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dimanche 1 août 2021

Passe sanitaire : vers le 5 août N°5676 15e année

Les manifestations d’hier ont confirmé la montée en puissance, au milieu des congés estivaux, de la colère contre l’instauration du passe sanitaire. Remarquons d’entrée, que les défilés ne donnèrent lieu à aucun pillage ou destruction de devantures et que les cortèges rassemblèrent des Français d’univers aussi opposés que le chrétien traditionaliste et le militant NPA : certains manifestants en firent la remarque, en notèrent l’étrangeté tout en s’en accommodant très bien. Ce constat pour souligner que le spectre contestataire envers l’instauration d’un passe sanitaire commence à cheminer du haut en bas et de droite à gauche de la société française, un courant électrique encore très hétérogène et pas encore intellectualisé mais qui se montre, ne se cache plus.

Le passe sanitaire s’inscrit dans la logique et la suite des lois sécuritaires votées, notamment, depuis le quinquennat d’Emmanuel Macron avec pour principal effet, la fin de l’anonymat : pour aller prendre un café, un verre, manger, vous devrez afficher votre identité. Les cafetiers, bistrotiers, restaurateurs, pour ne retenir que ce secteur, sauront tout de leur clientèle, trouvant là, pour certains d’entre eux, une source nouvelle de profit. Autrefois, les hôteliers demandaient le passeport, obligeaient le client à remplir un cahier avec les noms et adresse, nous assistons à son retour élargi à d’autres secteurs. Il n’y a pas si longtemps, l’État obligeait les gens du voyage à avoir un passeport intérieur supprimé seulement en 2016 et qui réapparait aujourd’hui sous un autre nom.

La caractéristique générale du passeport sanitaire est la fin de l’anonymat,  de l’accès aux soins contrevenant à des siècles d’hospitalité comme l’est le sauvetage en mer (demain il faudra brandir un passe sanitaire pour être secouru ?), du secret médical ne choquant absolument pas le corps médical étonnamment muet sur un objet fondamental qui établissait la même confiance qu’entre un confessé et son confesseur : désormais, une société comme Otentik disposera d’une montagne de données qui rapporteront des centaines de millions d’euros et plus. Ce transfert et ce lien malsain entre l’État et des sociétés privées abolit la liberté fondamentale pour un homme qu’est l’anonymat. D’ici deux ans, la BCE mettra en service l’euro numérique, qui aura pour but de tarir l’argent liquide, autre moyen d’être anodin et anonyme dans ses parcours et désirs quotidiens.

A cette fin de l’anonymat qui ne révolte pas les jeunes, des moutons sur trottinette, se greffe le risque de perdre son emploi si via la vaccination, on n’obtient pas le passe sanitaire. Sur ce point, le gouvernement indispose le monde de l’entreprise qui y voit une source d’embarras, de disputes et de perte de temps. Sans doute, le Conseil constitutionnel invalidera la loi votée par le Parlement, désamorçant un point très important de coalition des colères dont celles des libéraux, jusqu’à présent un soutien sans faille à Emmanuel Macron.

Le 5 août sera donc intéressant selon que le Conseil constitutionnel modifiera à la marge la loi ou bien l’invalidera. De là dépendront les vigueurs des prochaines semaines. Mais même si le Conseil se contentait de corrections périphériques, se poserait toujours la question, de l’anonymat et de la liberté de choix. Quand la IIIe République rendit obligatoire la vaccination des enfants, elle n’y adjoignit aucune sanction, de même tout récemment quand on décida un nouveau paquet de onze vaccins, le gouvernement ne l’assortit d’aucune punition ou menace. Il y a donc une nouveauté dangereuse à stigmatiser le citoyen qui choisit ne pas se faire vacciner : le pouvoir allant très loin, en dispensant les adolescents d’avoir l’autorisation parentale. A la stigmatisation s’ajoute la division des familles au sens large et l’affaiblissement de la fonction parentale au profit de lois coercitives et punitives. Le gouvernement accentue sa pression en alimentant les publicités sur la contagiosité du variant delta sans dire sur sa létalité : les hospitalisés, ont moins de soixante ans, ne sont pas vaccinés…etc. Désormais, dans les rues, les gens s’effraient eux-mêmes. Il n’y a pas si longtemps, on se rentrait dedans, désormais, on se plaque contre le mur pour laisser passer, le masqué fixant furieusement le non masqué. Climat délétère et délation…en devenir.

Pour conclure, la violence de l’extension du passe sanitaire cache la crainte gouvernementale de rétablir des confinements généraux, d’assister à des hôpitaux submergés faute de lits que l’on continue à réduire, alors pour convenir autant à des impératifs d’une doxa économique que de poursuivre la domestication des masses via des policiers, des gendarmes non vaccinés (musée Rolin à Autun) et des consortiums privés, la peur est leur politique du pire qui n’avoue pas son nom. Mais bien plus loin, il y a une autre abdication plus tragique que celle des corps intermédiaires et des élus, celle du  spirituel, des églises chrétiennes, des rabbins, des imams. Un silence qui n’interpelle personne. Le variant à bon dos pour autoriser une telle démission du spirituel, du religieux, selon moi, aussi gravissime que les attentats à l’anonymat et aux libertés humaines. Même l’église ou le lieu de culte n’est plus hospitalier !

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

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