ci-dessous le récent article de Philippe Lemayrie et l’entretien de Samuel Laurent de 2014, un peu daté mais dont le mérite est de signaler les liens qui pourraient s'enchaîner....
« Ils en rêvaient. Les talibans l’ont fait. Pour les groupes armés djihadistes au Sahel, la déconfiture occidentale en Afghanistan est la preuve qu’une victoire est possible, et même proche. « Félicitations à l’émirat islamique », victorieux après « vingt ans de pa-tience », exulte dans son prêche audio du 10 août Iyad Ag Ghali, le fondateur et chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié depuis sa création, en 2017, à la fois à Al-Qaida et à l’émirat taliban. Il en profite pour souligner « l’échec cuisant de la France au Sahel », ajoutant : « Nous sommes en train de l’emporter, notre heure est venue ».
Il y a fort à parier que les chefs de l’autre mouvance djihadiste sahélienne — l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), affilié plutôt à Daech — sont sur un même petit nuage, depuis que Kaboul et l’ensemble des villes afghanes sont tombées comme des fruits mûrs, quasiment sans combats ; et que Paris — las de faire le ménage quasiment tout seul dans les confins sahéliens -– a annoncé une transformation et surtout une réduction drastique de son dispositif militaire dans la région. Une exaltation qui contraste avec l’atonie de l’actuel pouvoir malien — qui semble ne pas se relever du double coup d’État fomenté par sa propre armée, « grand corps malade » de la région (1) ; ou l’attentisme des autres pays sahéliens, qui — bien qu’également menacés par les groupes djihadistes — ont bien d’autres défis à relever.
Fuite en avant
L’opinion au Sahel a pourtant été saisie, plus qu’ailleurs sans doute, par les images de débandade et de folie sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul le 15 août, diffusées dans le monde entier. « Retrait annoncé de la force française sur le sol malien : faut-il s’attendre au même scénario qu’à Kaboul ? », titrait le 18 août, à Bamako, le journal Le Soir.
Chez les politiques, une des rares réactions à contre-courant aura été celle de l’ancien ministre malien des affaires étrangères, Tiébilé Dramé, qui demande qu’on tire les leçons de « l’échec afghan » tant qu’il en est encore temps : « Quel message nous envoient les images de l’aéroport de Kaboul ? Depuis des années, des activistes réclament régulièrement le départ des troupes étrangères, reprenant, ce faisant, les demandes des chefs de guerre. Mais il faut voir la réalité en face : les troupes étrangères font un travail utile. Nous devrions sérieusement réfléchir aux conséquences d’un départ précipité non coordonné », conseille-t-il.
« La démoralisation — ou au mieux le doute —, au sein des cercles officiels, civils et militaires, est patente, diagnostique de son côté l’ancien diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah, président du Centre 4s, qui a été (entre autres) représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest. Avec le retrait précipité et chaotique des troupes américaines et alliées d’Afghanistan, un nouvel élan émerge au profit des groupes armés au pire moment pour le Sahel et toute la région ».
La suite ci-dessous :
https://blog.mondediplo.net/bienvenue-au-sahelistan
Samuel Laurent : Après l’Afghanistan : Le sahelistan (2014)
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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