La présidentielle prochaine se met sur des rails du déjà-vu. C’est comme les suites au cinéma : Les Visiteurs 1 puis 2 …etc.
Après le faux Grand débat qui devait biffer les conséquences des protestations des Gilets Jaunes et enterrer tous les cahiers de doléances, voici le retour aux sources depuis un villa- ge de 198 habitants. Saint Cirq Lapopie est magnifique (je le visitais enfant, étant de la région), longtemps resté dans un semi-abandon, il est devenu la villégiature de bobos avec à sa tête un sénateur-maire socialiste passé chez LAREM. Le retour aux sources est surtout Rive Gauche dans un décors de carte postale d’un sud-ouest politiquement et historiquement ancré à gauche (rad-soc, communiste, socialiste).
Cette pré-campagne présidentielle se fait en violation avec toutes les règles d’équité avec d’autres candidats puisque le Chef de l’État bénéficierait de tout l’appareil de l’État, de ses moyens logistiques, financiers et sécuritaires : un périple macronien qui nous coûtera une « blinde » avec un Président de la République portant au quotidien un gilet par balles (non, il n’a pas grossi), une sécurité rapprochée doublée, l’Élysée devenant un blockhaus qu’envierait un Vladimir Poutine ou même un Xi Jiping : et nous sommes au pays des droits de l’Homme !
Cette appropriation des moyens de l’Etat n’empêche pas le conseiller Séjourné d’exiger la limitation du temps de parole de chroniqueurs politiques (Eric Zemmour) chez lesquels se détectait une ambition politique.
Dans ce remake du Grand débat, un sondage accorderait une image positive à Emmanuel Macron (41%) malgré une gestion de la pandémie médiocre et les lois sécuritaires. Certains douteront de ce degré de popularité, je le crois exact. Les Français ont été les plus passifs lors de cette pandémie : quand toute l’Europe descendait dans les rues pour dénoncer les atteintes aux libertés, les jeunes français ne le firent que pour demander la fête (teuf) : c’est significatif et qui explique que l’utilisation de MC Fly et Carlito (sur nos deniers ?) n’était pas une erreur. Emmanuel Macron est logique dans sa déconstruction de l’histoire de France, de la négation de notre culture : le premier, en 2016/17, ne fit-il pas de la cancel culture ? Le wokisme présidentiel est bien huilé.
Ce grand tour marchera-t-il ? La question n’est pas là. On sait bien qu’un déplacement présidentiel même avec une « garde prétorienne » attire les badauds et il est facile de monter en épingle un sourire en enthousiasme.
Dans un précédent Seriatim, j’évoquais la présidentielle de 2022 comme un non-événement et je prenais pour l’exemple celui de Marine Le Pen. Mais cela vaut tout autant pour Emmanuel Macron : nous sommes pieds et mains liés dans la Non alternative : chacun des candidats tourne en rond tel un poisson rouge dans son bocal. Les seuls qui refusent la non-alternative sont les moins assurés des votes ! Ainsi, l’alternative politique qui était l’évidence devient aujourd’hui, l’interdit. Nous vivons un moment sociétal qui réduit la politique à la portion congrue. Quand une Marlène Schiappa souhaiterait avoir un Cyril Hanouna comme animateur du débat du second tour, ce n’est pas une fantaisie : adieu le journaliste, place à l’animateur.
Ce mouvement de la non-alternative où plus précisément de l’incapacité des citoyens à établir un nouveau modèle politique est un fait majeur de notre temps. Si en Chine la politique est une « cité interdite », en Europe, elle devient un accessoire de la société du spectacle. Quand Louis XIV se mettait en scène lors des carrousels et des ballets, il était le politique (Roi) qui donnait le tempo (Majesté) et réaffirmait l’ordre (divin) . Aujourd’hui, Emmanuel Macron n’est qu’un animateur ou bateleur dans une scénique qui n’est pas son fait. Lui-même qui joue le rôle du maître obéit à une multitude de fils .
Dans un monde qui ressemble de plus en plus à un feu de tourbière, dans des sociétés de plus en plus liquide, le politique le devient lui-même rendant, d’ailleurs les contestations encore plus difficiles à mener à terme ou à atteindre un but.
D’un décor splendide, Saint-Cirq Lapopie, l’aplatissement des édiles, les « empressés populaires cadrés » et les mièvreries médiatiques seront les ornements d’un cirque présidentiel itinérant qui veillera, sans avoir de compte à rendre, à sa maîtrise arbitraire des jauges (merci le Conseil Constitutionnel), à recréer les passeports intérieurs (pass’sanitaire), à contraindre demain jusqu’aux nourrissons les vaccins (pour le plus grand bénéfice des labos) quand tout autour surveillant, fichant , traçant seront les forces de l’ordre sécuritaire globale. Des mécaniques, des engrenages, tragiques…..
In Seriatim :
25 mai :
http://www.seriatim.fr/2021/05/pourquoi-macron-peut-il-babiller-et.html
18 mai :
http://www.seriatim.fr/2021/05/2022-vers-le-non-evenement-presidentiel.html
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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