Manuel Valls qui ne sait plus comment rentrer dans la vie politique française après avoir raté son entrée dans celle barcelonaise, a avancé l’idée d’une atomisation de la cité phocéenne, se rappelant qu’alors maire d’Évry il y remarquait les « blancos » en minorité. Chacun appréciera, je reprendrai, seulement un libelle glané sur les réseaux, « il sera dur de faire le monde d’après avec les cons d’avant »....
Marseille draine depuis longtemps une peste, d’abord celle de 1720, une calamité conséquente à l’avidité de quelques marchands trop avides, puis celle royaliste passionnément avant de s’emballer pour la Commune parisienne au point que la IIIe République la placera sous son regard suspicieux, la rangeant comme Paris et Lyon (royaliste puis communarde) sous une législation dite PLM pour les brider. L’incendie du grand bazar en 1938 révélera au grand jour toutes les tracasseries parisiennes à son égard, notamment pour les pompiers !
Marseille est une ville magnifique que j’eus le plaisir de parcourir à pied durant de longues journées : rade splendide, boulevards haussmanniens révélateurs d’une opulence mercantile rappelant les grandes ambitions de Napoléon III…quand malheureusement le Grand cours (aujourd’hui Belsunce), sur un modèle génois, dessiné par Louis XIV , réputé au XVIIIe siècle comme le plus splendide du royaume n’est plus que laideur : on y chercherait en vain les magnificences des hôtels aux architectes moins fameux que Pierre Puget dont sa halle aux poissons est, maintenant, un coupe-gorge. Le quartier du Panier survit drainant également une réputation mauvaise. Et il est vrai que sortant de la gare pour aller jusqu’aux quais principaux, la pauvreté vous saute aux yeux…bien plus que la violence. Le scandale de l’effondrement des immeubles est dans cet ordre. Mais de ce grouillement, se dégage, néanmoins, quelque chose d’attirant, de dépaysant, sans doute est-ce le port avec les flottes ininterrompues depuis sa fondation, de vaisseaux, de marins, d’armateurs, de ruffians et de mercanti, nourrissant, tout autant, une littérature que des légendes, africaines, orientales. C’est magique avec un parfum d’interlope inhérent à tout port.
Aujourd’hui, ce n’est plus Marseille avec le monde mais Marseille tournée vers l’intérieur de ses nouveaux remparts dont le film Bac nord s’est emparé sur un rythme américain !), assez inspiré des séries les rues de San Francisco, de Serpico…etc (toujours copier !), donnant du nord de la cité phocéenne un quotidien flambant la ville. En l’espèce, il s’agit plutôt d’encanailler le bobo sur trottinette, de lui faire revivre ce qu’éprouvaient leurs ascendants bourgeois, notamment à Paris, autrefois sur les « fortifs » avec son cortège de voyous gitons, filles légères et Apaches, sous d’autres noms, sévissaient. Ce souvenir de « cour des miracles » dont François Villon fut le plus ancien poète, se perpétue donc. Il y a peu nous avions « Les misérables » où Emmanuel Macron pleura…. aujourd’hui Bac nord, bien paramétré. Sa sortie (hasard ? l’État finance le cinéma) coïncide avec l’arrivée d’une nouvelle équipe pour un tournage de trois jours de Bac nord, saison 2 (Le Président), produit par JAM (Jeunes Avec Macron) dans un French Netflix où l’acteur principal Emmanuel Macron, se plongera dans le vécu, préludant à d’autres lieux cinématographiques jusqu’en avril 2022 où commencerait, ensuite, un Bac nord, saison 3 (La révélation). Les sifflets, les huées, les quolibets font l’ambiance de ce que sont pour les électeurs présidentiels « une banlieue », un quartier : Emmanuel Macron a sa tirade : I’m Bac, I’m the North Bac…etc. Le mélange vénéneux du En même temps, dont cette présidence a le secret, continue sa production rangeant la Marseille d’antan et leurs maires madrés tel Gaston Defferre, la faconde de Marius, la vengeance froide du comte de Monte-Cristo) la pègre de Borsalino et des combinaisons politiciennes aussi rouées que celles italiennes parmi les comptines….
Cette mise en scène où film et propagande font bad cop/good cop, plante la trame d’une élection présidentielle, sauf événement, sur celle de l’ennui jusqu’à la nausée. Mais justement, une nausée bien utile pour l’actuel à l’Élysée car elle entretient l’abstention, une nausée à laquelle les partis politiques dont la quasi-totalité compatible avec Emmanuel Macron, apportent un rôle éminent. La post-démocratie en marche est celle du parti unique, nom de théâtre, accueillant les auteurs pour que le public croit à une diversité autant dramatique que de comédie. La France poursuit sa lente déconstruction, une thématique si chère au Président au point de la décliner pour une télévision américaine.
Marseille, via un film paramétré donne les trois coups d’une saga présidentielle attristante, jouant bien à contrecœur un rôle à rebours de tous ses trésors, de son passé glorieux : pas de quartier pour le Panier…. ?
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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