou de la Chine, le drame sera qu’elle existera, achevant d’ôter à l’homme sa dignité.
Il y a quelques jours, le Nigeria suspendait Twitter après la censure de son Président sur le réseau. Que croyez-vous qu’il advint, le PDG de Twitter hurla à l’atteinte aux libertés…le même homme a bâillonné son POTUS, alors en exercice !
A l’occasion d’une pandémie très faiblement mortelle, on réinstalle et réimpose les passeports sans que les citoyens ne s’insurgent (surtout en France) ni d’ailleurs les entreprises lesquelles auraient pu par un front de communauté peser sur le gouvernement. Mais entre le profit, les dividendes et les libertés des salariés aussi citoyens, le PDG n’hésite pas: la tune d’abord!
Contrairement à Romulad Sciora, je ne regarde pas le Canada comme une « démocratie parlementaire et multiculturelle apaisée, à la fois empreinte de traditions et de modernité », elle est un galop d’essai grandeur nature d’une nation mondialisée via une doxa mondialiste tout au contraire de la Suisse, qui vient, sagement, de renoncer à intégrer l’Union européenne, au terme de quinze années de négociations intenses. Y entrer, tuerait sûrement, à la fois sa confédération et ses votations.
Mais je rejoins Romuald Sciora dans sa conclusion :
« Alors, avant d’aller jouer les Jedi avec une
pseudo alliance des démocraties – bonjour les relents de guerre froide – qui
selon moi ne ferait qu’accroître la division du monde, le président américain
ferait bien tout d’abord de balayer devant sa porte.
Car si un vrai travail de refonte de la démocratie en Amérique n’est pas
entrepris, si des atteintes à la liberté d’expression comme celles que viennent
de commettre Twitter et Facebook se poursuivent, il se pourrait bien que la
vieille République américaine ne puisse pas tenir le coup.
Et comme je l’ai déjà écrit dans ces mêmes colonnes, son effondrement au cours
des prochaines décennies pourrait entraîner une dynamique similaire à celle de
la vague des révolutions qui avaient suivi sa proclamation en 1776. »
JV
« En janvier, Facebook avait suspendu le compte de
Donald Trump, sans annoncer la durée de cette sanction.
Il y a quelques jours, le couperet est tombé. Le réseau social vient de décider
de fermer pour au moins deux ans le compte de l’ancien président des
États-Unis.
« La décision de Facebook est une insulte aux 75 millions de personnes qui ont
voté pour nous en 2020 », a aussitôt répliqué le Donald dans un communiqué,
ajoutant que le géant des réseaux sociaux « ne devrait pas être autorisé à s’en
tirer avec cette censure et ce muselage ».
En effet, après la récente clôture de son compte Twitter et la décision qui
vient d’être prise par Facebook, on peut vraiment parler de muselage en ce qui
concerne le milliardaire new-yorkais.
Certes, l’homme est détestable et ses tweets trop souvent injurieux et
mensongers. Certes, son comportement et ses propos lors de l’invasion du
Capitole par ses supporters sont plus que condamnables, mais ce n’est pas à
Jack Dorsey, ni à Mark Zuckerberg, respectivement patrons de Twitter et de
Facebook, de décider qui peut s’exprimer ou qui détient la vérité. »
La suite ci-dessous :
https://www.iris-france.org/158157-joe-biden-ou-lapprenti-jedi/
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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