L’errance d’Emmanuel Macron en Irak (Asie moyenne orientale) où il complimenta les chiites, les sunnites, sourit aux Kurdes, avant de dire au détour d’une phrase que si les Américains partaient la France resterait, n’était en rien un discours de Phnom-Penh (ci-dessous) : point de hauteur, que du rase-motte en mode zozote. En cette fin afghane pour l’aire Atlantique, entre débandade américaine (un peu mise en scène pour l’intérieur des USA) et le grand air des femmes afghanes entonné par le duo Hidalgo/Macron, les Anglais, y mirent ajoutèrent une touche supplémentaire de cynisme par l’évacuation de plus de 200 chiens et des chats mais point des 24 employés qui s’en occupaient….
Si en 1966 toute l’Asie avait compris et applaudi le discours du Général sans avoir alors la force de lui donner une réalité, cette même Asie d’août 2021 (Japon, Taïwan inclus), une fois, l’étonnement passé, se dit que décidément le XXIe siècle sera le sien…
Regardons la Chine : Que l’on relise bien les derniers discours de Xi Jiping et que l’on note toutes les mesures prises pour reprendre en main les multinationales chinoises : Nous devrions aussi agir de cette sorte, faire cesser que des groupes colossaux dictent leurs volontés aux Etats et aux peuples.
L’on ne mesure toujours pas ici, les multiples conséquences des événements afghans et on ne les verra pas tant que l’on n’ôtera pas les lunettes américaines collées sur nos nez !
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"Discours de Phnom-Penh, 1er septembre 1966
Le général de Gaulle prend la
parole au Complexe sportif national de Phnom -Penh, au cours d'une réunion
populaire à laquelle assistent 100 000 personnes. L'exposé de ses vues sur le
conflit vietnamien, sur les responsabilités encourues dans son déclenchement,
sur le seul moyen d'y mettre un terme, doit un retentissement particulier au
fait qu'il est prononcé à proximité des frontières du Viêt-nam et au lendemain
de l'audience qu'il a accordée au Délégué général de la République du No rd
Viêt-nam à Phnom-Penh, M. Nguyen Thong.
De tout cœur, je remercie Son
Altesse Royale le prince Norodom Sihanouk de nous réserver
un accueil aussi magnifique dans
sa noble capitale. En même temps, je remercie le peuple khmer de m'apporter cet
extraordinaire témoignage de sa généreuse confiance, ainsi que de l'amitié
profonde qui unit nos deux pays.
L'amitié, la confiance ! Oui ! Entre le Cambodge et la France, quelle que soit la diversité des origines et des latitudes, que d'affinités, en effet ! De part et d'autre, une histoire chargée de gloires et de douleurs, une culture et un art exemplaires, une terre féconde, aux frontières vulnérables, entourée d'ambitions étrangères et au-dessus de laquelle le péril est sans cesse suspendu. Le fait, qu'il y a un siècle, les deux nations associèrent pour un temps leurs destinées a pu, certes, aider le Cambodge à maintenir son intégrité tandis que la France y trouvait un très utile concours. Mais, ensuite, ayant, d'un commun accord, séparé leurs souverainetés et donné comme base à leurs rapports une amicale coopération, voici que l'estime et l'affection que se portent mutuellement les deux peuples sont aujourd'hui plus grandes que jamais.
Cette estime et cette affection, il me faut dire que, pour nous Français, elles sont amplement justifiées par ce que fait le Cambodge, depuis qu'il y a treize ans il a repris l'entière disposition de lui-même. Nous voyons le Royaume, malgré de graves difficultés, agir en faveur de l'équilibre et de la paix dans la région du monde où il se trouve, tout en maintenant sa personnalité, sa dignité, son indépendance. Nous assistons, sous l'impulsion très dynamique de Votre Altesse Royale, à un développement intérieur, dont des centaines d'écoles, d'hôpitaux, de dispensaires, des milliers de petites et de moyennes entreprises, des milliers de kilomètres de routes et de pistes, des dizaines de milliers d'hectares de plantations - le tout réalisé par des ingénieurs, des experts, des travailleurs cambodgiens - attestent d'année en année la vigueur et l'étendue. La devise "Le Cambodge s'aide lui-même", que Votre gouvernement a inscrite sur tous les chantiers, est, pour le peuple khmer, un motif de juste fierté et, pour d'autres, un encourageant exemple. Nous constatons, au surplus, que cet effort national ne détourne nullement votre pays de recourir à la langue et à la culture françaises, ainsi qu'aux professeurs, aux techniciens, aux médecins, aux industriels français, pour aider à ses propres progrès, tout en utilisant des concours fournis d'ailleurs et en faisant légitimement en sorte que les réalisations accomplies sur son territoire aient été voulues par lui et le servent directement. Au total, nous voyons le Cambodge, bien qu'il demeure fidèle à ses antiques traditions, s'ouvrir délibérément à la civilisation moderne et, grâce à une rare stabilité intérieure, accomplir pas à pas, au profit de tous ses enfants, une remarquable transformation.
Mais, tandis que le Royaume avance dans la bonne voie, pourquoi faut-il qu'à ses frontières la guerre provoque un déchaînement de massacres et de ruines qui menace son propre avenir ?
Ces malheurs, le Chef de l'État khmer les avait prévus, mais il avait aussi indiqué à temps ce qu'il convenait de faire pour les conjurer, à condition qu'on le voulût de bonne foi. Au lendemain des accords de Genève de 1954, le Cambodge choisissait, avec courage et lucidité, la politique de la neutralité, qui découlait de ces accords et qui, dès lors que ne s'exerçait plus la responsabilité de la France, aurait seule pu épargner à l'Indochine de devenir un terrain d'affrontement pour les dominations et idéologies rivales et une sollicitation pour l'intervention américaine. C'est pourquoi, tandis que votre pays parvenait à sauvegarder son corps et son âme parce qu'il restait maître chez lui, on vit l'autorité politique et militaire des États-Unis s'installer à son tour au Viêt-Nam du Sud et, du même coup, la guerre s'y ranimer sous la forme d'une résistance nationale. Après quoi, des illusions relatives à l'emploi de la force conduisirent au renforcement continuel du Corps expéditionnaire et à une escalade de plus en plus étendue en Asie, de plus en plus proche de la Chine, de plus en plus provocante à l'égard de l'Union Soviétique, de plus en plus réprouvée par nombre de peuples d'Europe, d'Afrique, d'Amérique latine, et, en fin de compte, de plus en plus menaçante pour la paix du monde.
Devant une telle situation, dont tout donne, hélas ! à penser qu'elle va aller en s'aggravant, je déclare ici que la France approuve entièrement l'effort que déploie le Cambodge pour se tenir en dehors du conflit et qu'elle continuera de lui apporter dans ce but son soutien et son appui. Oui ! La position de la France est prise. Elle l'est par la condamnation qu'elle porte, sur les actuels événements. Elle l'est par sa résolution de n'être pas, où que ce soit et quoi qu'il arrive, automatiquement impliquée dans l'extension éventuelle du drame et de garder, en tout cas, les mains libres. Elle l'est, enfin, par l'exemple qu'elle-même a donné naguère en Afrique du Nord, en mettant délibérément un terme à des combats stériles sur un terrain que, pourtant, ses forces dominaient sans conteste, qu'elle administrait directement depuis cent trente-deux ans et où étaient installés plus d'un million de ses enfants. Mais, comme ces combats n'engageaient ni son bonheur, ni son indépendance et qu'à l'époque où nous sommes ils ne pouvaient aboutir à rien qu'à des pertes, des haines, des destructions, sans cesse accrues, elle a voulu et su en sortir sans qu'aient, de ce fait, souffert - bien au contraire ! - son prestige, sa puissance et sa prospérité.
Eh bien ! La France considère que les combats qui ravagent l'Indochine n'apportent, par eux-mêmes et eux non plus, aucune issue. Suivant elle, s'il est invraisemblable que l'appareil guerrier américain vienne à être anéanti sur place, il n'y a, d'autre part, aucune chance pour que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi de l'étranger venu de l'autre rive du Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient ses armes. Bref, pour longue et dure que doive être l'épreuve, la France tient pour certain qu'elle n'aura pas de solution militaire.
A moins que l'univers ne roule vers la catastrophe, seul un accord politique pourrait donc rétablir la paix. Or, les conditions d'un pareil accord étant bien claires et bien connues, il est encore temps d'espérer. Tout comme celui de 1954, l'accord aurait pour objet d'établir et de garantir la neutralité des peuples de l'Indochine et leur droit de disposer d'eux-mêmes tels qu'ils sont effectivement, en laissant à chacun d'eux la responsabilité entière de ses affaires. Les contractants seraient donc les pouvoirs réels qui s'y exercent et, parmi les autres États, tout au moins les cinq puissances mondiales. Mais la possibilité et, à plus forte raison, l'ouverture d'une aussi vaste et difficile négociation dépendraient, évidemment, de la décision et de l'engagement qu'aurait auparavant voulu prendre l'Amérique, de rapatrier ses forces dans un délai convenable et déterminé.
Sans nul doute, une pareille issue n'est pas du tout mûre aujourd'hui, à
supposer qu’elle ne le devienne jamais. Mais la France estime nécessaire
d'affirmer qu'à ses yeux il n'en existe aucune autre, sauf à condamner le monde
à des malheurs toujours grandissants. La France le dit au nom de son expérience
et de son désintéressement. Elle le dit en raison de l'œuvre
qu'elle a accomplie naguère dans
cette région de l'Asie, des liens qu'elle y a conservés, de l'intérêt qu'elle
continue de porter aux peuples qui y vivent et dont elle sait que ceux -ci le
lui rendent. Elle le dit à cause de l'amitié exceptionnelle et deux fois
séculaire que, d'autre part, elle porte à l'Amérique, de l'idée que, jusqu'à
présent elle s'en était faite, comme ce lle-ci se la faisait d'elle-même,
savoir celle d'un pays champion de la conception suivant laquelle il faut
laisser les peuples disposer à leur façon de leur propre destin. Elle le dit
compte tenu des avertissements que Paris a depuis longtemps multipliés à
l'égard de Washington quand rien encore n'avait été commis d'irréparable. Elle
le dit, enfin, avec la conviction, qu'au degré de puissance, de richesse, de
rayonnement, auquel les États-Unis sont actuellement parvenus, le fait de
renoncer, à leur tour, à une expédition lointaine dès lors qu'elle apparaît
sans bénéfice et sans justification et de lui préférer un arrangement
international organisant la paix et le développement d'une importante région du
monde, n'aurait rien, en définitive, qui puisse blesser leur fierté, contrarier
leur idéal et nuire à leurs intérêts. Au contraire, en prenant une voie aussi
conforme au génie de l'Occident, quelle audience les États -Unis retrouveraient-ils
d'un bout à l'autre du monde et quelle chance recouvrerait la paix su r place
et partout ailleurs ! En tout cas, faute d'en venir là, aucune médiation
n'offrira une perspective de succès et c'est pourquoi la France, pour sa part,
n'a jamais pensé et ne pense pas à en proposer aucune.
Où donc, mieux qu'à Phnom-Penh, aurais-je pu formuler cette attitude et cette espérance, puisque ce sont aussi celles du Cambodge, puisque le Royaume, au milieu de l'Indochine déchirée, apparaît comme un modèle d'unité et d'indépendance, puisque l'amitié a ctive de nos deux gouvernements et de nos deux peuples est aujourd'hui plus vivante que jamais, puisqu'en voici la preuve inoubliable !
Vive le Cambodge!"
Jean Vinatier
Seriatim 2021