À la suite du « camouflet du siècle », Emmanuel Macron a annoncé le rappel pour consultations de nos ambassadeurs aux États-Unis et en Australie et renvoyé la moitié de la cellule diplomatique élyséenne….
Les médias français se gardent bien de proposer aux Français une revue de la presse étrangère laquelle se déchaîne contre nous, nous ridiculise : les Russes nous rappelant l’annulation des Mistral sous la présidence Hollande…Quelques articles critiques de nos éditorialistes bien en cour doivent nous contenter. Par mes sources, j’apprends que nos ingénieurs en Australie (400) ont fait l’objet d’approches attractives de la part des Américains…Cela en dit long !
La première question qui devrait être posée serait : est-il de l’intérêt de la France d’appartenir à l’axe indopacifique tel qu’il se construit entre anglo-américains et japonais ? Fallait-il donc se démener pour obtenir le contrat du siècle auprès des Australiens qui confirmé et acté aurait été notre jeton de présence dans cet axe géostratégique contre la Chine ? A ma connaissance, pas un article là-dessus. Silence radio.
Deuxième question : pourquoi la France a-t-elle limité son seul intérêt à l’obtention d’un contrat en faisant abstraction de la nouvelle place de l’Australie face à la Chine ? L’on sait que Pékin conteste la légitimité des Australiens à occuper ce continent (1788), que ce pouvoir encourage et facilite l’installation de ses compatriotes : aucun problème pour un Chinois de Chine de sortir plusieurs millions en direction de ce continent. Pour Xi Jiping, l’Australie est quasiment aussi importante que Taïwan. Rien d’étonnant d’y voir la solidarité anglo-américaine.
Troisième question : Que pense-t-on à Pékin de l’attitude française et avec elle celle de l’Union européenne ? Face à cet axe indopacifique, est-il bénéfique que l’Union européenne choisisse un camp au lieu d’être ou neutre ou médiatrice ?
Quatrième question : la France est-elle tombée dans un traquenard ?
Cinquième question : nos priorités doivent-elles jamais cesser d’être celles des anglo-américains contre la Russie et la Chine ?
L’ironie de la situation veut que ce fiasco arrive au moment où la France tenait à célébrer sur le sol américain le 240e anniversaire de la victoire navale française sur celle britannique à la Chesapeake (5 septembre 1781) qui entraîna la naissance effective des Etats-Unis. Bêtement l’Elysée fait annuler cette commémoration alors même que nous avions l’occasion splendide de rappeler diplomatiquement aux Américains que sans Louis XVI et les Européens (La ligue des neutres : Catherine II/Vergennes), ils seraient encore des Canadiens méridionaux du Commonwealth !
Hors le champ historique important, il était nécessaire que la France prît des décisions à la hauteur des enjeux : à enjeu géostratégique, réponse géostratégique. En un mot, le rappel de nos ambassadeurs pour consultations valait pour une querelle entre pêcheurs pas ici ! Le Chef de l’Etat par une courte allocution, annoncait que la France se mettait en retrait immédiat de l’OTAN. A un moment, il faut être logique avec ce que l’on est. Puisque nous nous vantons tellement de vivre sous l’aile américaine et que nous veillons à ne jamais ôter leur lunettes sur nos nez et qu’on nous fait un coup de pied de l’âne, répondre fortement et exécuter dans l’heure ce que l’on dit était le seul langage adéquat.
S’en étonne-ton ? Non. Nos gouvernants naviguent à vue ne se préoccupant pas de l’activité des réseaux d’influence dans nos ministères (le Quai d’Orsay/ Integrity Initiative). Le climat général est à la fatalité et à l’aveuglement qui vient de loin.
N’est-ce point un Emmanuel Macron qui a joué un rôle dans la vente d’Alsthom au profit de General electric plaçant, alors nos sous-marins nucléaires, sur le plan des pièces entre des mains qui ne sont plus les nôtres ? L’Union européenne est tout aussi coupable que nous pour ce dédain de la géopolitique, nous entraînant d’ailleurs vers un champs de mines…Où sont les articles sur les conséquences désastreuses de Nicolas Sarkozy opérant le retour de la France dans le commandement intégré otanien ? Rien. Silence politique total. Nos candidats potentiels à la présidentielle, sauf Mélenchon et Asselineau, ne considèrent la géopolitique digne d’intérêt. Mesure-t-on de quel ridicule sera la présidence européenne d’Emmanuel Macron à partir de janvier 2022 qui se gargarisera d’une Europe puissance inexistante ? Ce ne sont pas les quelques contingents militaires rameutés ici et là qui feront la puissance politique !
Le fiasco intervenu en Australie concerne autant la France que l’Union européenne. Bruxelles a tort dans son apathie.
Nos généraux nous le répètent, dernièrement, le général Lecointre mais aussi le très probe Alain Juillet : les périls de différents ordres arrivent vers nous ! Rien n’y fait même si depuis l’évacuation américaine de l’Afghanistan, certains esprits plus à gauche qu’à droite, comme BHL/Nathan Devers (La Régle du jeu) commencent à tenir des propos que l’on ne soupçonnait plus.
Voilà, Emmanuel Macron ou la France en mode….sous-marin !
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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