Michel-Ange Flori célèbre depuis sa campagne d’affichage de Macron en Hitler, récidive, après sa première condamnation, en le représentant en Louis XVI….
La caricature pour avoir son efficacité et sa force doit prendre la précaution d’être en correspondance entre ce que l’on veut dénoncer et ce qui est censé la caractériser. Quand Charlie Hebdo satire sur Mahomet, ce journal ne le dessine pas sous d’autres personnages.
Macron n’a pas rédigé Mein Kampf, n’occupe aucun pays et n’envoie personne vers les camps de la mort. Sa campagne de stigmatisation contre les non-vaccinés est honteuse mais sans ressemblance avec les idées politiques d’Adolf Hitler.
Michel-Ange Flori commet la même erreur avec Macron en Louis XVI. S’il y a bien un monarque qui ne fut pas un despote, ce fut bien Louis XVI ! Les biographies sur le Roi, les études sur le XVIIIe siècle et la Révolution française sont en nombre et en qualité pour que l’on cesse justement de tomber dans ce travers….
Louis XVI a redonné à la France sa place dans le monde avec la guerre d’Indépendance américaine et les grands voyages scientifiques et géopolitiques (La Pérouse) autour de la planète quand Emmanuel Macron parle à une chaine étrangère de déconstruire l’histoire de France et nie notre culture. Louis XVI a échoué à réformer le royaume face aux privilégiés et à l’absence de soutien populaire (1787/88) après avoir usé de toutes les institutions existantes alors. Louis XVI et Emmanuel Macron ne se comparent pas.
Je veux bien que la Révolution française garde encore chez bien des Français des images d’Epinal savamment installés par Michelet mais tout de même comparons avec ce qui est comparable ! On me répondra que les libelles des années 1780 montraient l’impuissance du Roi, les « fureurs utérines » de la Reine avec Artois et Fersen, qu’on le montrait en « gros cochon ivrogne » alors même qu’il ne buvait que très peu de vin mais dans le même temps Louis XVI était mis en parallèle avec Henri IV ! A cette époque le Roi était moqué pour lui-même.
Quand les dessinateurs montraient de Gaulle en Louis XIV ou Valéry Giscard d’Estaing en Louis XV, d’abord cela faisait rire, ensuite, il y avait quelques clins d’œil historiques taquins : grandeur Louis XIV/de Gaulle, douceur de vivre et snobisme royal pour VGE.
La caricature est crédible, audible, populaire quand elle a une assise et une lecture spontanée. Ces campagnes de Michel-Ange Flori montrent surtout que la connaissance de l’histoire n’est plus qu’une succession d’images, d’émotions et d’idées reçues que l’on tente via des émissions de télé et des sites Internet de recoller au grès des humeurs.
A son insu, Michel-Ange Flori ne caricature pas, il déverse sa colère. Mais attention, à force d’exciter, d’encourager aux excès, se libèrent des écluses aux eaux redoutables. Le cas des fausses guillotines et de la liste des élus est un signe.
Emmanuel Macron (avec son électorat) a sa part de responsabilité dans le climat délétère au point que des généraux s’expriment. Sans doute assistons-nous à la convergence d’une morgue ou d’un mépris présidentiel avec le perception du délitement identitaire français où les périls ne cessent pas de se rapprocher.
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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