Comment organiser le spectacle de la présidentielle ? Car nous en sommes à ce degré : organiser un festival…..
Emmanuel Todd dans son analyse des régionales, où il n’a pas brillé, a, néanmoins, dit quelque chose de fondamentale : les Français n’ont pas compris que l’Union européenne les encastrait. C’est bien exact et les seuls intervenants politiques qui peuvent vendre une liberté de manœuvre périphérique, sont les Verts. Par leurs discours autour de thématiques véritables liées aux questions climatiques et environnementales où entrent les problématiques migratoires, ils attirent vers eux tout un électorat urbain, jeune, féminin, aisé, connecté pour lequel la soumission, au soft power américain, à Bruxelles, à l’euro et aux idées des sociétés ouvertes », s’imbrique très bien aux soucis climatiques du quotidien. La confusion y est certes totale mais, cet électorat fonctionne ainsi convaincu de plus que le nomadisme est une question de standing de vie, que tout doit apporter de l’argent : par exemple, se développe le principe de la location de l’appartement pour une demi-journée (matin, après-midi, soirée)…. C’est donc un électorat qui sous couvert de combats contre le nucléaire ou la voiture encourage en réalité le modèle économique actuel reposant sur une hyperconsommation, une augmentation perpétuelle des consommateurs, les mouvements des populations qu’ils voient comme le leur en individuel..
Il n’est donc guère surprenant que le scrutin des régionales et des départementales avec une participation réduite (34%) favorise un corps électoral à la fois âgé et « bio » : le premier parce qu’il accepte les contre-réformes macroniennes (retraite, par exemple) qu’il voit en garantie supplémentaire du versement de la retraite, le second par la posture sociale qui se voudrait rebelle.
Quid des 66% qui ne votèrent pas ? Certains commentateurs dirent que nous assisterions à deux mouvements sécessionnistes :celui des « élites », celui du « peuple ». Ces deux mouvements ne se confondent pas : les premiers s’organisent pour s’épanouir dans une aire géographique la plus favorable possible tout en veillant à ce que le théâtre démocratique garde son public dans une jauge de 50% ; le second, se replie sur lui-même soit parce qu’il s’en fout, soit parce qu’il se lasse de la fausse alternative, soit parce qu’il admet que le champ politique (le forum) n’est plus le sien et que les tournois peuvent se faire entre « chevaliers » sans eux !
C’est peu dire que débattre autour des conséquences négatives ou pas de l’encastrement de la vie démocratique française du fait de l’Union européenne, n’attire personne et contente, une minorité ou des minorités agissantes.
Je l’ai déjà écrit, Emmanuel Macron n’est pas terminé (à moins d’événements soudains et violents). En politique tant qu’on n’est pas entre quatre planches, l’espoir est permis. C’est son cas. Car si on a critiqué sa stratégie pour les régionales en voulant désarçonner Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse (Traitresse), il a, involontairement ou pas, aiguiser les appétits d’une droite et exciter la gauche par son maintien dans ses présidences. En fait il a multiplié, non pas les pains mais les ambitions : Jésus à l’insu de son plein gré !
A droite, outre la candidature de Marine Le Pen, vous aurez une lutte interne aux Républicains (Wauquiez, Retailleau, Barnier) plus deux autres ex-Républicains, Pécresse, Bertrand. S’y ajoute une possible entrée sur scène d’Eric Zemmour à la condition d’avoir 500 signatures qui effacerait Dupont-Aignan mais pas celle de Jean Lassalle, assuré d’avoir les paraphes en nombre. Donc à droite, nous avons déjà 8 candidats potentiels. Au centre, le leader de l’UDI, Lagarde tentera l’aventure quand Bayrou se contorsionnera en fonction de ce qu’il obtiendra de l’Elysée. A gauche, les Verts sont déjà deux (Piolle et Jadot), plus Jean-Luc Mélenchon, un candidat communiste et la socialiste Hidalgo, en oui/non/peut-être avec en prime, qui sait une Christiane Taubira, soit entre cinq et six têtes de gondole. Avant-même le premier tir, c’est le transport en commun en heure de pointe….
De cet enthousiasme d’une classe politique qui ne se différencie plus fondamentalement, maintenant que Marine Le Pen se lisse, ce ne sont plus des personnalités qui se disputent l’Élysée mais des clones. La prospérité des clones se nourrit des contradictions françaises : d’un côté les Français disent se retirer du débat politique car ils ne voient plus d’alternative et quand une leur ait proposée, ils se précipitent du côté opposé ou ne bougent plus !
Ce qui gêne actuellement celles et ceux qui tirent les ficelles au-dessus de la tête de Macron réduit au rôle de candidat à l’embauche chez JPMorgan ou de preneur de notes à Versailles face au patron de Black rock, c’est le vide de la salle du spectacle. D’où ces ballons lancés pour rendre le vote obligatoire, installer le vote électronique…etc.
Même pour les plus mondialisés et promoteur de tel ou tel mondialisme, la case démocratie reste incontournable comme décors qui commence furieusement à ressembler à ces fabriques et ruines dont l’aristocratie française était friande aux XVIIIe siècle (désert de Retz/Monville, Monceau/Carmontelle pour le duc d’Orléans) quand elle ne s’adonnait pas aux Bagatelle (comte d’Artois). Ce qui change, c’est que les gens le voient d’où ces contraintes que l’on commence à rendre publique alors même qu’aux États-Unis, les fraudes liées au vote électronique commencent à grossir. C’est là que le bât blesse.
Emmanuel Todd écrit que nous sommes déjà dans une société post-démocratique. Je crois qu’à l’instar de l’Union européenne où l’on viserait l’effacement de la nation au profit de régions, il y a un pas que nul n’ose franchir : les « élites » ou oligarchies quoique les plus actives à y parvenir sont issues de ce monde démocratique et national et ont, au dernier moment, encore un blocage psychologique que n’auront pas leurs héritiers ou successeurs.
Tant à l’échelle européenne qu’à celle française, nous arrivons à cette limite qui veut de tout puissant que vous soyez, vous vous heurterez à une impuissance à laquelle répondrait le silence populaire. Entre la souveraineté nationale et le monde idéologisé (mondialisme), la démocratie ressemble à ces oiseaux englues, les hommes seuls pouvant les sauver ou les laisser périr.
Conclusion: 2022: le choc des clone ou le début du transhumanisme politique?
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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